PARIS — Gouverner la France s’annonce beaucoup plus difficile pour Emmanuel Macron.
Le président français acceptera mardi la démission de son gouvernement, a déclaré un ministre français à L’Observatoire de l’Europe, marquant ainsi le début officiel d’une période de transition durant laquelle l’administration sortante jouera le rôle de gouvernement intérimaire jusqu’à ce qu’un nouvel exécutif soit nommé.
Cette période transitoire n’a jamais duré plus de neuf jours – mais nous vivons une période sans précédent en France.
Le choix des personnes qui occuperont les postes de Premier ministre et de ministre revient au président, qui fait généralement ce qu’il veut lorsque son parti détient la majorité absolue au parlement, ou choisit dans le cas contraire le chef du parti qui contrôle la chambre basse.
Mais le paysage politique fragmenté de la France ne permet pas de savoir clairement qui gouvernera et qui agira comme opposition.
Bien que la coalition de gauche du Nouveau Front populaire ait remporté les élections anticipées de la semaine dernière, elle est loin de détenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale et des fissures commencent à apparaître dans ses rangs quant à la personne qui devrait être proposée au poste de Premier ministre.
Macron n’a pas encore précisé quelle serait sa ligne de conduite, se contentant d’indiquer que, selon lui, « personne » n’a remporté l’élection et qu’un « dialogue sincère et loyal » entre les partis serait nécessaire « pour construire une majorité solide ».
Sous le gouvernement intérimaire, les ministres continueront de traiter les dossiers quotidiens tant que leurs décisions ne nécessitent pas de jugement politique ou ne soulèvent pas de questions juridiques majeures, selon une note interne envoyée aux cabinets ministériels et consultée par L’Observatoire de l’Europe.
Alors que les Jeux olympiques de Paris 2024 débutent dans dix jours, certains membres du gouvernement, notamment les ministres des Sports et de l’Intérieur, devront rester pleinement dévoués à leurs missions.
La période transitoire jette également une incertitude sur le dossier le plus sensible du gouvernement : la loi de finances pour l’année à venir, qui est habituellement discutée à l’automne et devrait être adoptée d’ici fin 2024.
La France est dans le collimateur de la Commission européenne pour dépassement des dépenses en 2023. Bruxelles a officiellement lancé mardi une procédure dite de déficit excessif contre la France, ce qui signifie que le gouvernement devra dans les mois à venir rassurer la Commission en lui soumettant un plan de nouvelles coupes budgétaires.
Cette année, le ministre sortant des Finances Bruno Le Maire a mis en œuvre des coupes budgétaires de plus de 20 milliards d’euros et prévoyait de procéder à des coupes d’au moins le même montant l’année prochaine, en ciblant également les dépenses sociales, réputées généreuses, de la France.
« Nous préparerons des options pour le prochain gouvernement, mais ce sera à lui de décider », a déclaré M. Le Maire à la presse lundi.