Poland

Jean Delaunay

Le ministère polonais de l’Agriculture émet des « réserves » sur l’accord avec le Mercosur

Alors qu’un accord se profile d’ici la fin de l’année, le ministère polonais de l’Agriculture a publié une déclaration dans laquelle il émet des réserves sur l’accord du Mercosur. Cela devrait plaire à la France, qui est en tête de l’opposition à l’accord.

Le ministère polonais de l’Agriculture a émis des réserves sur l’accord du Mercosur dans une déclaration publique, suggérant que l’accord commercial mettrait en péril son secteur agricole et en particulier celui de la volaille.

« Le ministère de l’Agriculture a de sérieuses réserves quant à l’issue des négociations de la Commission européenne avec les pays du Mercosur », indique le communiqué du ministère.

Bien que l’accord puisse potentiellement apporter des avantages au secteur industriel, au transport maritime et à certains services, l’impact sur l’industrie polonaise de la viande et sur certains autres produits agricoles pourrait être problématique, ajoute la note.

Le ministère polonais de l’Agriculture s’inquiète particulièrement du fait que les importations de volaille dans le cadre du Mercosur touchent durement les agriculteurs polonais.

L’accord entre l’UE et les pays d’Amérique latine – l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay – vise à créer une zone de libre-échange entre les deux blocs en supprimant les barrières commerciales telles que les droits de douane. Les volumes d’échanges sont cependant en cours de négociation pour les secteurs identifiés comme sensibles pour l’une ou l’autre partie, notamment la volaille.

L’accord prévoit actuellement que 180 000 tonnes de volailles importées seront importées sur le marché européen après six ans d’entrée en vigueur progressive de l’accord, selon le ministère polonais. Un responsable de l’UE a déclaré que cela correspondrait à 1,4 % de la production annuelle totale de volaille de l’UE.

Même si les négociations en cours prévoient un système d’alerte en cas de déséquilibre du marché dû à des importations excessives en provenance d’Amérique latine, le mécanisme est « mal adapté » au secteur agricole, a estimé le ministère polonais. « L’activation de ce mécanisme au niveau de l’UE pourrait s’avérer difficile en pratique », ajoute le communiqué.

Cette déclaration fera plaisir à la France, qui a mené l’opposition à l’accord du Mercosur. Depuis le dernier cycle de négociations début octobre, Paris a travaillé dur en coulisses pour rallier les autres Etats membres à sa cause. Elle avait reçu quelques signaux positifs de la Pologne, confirmés ce vendredi.

L’accord a été vivement critiqué par les agriculteurs français, qui craignent la concurrence des produits du Mercosur. Plusieurs manifestations sont attendues cette semaine en France. Aujourd’hui à Bruxelles, le Premier ministre français Michel Barnier tentera de convaincre le commissaire européen au Commerce, Vladis Dombrovskis, de ne pas conclure l’accord.

Les écologistes s’élèvent également contre la nécessité d’inclure des normes environnementales élevées dans le futur accord, comme des règles sur la déforestation.

Les négociations se concentrent actuellement sur l’inclusion d’un mécanisme dans l’accord permettant de le suspendre en cas de violation par l’une ou l’autre des parties de l’accord de Paris sur le climat, dont l’UE veut faire un « élément essentiel » de l’accord, selon le Fonctionnaire de l’UE.

Les pays du Mercosur et la Commission européenne espèrent conclure un accord début décembre lorsque les négociateurs se réuniront en Uruguay.

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