Pedro Souto, director of MOTELX, at the presentation of this year

Jean Delaunay

Le festival du film MOTELX remplit Lisbonne de frissons, d’émotions fortes et de peurs

Ce mardi s’ouvre le festival qui, pour les amateurs du genre, est devenu synonyme d’horreur. Parmi les nouveautés de cette année, une rétrospective de films interdits par la censure au Portugal.

MOTELX, qui démarre ce mardi et amène l’horreur à Lisbonne pendant une semaine, atteint sa maturité avec cette 18e édition. C’est une étape qui rend fier Pedro Souto, l’un des fondateurs et directeurs (avec João Monteiro) de ce festival 100% dédié au cinéma d’horreur, qui attire de plus en plus de spectateurs au cinéma São Jorge. Non seulement le public a augmenté, mais aussi le nombre de films portugais dans les différentes sections : « Au fil des ans, nous avons reçu plus de 1 000 films portugais », explique Souto. « Si, au cours des premières années, l’offre de cinéma portugais était résiduelle, elle a commencé à croître très fortement, surtout à partir de la troisième année, lorsque le prix du meilleur court-métrage portugais a été créé », ajoute-t-il.

Au cours des 18 années d’existence de MOTELX, nous avons reçu plus de 1 000 films portugais.

Pedro Souto

Directeur de MOTELX

Le festival s’ouvre avec Ne dis pas de mal (États-Unis), par James Watkins, un remake de le film danois qui est sorti de l’édition 2022 de MOTELX avec le premier prix, et se termine par Le surfeur (Australie/Irlande), réalisé par Lorcan Finnegan et avec Nicolas Cage dans le rôle principal.

Si nous ne parlions pas d’un festival d’horreur, Souto met en avant un « pentagramme » composé de cinq films : le thriller glaçant du réalisateur allemand Tilman Singer, Coucou, se déroulant dans une station des Alpes pleine de sombres secrets, avec Hunter Schafer, actrice de la série « Euphoria » ; le film canadien Dans une nature violentepar Chris Nash, Singularitéqui vient d’Irlande de Damian McCarthy et promet beaucoup de frayeurs, ainsi que MaXXXine par Ti West (USA). Et enfin, mais pas des moindres, La substanceun film d’horreur corporel de la réalisatrice française Coralie Fargeat, avec Demi Moore et Margaret Qualley dans les rôles principaux. Le film a remporté le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes cette année.

En plus de ce qui précède Singularitécinq autres longs métrages participeront à la principale section compétitive du festival, où ils concourront pour le Méliès d’Argent du meilleur film d’horreur européen. Le vainqueur sera admis à la compétition pour le Méliès d’Or, qui sera décerné au festival de Sitges le mois prochain.

La piscine du diable (Autriche/Allemagne), par Veronika Franz et Severin Fiala, Fréwaka (Irlande), par Aislinn Clarke, Dans le magasin Toten (Allemagne) par Ayse Polat, Planète B (France/Belgique), d’Aude Léa Rapin avec Adèle Exarchopoulos dans le rôle principal, et Elle aimait les fleurs (Grèce/France) de Yannis Veslemes complètent les nominés au Méliès d’Argent.

Du Room Service au Lost Room… des rubriques pour tous les goûts

Mais c’est dans la section ‘Room Service’**, dédiée aux films venus des quatre coins du monde et présentée hors compétition, que l’on retrouve certains des films les plus attendus de cette année.

Un autre moment fort de la direction du festival est le film le plus récent et le plus inattendu des frères américains David et Nathan Zellner, Coucher de soleil sur Sasquatch (produit par Ari Aster, réalisateur de Héréditaire et Mi-été), un portrait étrange et rigoureux de la vie quotidienne d’une famille de créatures. Également en première au Portugal Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, d’Ariane Louis-Seize (Canada) et de la coproduction anglo-américaine Ton monstre, par Caroline Lindy.

Dans la section « Quarto Perdido », consacrée à l’horreur portugaise, le point culminant est Une faute (1980), film qui a marqué les débuts au cinéma du compositeur et chef d’orchestre António Victorino D’Almeida (présence garantie à la projection) et l’un des premiers exemples de fiction sur la guerre coloniale après le 25 avril. Le voyage à travers la filmographie de genre du pays fait une autre étape Comme Desventuras de Drácula Von Barreto nas Terras da Reforma Agrária (Les mésaventures de Dracula Von Barreto dans les terres de la réforme agraire) (1977), un court métrage développé par la Cellule Cinéma du PCP.

En hommage à la révolution

Puisque nous parlons de la période révolutionnaire au Portugal, il est impossible de ne pas évoquer l’édition 2024 sans mentionner la Pour le bien de la nation section consacrée aux films interdits par la censure au Portugal avant la révolution du 25 avril 1974, avec laquelle le festival a voulu célébrer le 50e anniversaire. Les organisateurs nous présentent un lot de cinq films réalisés dans les années 1960 et 1970, certains avec une forte connotation érotique, comme l’italien Il Demonio (1963), réalisé par Brunello Rondi.

La programmation reflète la bonne santé du cinéma de genre au Portugal et dans le monde. Pour Pedro Souto, « la tendance est cyclique et nous sommes dans un cycle de popularité du cinéma d’horreur, grâce en grande partie au box-office américain ». « Mais indépendamment de ce que fait Hollywood, le cinéma indépendant produit chaque année un bon nombre de films de genre, et les festivals existent aussi pour faire connaître ces films plus difficiles d’accès », ajoute-t-il. Un rôle que MOTELX assume à nouveau cette année, comme il le fait depuis 2007.

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