A man walks past a Euro sign in the hallway of the European Central Bank in Frankfurt, Germany,

Jean Delaunay

L’activité du secteur privé de la zone euro chute en juillet : la reprise est-elle déjà terminée ?

L’activité du secteur privé de la zone euro a chuté en juillet, atteignant son plus bas niveau depuis cinq mois. L’indice PMI composite est tombé à 50,1, signalant une quasi-stagnation et suscitant des inquiétudes quant à la dynamique de la reprise.

L’activité du secteur privé dans la zone euro a connu une baisse plus forte que prévu en juillet, atteignant son plus bas niveau depuis cinq mois et jetant des doutes sur la dynamique de la reprise pour la seconde moitié de l’année.

Les données préliminaires de l’enquête PMI (Purchasing Managers’ Index) indiquent une quasi-stagnation du secteur privé de la zone euro en juillet. L’indice composite PMI est passé de 50,9 en juin à 50,1 en juillet, son niveau le plus bas depuis février et inférieur aux 51 attendus.

Cette baisse est attribuée à un ralentissement de la croissance des services et à une aggravation de la contraction du secteur manufacturier. L’indice PMI des services est passé de 52,8 à 51,9, son plus bas niveau depuis quatre mois, ce qui ne correspond pas aux attentes d’une hausse à 53. L’indice PMI manufacturier a légèrement diminué, passant de 45,8 à 45,6, contrairement aux prévisions d’une hausse à 46,1, marquant ainsi le point le plus bas pour le secteur manufacturier depuis décembre 2023.

La quasi-stagnation de l’activité économique s’est traduite par un affaiblissement de la demande. Les nouvelles commandes ont chuté pour le deuxième mois consécutif et la confiance des entreprises a atteint son plus bas niveau depuis six mois, ce qui a conduit les entreprises à suspendre les initiatives d’embauche lancées plus tôt dans l’année.

L’inflation des coûts des intrants s’est accélérée, mais la faiblesse de la demande a obligé les entreprises à augmenter leurs prix de vente plus lentement, le rythme d’inflation des frais étant à son plus bas niveau depuis octobre dernier.

Cyrus de la Rubia, économiste en chef de la Hamburg Commercial Bank, a commenté : « Est-ce la période de calme estival ? On a un peu l’impression que c’est le cas, car l’économie de la zone euro n’a pratiquement pas bougé en juillet.

« Selon des données anecdotiques, les prestataires de services français ont augmenté leur activité commerciale en juillet en raison de la préparation des Jeux olympiques. En revanche, la demande du secteur manufacturier allemand semble avoir tiré vers le bas la production globale du secteur privé », a-t-il ajouté.

De la Rubia a suggéré que la faible croissance pourrait renforcer les arguments en faveur d’une baisse des taux par la Banque centrale européenne (BCE) en septembre.

Les difficultés économiques de l’Allemagne, les Jeux Olympiques au secours de la France

L’Allemagne et la France, les deux plus grandes économies de la zone euro, ont continué à sous-performer la région dans son ensemble, bien qu’avec des différences notables.

L’indice PMI composite allemand est tombé à 48,7 en juillet, contre 50,4 en juin, son plus bas niveau depuis mars et en deçà des 50,7 attendus. La croissance des services a ralenti, l’indice PMI passant de 53,1 à 52. L’indice PMI manufacturier est passé de 43,5 à 42,6, marquant le 24e mois consécutif de contraction pour le secteur.

« Cela ressemble à un problème sérieux. L’économie allemande est retombée en territoire de contraction, entraînée par une chute brutale et spectaculaire de la production manufacturière », a déclaré M. de la Rubia.

« Le problème le plus important qui pèse sur le secteur manufacturier allemand est la perte croissante de parts de marché mondiales des constructeurs automobiles et de machines allemands au profit de leurs concurrents chinois. Malheureusement, ce problème est là pour durer », a-t-il ajouté.

L’indice PMI composite de la France s’est légèrement amélioré, passant de 48,8 à 49,5, ce qui indique une contraction moins prononcée. Cette amélioration est portée par le secteur des services, qui a renoué avec la croissance, l’indice PMI passant de 49,6 à 50,7, stimulé par les préparatifs des Jeux olympiques.

Norman Liebke, économiste à la Hamburg Commercial Bank, a déclaré : « Les Jeux olympiques stimulent l’économie française. L’activité commerciale des prestataires de services français a augmenté pour la première fois depuis trois mois. Selon certaines informations, cela est en partie dû aux Jeux olympiques. En outre, les entreprises ont fait état d’une production plus élevée en raison de la fin de la période électorale, ce qui a donné lieu à davantage de certitudes. »

Si la France semble bien partie pour une reprise au second semestre, tirée par le secteur des services, l’inflation reste un défi, comme l’a souligné Liebke. La hausse des coûts des matières premières a fait grimper les prix des intrants, entraînant la hausse la plus rapide des prix de vente depuis trois mois.

Réactions du marché

Après avoir reculé de 0,3% mardi, l’euro a continué de baisser mercredi matin, le taux de change euro-dollar étant en baisse de 0,2% à 1,0830.

L’euro s’est également affaibli face au yen japonais, chutant de 0,7%, marquant la quatrième séance négative consécutive pour la paire euro-yen.

Les rendements des obligations d’État de la zone euro ont baissé dans leur ensemble, avec des mouvements importants sur les échéances les plus courtes, reflétant les attentes accrues des investisseurs concernant des baisses de taux de la part de la Banque centrale européenne.

En Allemagne, le rendement à 2 ans a baissé de 5 points de base à 2,72 %, se dirigeant vers sa clôture la plus basse depuis la mi-février 2024. Le rendement du Bund a chuté de 4 points de base à 2,42 %.

Les actions de la zone euro ont été fortement impactées, l’Euro STOXX 50 chutant de 1% à 10h30 CET. Le CAC 40 français a été le moins performant des États membres, en baisse de 1,7%, en raison des pertes importantes des géants du luxe LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton, Kering et Hermes International, qui ont respectivement chuté de 5%, 3,3% et 2%.

L’indice allemand DAX a baissé de 1%, la Deutsche Bank ayant chuté de plus de 6% après que la banque a averti de la pression continue exercée par son exposition à l’immobilier commercial.

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