La victoire surprise de Macron ne signifie pas qu'il formera bientôt un gouvernement

Martin Goujon

La victoire surprise de Macron ne signifie pas qu’il formera bientôt un gouvernement

PARIS — Les partisans d’Emmanuel Macron ont peut-être remporté une bataille, mais la guerre pour le contrôle du gouvernement français ne fait que commencer.

Jeudi, les alliés de Macron au Parlement se sont associés aux députés du groupe politique de droite La droite républicaine pour réélire le président de l’Assemblée nationale française, le quatrième plus haut fonctionnaire du pays.

Cela a suscité l’espoir dans le camp du président que – malgré sa défaite face à une coalition de gauche lors des élections législatives plus tôt cet été – le parti de Macron pourrait encore émerger comme un faiseur de roi et même avoir une chance de diriger le prochain gouvernement français.

Vendredi, la droite républicaine, officiellement enregistrée comme groupe d’opposition, n’a pas tardé à jeter un froid sur ces attentes.

« Nous n’allions pas élire un communiste à la tête de l’Assemblée nationale », a déclaré vendredi sur Europe 1 la députée de la droite républicaine Annie Genevard, expliquant pourquoi elle avait choisi de voter pour Yaël Braun-Pivet, alliée de Macron, plutôt que pour le député communiste André Chassaigne.

« Nous avons été élus comme opposants à Emmanuel Macron, au sein d’une droite indépendante. Cela n’a aucun rapport. »

D’autres partis à l’Assemblée nationale ont décrit la réélection de Braun-Pivet comme une prise de pouvoir antidémocratique après la première place aux législatives du Nouveau Front populaire, une large coalition de gauche qui a du mal à rester unie depuis sa victoire aux élections.

Le compromis entre les partis est rare dans la politique française, mais la gauche ayant terminé avec trop peu de sièges pour atteindre une majorité absolue lors du scrutin anticipé, elle était toujours vulnérable à une sorte de coalition parmi ses adversaires.

Le chef de file des socialistes Olivier Faure a qualifié l’élection d’un allié de Macron après les défaites du parti du président aux élections européennes et législatives de « comble du déni de démocratie ».

Un autre point de controverse fut la participation des ministres du cabinet à l’élection de Braun-Pivet.

Alors que les ministres ne sont normalement pas autorisés à voter à l’Assemblée nationale, les 17 membres du gouvernement sortant ont tout de même pris part au scrutin, leur démission ayant été formellement acceptée et ils assurent désormais l’intérim. Braun-Pivet a finalement battu Chassaigne de 14 voix.

« On voit comment Macron verrouille le pouvoir », a déclaré vendredi la députée écologiste Sandrine Rousseau à la chaîne française TF1, ajoutant que l’alliance de gauche envisageait d’engager des poursuites judiciaires concernant la participation des ministres. Les experts sont en désaccord sur la constitutionnalité du fait que les ministres aient voté.

Le parti d’extrême droite Rassemblement national a critiqué cette mesure, le député Jean-Philippe Tanguy la qualifiant de « proche d’une corruption du pouvoir ».

Les observateurs de la politique française ne s’attendent pas à ce qu’un gouvernement soit formé dans un avenir proche. « L’Europe continue de vivre avec une France ‘en suspens’ », a déclaré Armin Steinbach, professeur d’économie et de droit de l’Union européenne à HEC Paris.

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