Les gouvernements doivent intensifier leurs CDN, indique le rapport, tout en soulignant le rôle de l’énergie solaire, éolienne et forestière.
Le monde est en passe de se réchauffer jusqu’à 3,1°C au cours de ce siècle sans des engagements climatiques plus forts de la part des gouvernements du monde entier, selon un nouveau rapport de l’ONU.
C’est plus du double de la limite de 1,5°C fixée par l’Accord de Paris, qui vise à maintenir le monde dans un délai sans danger pour le climat.
Les engagements actuels des pays pour 2030 ne sont pas respectés, selon le dernier rapport sur les écarts d’émissions du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Même si elles étaient remplies, l’augmentation de la température ne serait limitée qu’à 2,6 à 2,8°C.
« L’heure de la crise climatique est arrivée. Nous avons besoin d’une mobilisation mondiale d’une ampleur et d’un rythme jamais vus auparavant – dès maintenant, avant la prochaine série d’engagements climatiques – sinon l’objectif de 1,5°C sera bientôt mort et bien en dessous de 2°C prendra sa place dans l’unité de soins intensifs. », déclare Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE.
« J’exhorte chaque nation : plus de vent chaud, s’il vous plaît. Profitez des prochaines négociations de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, pour intensifier l’action dès maintenant, préparer le terrain pour des CDN plus fortes, puis mettre tout en œuvre pour s’engager sur la voie de 1,5°C.
Limiter le réchauffement climatique à 1,5°C est-il encore possible ?
En d’autres termes, l’écart en matière d’émissions est énorme. Mais il est encore possible de le surmonter avec succès.
Aux termes de l’Accord de Paris, les pays doivent soumettre tous les cinq ans de nouvelles contributions déterminées au niveau national (CDN) montrant comment ils entendent réduire les émissions nationales pour maintenir le réchauffement climatique à 1,5°C.
La prochaine série de CDN est prévue pour février – bien que de nombreux pays, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, aient indiqué que leurs nouvelles CDN seraient annoncées lors de la COP29 ou peu après.
Le PNUE estime que les pays doivent collectivement réduire de 42 % leurs émissions annuelles de gaz à effet de serre d’ici 2030 et de 57 % d’ici 2035, sinon la possibilité de maintenir l’objectif de 1,5°C disparaîtra d’ici quelques années.
L’objectif primordial de l’Accord de Paris est de contenir « l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » et de poursuivre les efforts « pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels ».
Pour rester dans la limite supérieure de 2°C, le PNUE affirme que les émissions doivent diminuer de 28 pour cent d’ici 2030 et de 37 pour cent par rapport aux niveaux de 2019 d’ici 2035 – la nouvelle année marquante à inclure dans la prochaine série de CDN.
« Même si la température mondiale dépasse 1,5°C – et les chances que cela se produise augmente chaque jour – nous devons continuer à lutter pour un monde zéro émission nette, durable et prospère », ajoute Andersen.
« Chaque fraction de degré évitée compte en termes de vies sauvées, d’économies protégées, de dommages évités, de biodiversité préservée et de capacité à faire baisser rapidement tout dépassement de température. »
Comment le monde peut-il rester en dessous de 1,5°C ?
En réduisant les émissions de 31 gigatonnes d’équivalent CO2 en 2030 (environ la moitié de toutes les émissions mondiales en 2023) et de 41 gigatonnes en 2035, il est techniquement possible d’atteindre l’objectif de 1,5°C.
Les énergies renouvelables ont un rôle important à jouer à cet égard. Le rapport du PNUE révèle qu’un déploiement accru de technologies d’énergie solaire et éolienne pourrait générer 27 pour cent du potentiel total de réduction en 2030 et 38 pour cent en 2035.
La protection des forêts, quant à elle, pourrait représenter environ 20 pour cent du potentiel pour les deux années.
Le PNUE met également en avant des opportunités vitales pour améliorer l’efficacité énergétique et passer à des carburants plus propres dans les secteurs du bâtiment, des transports et de l’industrie.
Mais pour parvenir à réaliser ne serait-ce qu’une partie de ces réductions potentielles d’émissions, il faudra une mobilisation internationale « sans précédent », insiste-t-il. Les pays doivent adopter une « approche pangouvernementale » pour poursuivre leurs objectifs climatiques. Et les membres du G20, responsables d’environ 80 pour cent de toutes les émissions, doivent faire le gros du travail.
« Le rapport d’aujourd’hui sur les écarts d’émissions est clair : nous jouons avec le feu, mais nous ne pouvons plus jouer pour gagner du temps », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
« Réduire l’écart en matière d’émissions signifie combler l’écart d’ambition, l’écart de mise en œuvre et l’écart de financement. À partir de la COP29. »