L’activité économique de la zone euro s’est contractée en septembre et la baisse de la demande a atténué les pressions inflationnistes. Ces éléments plaident en faveur d’une baisse des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) en octobre, jugée nécessaire pour stimuler la croissance.
Le secteur privé de la zone euro a connu une baisse plus marquée que prévu en septembre, entrant en territoire de contraction avec une chute à des niveaux observés pour la dernière fois en janvier, selon les enquêtes préliminaires de l’indice des directeurs d’achat (PMI).
L’indice PMI composite pour l’ensemble de la zone euro est passé de 51,2 à 48,9, manquant les attentes des économistes qui tablaient sur 50,6.
Après une relance de l’activité économique en août grâce aux Jeux olympiques, la production du secteur privé français a rechuté en septembre, rejoignant ainsi l’Allemagne, où le rythme de baisse a été le plus prononcé depuis février.
Les secteurs des services et de la fabrication ont tous deux sous-performé, mettant en évidence les défis croissants auxquels sont confrontées les entreprises de l’ensemble du bloc.
L’activité manufacturière a chuté de 45,9 à 44,8, sa plus forte contraction depuis décembre 2023, prolongeant sa tendance récessionniste à un 27e mois consécutif. L’activité des services a également stagné, passant de 52,9 à 50,5, en dessous des 52,1 attendus et marquant son rythme le plus lent depuis février.
Le ralentissement de l’activité économique dans la zone euro a été provoqué par une baisse des nouvelles commandes, une diminution des arriérés de travail et une baisse de la confiance. En conséquence, les entreprises ont supprimé des emplois pour le deuxième mois consécutif, le rythme des licenciements atteignant son plus haut niveau depuis août 2020.
Toutefois, la faiblesse de la demande a contribué à atténuer les pressions inflationnistes en septembre, augmentant la probabilité de nouvelles baisses de taux par la Banque centrale européenne (BCE).
« La zone euro se dirige vers la stagnation. Compte tenu du déclin rapide des nouvelles commandes et du carnet de commandes, il ne faut pas beaucoup d’imagination pour prévoir un nouvel affaiblissement économique », a déclaré le Dr Cyrus de la Rubia, économiste en chef de la Hamburg Commercial Bank.
L’économiste a noté que le ralentissement de l’inflation des prix des intrants et des extrants ouvre la porte à une éventuelle baisse des taux de la BCE dès octobre.
La France rejoint l’Allemagne parmi les pays à la traîne de la zone euro
Le secteur privé français a connu une forte baisse en septembre, marquant sa plus faible contraction en huit mois, l’effet de la relance olympique s’étant dissipé. L’indice PMI des services français s’est fortement inversé, passant de 55 points en août, son plus haut niveau depuis mai 2022, à 48 en septembre, son plus bas niveau depuis mars.
« C’est une triste réalité : la forte croissance de l’économie française observée en août s’est évaporée en septembre. La situation reste morose et les entreprises industrielles manquent d’optimisme. Les commandes en provenance d’Amérique du Nord et de marchés européens clés comme l’Allemagne sont particulièrement touchées », a déclaré le Dr Tariq Kamal Chaudhry, économiste à la Hamburg Commercial Bank.
Le Dr Chaudhry a ajouté que sur le plan politique, la situation demeure instable après les élections anticipées et la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, sans majorité parlementaire claire pour faire passer les réformes économiques indispensables.
Réactions des marchés : baisse de l’euro et des rendements obligataires
Le sentiment du secteur privé de la zone euro, plus faible que prévu, a déclenché des réactions négatives sur les marchés européens lundi.
L’euro perdait 0,7% face au dollar à 10h25 (heure d’Europe centrale), passant sous la barre des 1,11 points. Les rendements des obligations européennes ont chuté à la suite de cette nouvelle, les rendements des obligations allemandes ayant chuté de 15 points de base.
Sur les marchés actions, l’indice italien FTSE MIB a sous-performé, en baisse de 0,7%, suivi du CAC 40 français, en baisse de 0,3%.
L’Euro STOXX 50 est resté stable, tandis que le DAX allemand a enregistré une légère hausse de 0,2 %.
Les banques ont été parmi les plus durement touchées, les actions de Commerzbank ayant chuté de plus de 5% et celles d’Unicredit de près de 2% après que le gouvernement allemand a annoncé qu’il conserverait pour le moment sa participation dans le prêteur.
L’annonce a pesé sur le secteur, Société Générale chutant de 2,9%, BNP Paribas de 2,2%, ING Group de 1,7%, BBVA de 1,7%, Banco Santander de 1,4% et Deutsche Bank de 1,3%.