C’est le rendez-vous de tous les amateurs de films classiques et le seul du genre au monde. Le Marché International du Film Classique (MIFC), organisé par le Festival Lumière de Lyon, s’est progressivement positionné à l’avant-garde de la restauration cinématographique.
« Le marché est un lieu de renaissance du cinéma », estime Anaïs Desrieux, chargée de projet de la 11e édition du Marché international du film classique.
Son objectif est de mettre en contact la plus grande diversité de professionnels en un seul lieu pour que les projets de restauration de films réussissent. Ayants droit, distributeurs, laboratoires de restauration, diffuseurs TV, plateformes… Toute la chaîne de l’industrie cinématographique classique est représentée pour opérer la magie.
« Ici, nous présenterons des projets qui viennent d’être restaurés ou qui ont un projet de restauration à réaliser et qui recherchent des partenaires », partage Desrieux.
Et il fonctionne.
Prenez le classique « Vie privée » de Louis Malle de 1962, avec Brigitte Bardot et Marcello Mastroianni. Invisible depuis 20 ans, le public va pouvoir à nouveau en profiter sur grand écran grâce au MIFC.
« Grâce au marché, nous avons pu libérer les droits et entamer sa restauration avec des partenaires l’année dernière. Et il a été réédité dans les salles françaises cet été », explique Jérôme Soulet, directeur du catalogue de Gaumont.
Une envergure européenne et mondiale
Le marché international ne se limite pas à la France. Il accueille un nombre impressionnant de 500 professionnels provenant d’une trentaine de pays différents. Chaque année, le marché international met un pays à l’honneur.
« L’Europe est au cœur de nos préoccupations, et la Suède a été choisie cette année », précise Gérald Duchaussoy, directeur des programmes du MIFC. « C’est un pays qui s’est lancé dans de magnifiques travaux de restauration comme celui d'(Ingmar) Bergman, montré dans le monde entier. »
Pour le directeur de la Cineteca di Bologna, le marché est un événement à ne pas manquer à l’agenda.
« Grâce aux rencontres que nous avons faites à Lyon, nous avons pu restaurer des films hongrois et des films argentins considérés comme perdus. »
« Pour restaurer un film, plusieurs énergies doivent se croiser et se rassembler », souligne-t-il.
Grâce à leur réseau, ces amateurs professionnels de films classiques parviennent à des accords sur la répartition de la facture, car lancer des travaux de restauration est une entreprise coûteuse.
« Cela peut aller jusqu’à 80 000 €, voire plus si le film est très endommagé. Les films peuvent être longs, ce qui fait encore augmenter la facture à la fin, selon l’état du film », explique Laurent Cormier, directeur du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).
« C’est pourquoi il est important de réunir plusieurs partenaires et de bien planifier l’opération », ajoute-t-il.
Restauration pour augmenter la visibilité
La restauration est une condition essentielle pour redonner vie aux films classiques, un processus absolument nécessaire à la croissance de l’industrie.
« Il est absolument essentiel que la qualité du film soit optimale afin d’attirer un public plus large sur ce marché de niche », explique la directrice du Marché international du film classique, Juliette Rajon.
« C’est très important de montrer que ce cinéma existe, qu’il a existé. C’est en faisant cela que nous créerons de la demande », renchérit Moïra Chappedelaine-Vautier, productrice de cinéma indépendante qui projette à Lyon le film restauré de son père « Marée noire et Colère rouge ».
Mais au-delà des affaires, le directeur du Centre national du cinéma et de l’image animée, Laurent Cormier, souligne l’importance du marché pour conserver la mémoire et la transmettre aux générations futures.
« Il s’agit de pouvoir transmettre l’héritage qui nous a fait rêver étant enfants. Il n’y a aucune raison pour qu’ils n’aient pas accès à ce que nous avions.