Some of the activists from Youth for Climate and XR scaled the Pierre-Bénite plant buildings on Friday.

Milos Schmidt

« Le cœur du problème » : pourquoi des centaines de militants ont pris d’assaut une usine chimique permanente à Lyon

L’usine de Pierre-Bénite a déjà été ciblée, alors que les préoccupations sanitaires locales grandissent.

Des centaines de militants pour le climat ont pris d’assaut une usine « pour toujours chimique » à Lyon, en France, ce week-end.

Les entreprises de combustibles fossiles et leurs bailleurs de fonds sont les cibles les plus habituelles d’Extinction Rebellion et de Youth For Climate, les groupes à l’origine de la manifestation de samedi 2 mars.

Mais ce n’était pas la première fois que le géant français de la chimie Arkema recevait des visiteurs indésirables dans son usine de Pierre-Bénite, au sud de la ville.

Alors que le public est de plus en plus sensibilisé aux PFAS – des produits chimiques toxiques qui persistent indéfiniment dans l’environnement – ​​les militants multiplient les actions contre les fabricants.

Que s’est-il passé à l’usine Arkema de Lyon ?

Samedi après-midi, plus de 400 militants d’Extinction Rebellion Lyon et de Youth for Climate Lyon ont fait irruption sur les lieux pour procéder à ce que ces derniers qualifient d’« inspection citoyenne ».

Un communiqué d’Arkema décrit l’intrusion de « plusieurs centaines de militants militants ».

Vêtus de combinaisons dangereuses et divisés en plusieurs groupes, certains militants ont tenté d’arrêter les machines de l’usine. D’autres ont escaladé le bâtiment pour y déposer des banderoles visibles depuis l’autoroute A7, tandis qu’un autre contingent bloquait les portes d’accès au site.

Les militants affirment avoir mené une "inspection citoyenne et garantir que les machines mettant en danger l'environnement et la santé humaine soient arrêtées."
Les militants affirment avoir procédé à une « inspection citoyenne et veiller à ce que les machines mettant en danger l’environnement et la santé humaine soient arrêtées ».

Youth for Climate décrit l’action comme une journée « portes ouvertes » ou « Portes Entr’ouvertes » – ouvrant le site en abattant les clôtures tout en construisant un mur pour empêcher les livraisons.

« Avec ces gestes, les militants ont repensé l’entreprise telle qu’elle devrait être aujourd’hui : fermée et ouverte pour mettre fin à la grave pollution qu’elle provoque, (tout en autorisant) les enquêtes… », affirme le groupe.

Huit militants ont été arrêtés, selon un rapport de l’agence de presse AFP hier.

Pourquoi les militants sont-ils entrés par effraction dans l’usine chimique ?

« A l’heure où le site industriel est au cœur de la problématique de contamination des eaux, de l’air et des sols par les PFAS de la région sud lyonnaise, les militants réclament l’assainissement des zones touchées, l’application réelle des mesures de précaution. principe et l’indemnisation des dommages subis par les salariés, les résidents et les agriculteurs », déclare Youth for Climate.

La pollution par les PFAS dans la Vallée du Rhône est bien documentée. Plusieurs industriels sont présents dans cette zone proche de Lyon, ce qui lui vaut le surnom de « Vallée de la Chimie ». Mais les militants soulignent le rôle démesuré d’Akema, qui produit des PFAS depuis 1967.

Selon un rapport de décembre 2022 de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD), 3,5 tonnes de PFAS sont rejetées chaque année dans le fleuve depuis au moins 2011.

Les militants ont également peint une fresque sur les berges du Rhône, dans le centre de Lyon, représentant un représentant d'Arkema versant du PFAS dans l'eau d'une mère qui allaite.
Les militants ont également peint une fresque sur les berges du Rhône, dans le centre de Lyon, représentant un représentant d’Arkema versant du PFAS dans l’eau d’une mère qui allaite.

En novembre 2022, suite à une enquête médiatique et à un arrêté officiel, Arkema a mis en place sur le site de Pierre Bénite un système de filtration destiné à réduire de plus de 90 % ses rejets d’additifs fluorés.

Mais les habitants craignent que le mal soit déjà fait. Plus de 200 000 personnes pourraient être touchées par la pollution, selon l’ONG française Notre Affaire à Tous. Les habitants craignent que des niveaux élevés de contamination sanguine par PFAS puissent être à l’origine de certains cas de cancer.

Cependant, une plainte déposée par Notre Affaire à Tous, en collaboration avec des syndicats et 47 « victimes » de produits chimiques éternels contre Arkema l’année dernière, a été rejetée par les tribunaux.

« Face à la pollution causée par l’entreprise et à son impunité, des militants se sont mobilisés », déclare Youth for Climate.

Arkema fait-il vraiment le ménage ?

Dans le cadre de la « transition écologique », Arkema affirme que le site de Pierre-Bénite se transforme désormais pour répondre à la demande de nouveaux matériaux nécessaires aux batteries Lithium-ion.

Elle continue de produire des produits chimiques fluorés – des gaz fluorés Forane et du polyfluorure de vinylidène Kynar (PVDF), un polymère spécialisé – destinés à diverses industries, notamment la construction, la climatisation et les produits pharmaceutiques.

Youth For Climate est préoccupé par les projets d’Arkema d’augmenter la capacité de production de PVDF de 50 pour cent au cours des prochaines années.

« Les militants sont également venus avec une grande question, raconte le groupe : depuis combien de temps Arkema sait-il que les produits qu’il utilise et rejette dans le Rhône sans aucune considération sont dangereux ?

En réponse à la protestation de samedi, le directeur du site, Pierre Clousier, a déclaré : « Nous condamnons un tel acte, qui non seulement perturbe gravement le travail de plus de 500 employés, mais peut également mettre en danger les employés et les manifestants, compte tenu de l’activité industrielle du site. , classée SEVESO (substance dangereuse).

« Nous tenons à remercier la police et les équipes internes pour leur sang-froid et leur professionnalisme qui ont permis d’éviter que la situation ne dégénère. En décembre 2022, notre site était déjà visé et nous avons porté plainte, et nous le ferons encore cette fois-ci ».

L’entreprise affirme également que l’usine sera en mesure de fabriquer ses produits sans utiliser d’additifs fluorés d’ici fin 2024.

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