New French prime minister Michel Barnier delivers a speech during the handover ceremony in Paris, September 5, 2024

Jean Delaunay

Le nouveau Premier ministre français Michel Barnier promet de répondre à la « colère » du peuple

Le président Emmanuel Macron a nommé jeudi Michel Barnier nouveau Premier ministre français, espérant que le négociateur du Brexit et vétéran conservateur pourra travailler avec le parlement amèrement divisé du pays et mettre fin aux troubles politiques qui ont secoué la présidence de Macron.

Michel Barnier a promis de répondre à la « colère » du peuple lors de son premier discours en tant que Premier ministre français.

S’exprimant lors de la cérémonie de passation de pouvoir avec son prédécesseur Gabriel Attal à Paris, Barnier a déclaré que son nouveau rôle se concentrerait sur la résolution d’une série de problèmes provoquant le ressentiment des électeurs français.

« Il s’agira de répondre autant que possible aux défis, à la colère dont vous avez parlé, à la souffrance, au sentiment d’abandon, d’injustice qui traverse, beaucoup trop, nos villes, nos quartiers et nos campagnes », a-t-il déclaré.

Le président Emmanuel Macron a nommé jeudi Barnier Premier ministre, espérant que le vétéran conservateur pourra travailler avec le Parlement amèrement divisé du pays et mettre fin aux troubles politiques qui ont secoué la présidence de Macron.

À 73 ans, Barnier est le plus âgé des 26 Premiers ministres qui ont servi la Cinquième République française moderne.

Il remplace le benjamin, Gabriel Attal, qui avait 34 ans lors de sa nomination il y a seulement huit mois.

C’est un fidèle vétéran du parti de droite récemment rebaptisé Droite républicaine (LR) et il a eu une longue carrière politique en France et dans l’UE, ayant été deux fois commissaire européen et, entre 2016 et 2021, négociateur en chef de l’UE pour le Brexit.

La nomination de Barnier met fin à plus de 50 jours de gouvernement intérimaire en France, mais n’offre aucune garantie d’un retour au calme politique.

L’Assemblée nationale actuelle est divisée en trois blocs : la coalition de gauche NFP (qui a remporté le plus de sièges mais n’a pas obtenu la majorité absolue), le groupe centriste de Macron et le Rassemblement national d’extrême droite.

Et il est confronté à la tâche difficile de devoir travailler avec ce parlement sans majorité absolue, acrimonieux et profondément divisé, issu des élections législatives anticipées convoquées par Macron en juin.

« Avec Michel Barnier à Matignon comme Premier ministre, le président reste clairement au pouvoir. Il n’est pas contesté par son Premier ministre. Le caractère extrêmement modéré et conciliant de son Premier ministre est un plus pour le président, pas forcément pour les Français qui ont voté à gauche et qui se sentent trahis », estime l’analyste politique Dominique Moisi.

Le Premier ministre français sortant Gabriel Attal, au centre gauche, et le nouveau Premier ministre Michel Barnier s'expriment lors de la cérémonie de passation de pouvoir à Paris, le 5 septembre 2024
Le Premier ministre français sortant Gabriel Attal, au centre gauche, et le nouveau Premier ministre Michel Barnier s’expriment lors de la cérémonie de passation de pouvoir à Paris, le 5 septembre 2024

Barnier devra désormais survivre à un vote de confiance à l’Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français.

En choisissant Barnier, Macron aurait inévitablement renforcé la position du Rassemblement national et lui aurait donné le rôle de faiseur de rois, estiment les experts. Mais l’importance de la gauche ne doit pas être négligée si Barnier doit occuper le siège brûlant de Premier ministre.

« Aujourd’hui, on a trois grands acteurs en politique : Macron, Mélenchon et Marine Le Pen. Et il y en a deux qui sont considérés comme des fauteurs de troubles. C’est juste une étape supplémentaire qui contribue à donner plus de crédibilité à l’extrême droite », explique à L’Observatoire de l’Europe Emmanuel Rivière, politologue et expert en sondages.

S’il survit au vote de confiance, le nouveau chef du gouvernement devra se mettre immédiatement au travail : d’abord, la France doit soumettre à l’UE ses propositions de réduction des dépenses publiques d’ici le 20 septembre, mais ce délai peut être prolongé jusqu’en octobre.

Pour se conformer aux règles de l’UE, la France devrait procéder à des réductions d’au moins 30 milliards d’euros en 2025.

Ensuite, un projet de budget pour 2025 doit être présenté au Parlement le 1er octobre, alors que les finances publiques françaises sont dans une situation désastreuse.

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