La Nouvelle-Zélande envisage de taxer les agriculteurs pour les rots et les flatulences de leur bétail – et cela provoque une puanteur à l’approche des élections générales de samedi.
L’économie néo-zélandaise repose sur l’agriculture, qui compte environ 10 millions de bovins et 25 millions de moutons, soit sept fois plus de bétail que d’habitants dans le pays.
Comme beaucoup d’autres dans le monde, le gouvernement de Wellington s’est engagé à lutter contre le changement climatique et un peu moins de la moitié des émissions de la Nouvelle-Zélande proviennent de l’agriculture.
Comme le bétail est le principal coupable, avec ses rots et ses pets contenant du méthane, le plan est de mettre un prix sur les émissions agricoles – en taxant en fait les rots et les pets du bétail.
Les agriculteurs seraient imposés en fonction de la taille de leurs terres, du nombre de têtes de bétail qu’ils possèdent, de leur production globale et de leur utilisation d’engrais azotés.
De nombreux agriculteurs craignent cependant que ces prix nuisent à leurs bénéfices et menacent leurs moyens de subsistance.
Quel pourrait être le montant de la « taxe sur les rots » ?
L’Irish Examiner a cité un calcul préparé par des experts du ministère américain de l’Agriculture, en utilisant une approche de modélisation de l’ONG Beef + Lamb New Zealand Ltd.
Il montre que la taxe « rot » coûterait à une grande ferme laitière typique du pays plus de 11 000 € par an, le prix du méthane étant de 0,067 € par kg. Le calcul inclut de nombreuses réductions incitatives sur les actions et technologies de réduction des émissions, mais sans celles-ci, le prélèvement pourrait atteindre 52 000 € par an.
La taxe sur le rot pourrait-elle fortement influencer les élections ?
Et ce sujet pourrait bien être un sujet important à considérer lors des élections législatives de samedi pour les quelque 85 000 électeurs employés dans l’agriculture.
« Je pense que cela aura un impact sur la façon dont les communautés agricoles rurales voteront à cette élection », a déclaré à l’AFP Kate Wyeth, une éleveuse de moutons et de bœufs près de la capitale Wellington, sur l’Île du Nord.
« En particulier, quel que soit le parti – ou le groupe de partis – qui cherche à donner au secteur agricole le temps d’adapter les nouvelles technologies qui ne sont même pas encore disponibles », a-t-elle ajouté.
Le plan proposé doit encore être approuvé par le Parlement avant que le système fiscal puisse entrer en vigueur en 2025 au plus tôt. Cependant, le parti d’opposition de centre-droit National a déclaré qu’il repousserait ce projet jusqu’en 2030 s’il était élu.
Wyeth a déclaré que des technologies doivent être développées – par exemple, des aliments donnés au bétail qui réduisent les émissions de méthane – pour empêcher les agriculteurs de penser que leur seul choix est de réduire le nombre de têtes de bétail.
La réduction des émissions pourrait-elle être financièrement bénéfique ?
« Nous sommes l’un des principaux pays agricoles au monde et les émissions agricoles représentent la moitié de la pollution totale que nous rejetons dans l’atmosphère chaque année », a déclaré à l’AFP James Shaw, le ministre du Changement climatique du pays.
La réduction des émissions pourrait bénéficier aux agriculteurs néo-zélandais en attirant des acheteurs étrangers prêts à payer plus pour des produits agricoles durables, a déclaré Shaw.
« Il existe un juste milieu entre une baisse des émissions, une baisse de la pollution et des bénéfices plus élevés pour les exploitations agricoles », a-t-il ajouté.
Le Washington Post a cité un modèle gouvernemental qui suggère que les revenus des moutons et de la viande bovine chuteraient d’environ 20 % d’ici 2030, ce qui entraînerait la faillite de nombreuses exploitations agricoles.