Les autorités tunisiennes ont refusé l’entrée à cinq membres de la commission des affaires étrangères du Parlement européen (AFET), qui devaient entamer jeudi une mission officielle dans le pays.
Dans une lettre adressée à la délégation de l’Union européenne à Tunis, le ministère tunisien des Affaires étrangères a indiqué que la délégation du Parlement ne serait « pas autorisée à pénétrer sur le territoire national ».
La commission des affaires étrangères du Parlement a condamné la décision des autorités tunisiennes et a exigé une « explication détaillée ».
« Cette conduite est sans précédent depuis la révolution démocratique de 2011 », a déclaré le comité dans un communiqué.
La visite de la délégation visait à évaluer la situation politique actuelle en Tunisie après que sa mission d’enquête en avril de cette année ait révélé « un recul politique sur les normes démocratiques et les droits de l’homme » dans le pays.
Il devait également évaluer l’accord controversé sur les migrations récemment signé entre l’UE et la Tunisie. Les cinq députés européens devaient rencontrer des ONG, des syndicats et des dirigeants de l’opposition, mais n’ont pas réussi à obtenir de rencontres avec le gouvernement tunisien.
Les députés européens qui se rendront en Tunisie sont les Allemands Michael Gahler du Parti populaire européen (PPE) et Dietmar Köster des Socialistes et Démocrates, ainsi que les eurodéputés français Salima Yenbou de Renew Europe, Mounir Satouri des Verts et Emmanuel Maurel de La Gauche.
Cette décision fait suite à un débat houleux lors de la session plénière du Parlement européen mardi, au cours duquel les législateurs ont critiqué l’accord migratoire controversé entre l’UE et la Tunisie.
Au cours du débat, Satouri, l’un des députés européens qui participeront à la mission, a déclaré que les actions de l’UE signifiaient qu’elle était « prise en otage par des régimes autoritaires ».
« Chaque fois que vous confiez la gestion des frontières à des dictateurs, vous nous rendez vulnérables », a-t-il déclaré.
Les députés ont constamment critiqué l’accord UE-Tunisie pour ne pas reconnaître les preuves croissantes du traitement abusif des autorités tunisiennes envers les migrants subsahariens, notamment les refoulements illégaux, la haine raciale et les violations des droits de l’homme.
Ils ont également critiqué la Commission européenne pour avoir côtoyé le président tunisien Kaïs Saïed, qui a adhéré aux complots d’extrême droite selon lesquels les migrants comploteraient pour modifier la composition démographique du pays.