The Sanofi logo is seen at the Vivatech show in Paris, France. 15 June 2022.

Jean Delaunay

Le blocage de l’accord avec Sanofi est toujours « sur la table », déclare le ministre français

La potentielle vente d’Opella, qui produit les analgésiques Doliprane, provoque des maux de tête en France.

La possibilité que la France bloque un accord entre Sanofi et la société américaine de capital-investissement CD&R est une option « absolument sur la table ».

C’est ce qu’a déclaré mardi le ministre français de l’Industrie, Marc Ferracci, à la radio France Inter.

« Si les engagements ne sont pas acceptés, nos lois nous donnent la possibilité de bloquer la vente », a déclaré Ferracci.

« Nous avons deux priorités extrêmement claires. La première est la santé des Français, donc la sécurité d’approvisionnement en médicaments. La deuxième est de préserver ce que nous appelons l’empreinte industrielle de la France, en préservant l’emploi mais aussi la recherche et le développement en France. »

Sanofi a annoncé vendredi dernier négocier la vente partielle de sa filiale de santé grand public, Opella, pour environ 15 milliards d’euros.

Selon les conditions proposées, Sanofi conserverait une participation de 50 %, tandis que l’autre moitié pourrait revenir à la société de capital-investissement CD&R.

Opposition sur tout le spectre politique

Opella est surtout connue pour son paracétamol de marque, le Doliprane, le médicament le plus vendu en France.

Les opposants à l’accord avec CD&R craignent que la vente ne mette non seulement en péril les emplois français, mais laisse également le pays vulnérable à des pénuries de médicaments – comme cela a été le cas pendant la pandémie.

« La vente fragmentaire de la France se poursuit », a écrit sur X le président d’extrême droite du Rassemblement national, Jordan Bardella.

« Les risques pour notre souveraineté sanitaire et pour l’emploi sont importants : il serait impensable que l’Etat laisse cela se produire », a-t-il ajouté.

A l’autre bout de l’échiquier politique, le chef du Parti communiste français, Fabien Roussel, a qualifié la vente de « honteuse ».

Un groupe d’une soixantaine de députés centristes et conservateurs a entre-temps envoyé vendredi une lettre ouverte au ministre français des Finances, Antoine Armand, appelant à une intervention de l’État dans la vente.

Les assurances du gouvernement

En visite vendredi à l’usine de paracétamol de Sanofi à Lisieux, Armand a déclaré aux journalistes que l’État allait lancer une étude d’investissement dans le projet de vente.

Une option, a-t-il suggéré, serait que le gouvernement rachète une participation dans Opella et influence ainsi les décisions en tant qu’actionnaire.

Certains se demandent également pourquoi Sanofi n’a pas davantage réfléchi à une offre alternative de PAI, un groupe français de capital-investissement.

Même si cela permettrait d’atténuer certaines inquiétudes concernant la souveraineté, PAI a fait cette offre dans le cadre d’un consortium.

Au sein de ce consortium, il est minoritaire parmi les investisseurs étrangers comme le GIC de Singapour et l’Abu Dhabi Investment Authority.

La production restera-t-elle en France ?

Interrogé lundi sur un éventuel accord, le président français Emmanuel Macron a laissé entendre que la production resterait en France malgré la présence d’un acteur étranger.

« Je distinguerais deux choses : l’activité en France et la détention du capital », a-t-il argumenté.

« En ce qui concerne la détention du capital, le gouvernement dispose des instruments nécessaires pour garantir la protection de la France. C’est donc le rôle du gouvernement de s’en occuper. »

En 2020, Macron a souligné l’importance de ramener la production de paracétamol en France, car Sanofi s’approvisionne toujours en principe actif du paracétamol en Asie.

En 2026, la société pharmaceutique française Seqens espère commencer à fabriquer cet ingrédient sur son territoire.

Néanmoins, certains craignent que la France ne double ses engagements en matière de production de médicaments à terre.

« Depuis la pandémie de Covid-19, les discussions en France ont été favorables au concept de relocalisation et d’investissement dans la capacité industrielle de l’UE », a déclaré Elizabeth Kuiper, directrice associée et responsable du programme Europe sociale et bien-être à l’European Policy Centre. a déclaré à L’Observatoire de l’Europe.

« Du point de vue de l’UE, la Commission a souligné l’importance de renforcer les chaînes d’approvisionnement mondiales en médicaments fondées sur la diversification et la nécessité d’une sécurité économique fondée sur les principes d’ouverture des marchés. »

Elle a ajouté qu’à son avis : « Le gouvernement français semble se concentrer davantage sur les conditions de l’accord plutôt que de le bloquer ».

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