Les 39 ministres composant le cabinet récemment dévoilé du Premier ministre français Michel Barnier se concentreront sur la lutte contre la dette du pays et la réduction des niveaux « insupportables » de migration.
Le nouveau gouvernement français, dominé par les conservateurs et les centristes, s’est réuni pour la première fois alors que le Premier ministre Michel Barnier place le budget du pays et les questions migratoires en tête de l’ordre du jour.
Barnier a convoqué lundi matin une réunion avec les ministres nouvellement nommés avant une séance du cabinet dans l’après-midi à l’Élysée, le palais présidentiel de la capitale du pays.
La liste tant attendue des membres du gouvernement a été dévoilée samedi, plus de deux mois après des élections qui ont produit un parlement sans majorité absolue et approfondi les divisions politiques.
S’exprimant dimanche soir lors de sa première interview télévisée depuis la nomination des ministres, Barnier a reconnu qu’un défi majeur pour son gouvernement sera le projet de loi de finances 2025 qui sera débattu au Parlement à partir du mois prochain.
Un « effort national est nécessaire pour redresser la situation » après que la Commission européenne a placé la France sous procédure formelle plus tôt cette année pour accumulation de dette excessive, a déclaré M. Barnier lors de l’émission.
Il a également laissé entendre son intention d’augmenter les impôts des citoyens les plus riches de France.
« Je ne vais pas augmenter encore la pression fiscale sur tous les Français », a promis Barnier, suggérant toutefois que « les plus riches contribuent à cet effort national ».
En juin, la Commission européenne a recommandé à sept pays, dont la France, d’entamer une procédure dite de « déficit excessif ». Il s’agit de la première étape d’un long processus avant que n’importe quel État membre ne soit mis sous tutelle et contraint de prendre des mesures correctives.
Dans son entretien de dimanche, Michel Barnier a également promis de « contrôler et de limiter l’immigration », estimant que le nombre de migrants arrivant en France « est devenu insupportable ».
Il a fait référence aux mesures prises par les pays voisins comme l’Allemagne, qui a ordonné ce mois-ci des contrôles temporaires à toutes les frontières terrestres.
Barnier a été nommé au début du mois, mais son premier grand test politique aura lieu le 1er octobre, lorsqu’il prononcera son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, la puissante chambre basse du Parlement français.
Une coalition de gauche, le Nouveau Front populaire, a obtenu le plus grand nombre de sièges aux élections législatives de juin-juillet, mais n’a pas réussi à obtenir la majorité, divisant l’Assemblée nationale en trois blocs de taille assez égale : la coalition de gauche, les centristes de Macron et l’extrême droite.
Le Nouveau Front populaire n’a pas eu la possibilité de former un gouvernement minoritaire et a refusé de faire des concessions et de rejoindre une alliance gouvernementale plus à gauche.
Barnier a fait valoir que l’accord conclu entre ses alliés conservateurs et les centristes de Macron leur permettrait d’avoir un plus grand soutien à l’Assemblée nationale.
Barnier, un vétéran politique de 73 ans connu pour son rôle de négociateur du Brexit pour l’UE, n’est pas étranger aux tâches politiques complexes.
« Nous ferons des compromis », a-t-il déclaré. « C’est ainsi que j’ai réussi à unir les 27 pays de l’UE lors des négociations sur le Brexit. »
Barnier a également insisté sur le fait qu’il n’y aurait « aucune controverse » entre lui et Macron, bien que tous deux viennent d’horizons politiques différents, car « c’est l’intérêt du pays ».