Le mécontentement grandit face à la corruption en temps de guerre en Ukraine

Jean Delaunay

Le mécontentement grandit face à la corruption en temps de guerre en Ukraine

Des dizaines de milliers d’Ukrainiens ont signé une pétition en ligne exigeant la transparence dans les déclarations de patrimoine des fonctionnaires, dans un contexte de mécontentement croissant.

« À l’heure actuelle, cacher ces déclarations aux Ukrainiens revient à dissimuler la corruption généralisée dans le pays », peut-on lire dans le texte publié mercredi.

Mise en ligne sur le site de la présidence dédié aux initiatives citoyennes, la pétition a recueilli plus de 83 000 votes, bien plus que les 25 000 nécessaires pour que le président Volodymyr Zelensky y réponde.

Il lui est demandé de renvoyer le projet de loi au Parlement, en usant de son droit de veto.

En première lecture, le projet de loi visait à rétablir l’obligation pour les fonctionnaires de déclarer immédiatement leurs biens – mais un amendement en deuxième lecture a retardé d’un an le lancement du registre des déclarations après que les députés ont manqué 27 voix pour le faire immédiatement. ouvre-le

Les pétitionnaires, soutenus par des agences non gouvernementales qui luttent contre la corruption, exigent que les fonctionnaires déclarent immédiatement leur patrimoine.

« Les citoyens et les journalistes ont été privés d’un outil de contrôle des décisions des agents de l’État, qui reste la principale garantie contre la corruption », indique la pétition.

Selon une enquête publiée fin juillet par l’Institut international de sociologie de Kiev, 89 % des Ukrainiens considèrent la corruption comme un problème sérieux. C’est même leur principale préoccupation, derrière l’invasion de la Russie.

« C’est un sujet très important en temps de guerre, quand on voit déjà révélés tous les scandales concernant les appartements, les maisons à l’étranger et les voitures de luxe », a déclaré AntAC, une organisation à but non lucratif dédiée à la lutte contre la corruption.

Poussé par l’Union européenne et le G7, le président Zelenskky a pris ces derniers mois des engagements sur ce sujet sensible.

Jeudi, l’eurodéputé Michael Gahler, membre de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, a tweeté que le registre devait ouvrir immédiatement et ne pas être retardé d’un an.

Jeudi également, un ancien allié, le milliardaire Igor Kolomoisky, a été traduit en justice parce qu’il était soupçonné d’avoir détourné des fonds d’une banque qu’il a cofondée.

Et fin août, plus de 200 centres d’enrôlement militaires ont été perquisitionnés pour éradiquer un système permettant aux conscrits de payer pour échapper à l’armée.

Le puissant ministre de la Défense Oleksiï Reznikov a même dû quitter son poste, après plusieurs scandales au sein de son ministère.

Transparency International, l’une des principales organisations non gouvernementales de lutte contre la corruption, classe l’Ukraine au 116e rang sur les 180 États qu’elle surveille en matière de corruption.

Selon son « Baromètre mondial de la corruption », 23 % des utilisateurs des services publics ont payé un pot-de-vin au cours des 12 mois précédents.

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