Prime minister Viktor Orban arrives in Brussels for an EU summit on 27 June, just days before Hungary took over the rotating EU Council presidency

Jean Delaunay

La présidence hongroise veut relancer le débat sur la déréglementation des OGM

L’industrie agrotechnologique craint que l’assouplissement prévu de la réglementation pour les plantes génétiquement modifiées de nouvelle génération ne soit retardé de plusieurs années par la décision de la Hongrie de rouvrir le débat sur la question de savoir si elles doivent être traitées comme des cultures équivalentes aux cultures conventionnelles.

La Hongrie a remis en question une proposition visant à traiter une nouvelle génération de cultures génétiquement modifiées comme équivalente aux souches produites par sélection conventionnelle, alors qu’elle cherche à rouvrir un dossier politique controversé de l’UE dans les premiers jours de son mandat de six mois à la présidence des négociations intergouvernementales.

Alors que la présidence du Conseil de l’UE de Bruxelles a été jusqu’à présent marquée par la colère suscitée par les voyages impromptus du Premier ministre Viktor Orbán à Moscou et Pékin, le personnel diplomatique à Bruxelles a discrètement inscrit une proposition de révision des règles de l’UE sur les cultures génétiquement modifiées (GM) à l’ordre du jour d’une réunion des délégués nationaux le 19 juillet.

Dans un document de discussion daté du 3 juillet et consulté par L’Observatoire de l’Europe, la présidence hongroise constate une « impasse » qui s’est développée entre les États membres depuis que la Commission européenne a proposé l’année dernière une déréglementation de certains types de cultures génétiquement modifiées.

Le règlement sur les nouvelles techniques génomiques permettrait une réglementation légère d’une nouvelle catégorie de cultures créées en modifiant la séquence d’ADN d’un organisme à l’aide de techniques qui n’étaient pas disponibles lorsque la directive OGM existante, qui exige des contrôles et une surveillance de sécurité stricts, a été adoptée il y a plus de 20 ans.

La Belgique a été sur le point de parvenir à une position de compromis sur la proposition, cherchant à éliminer un retard législatif avant de céder les rênes à la Hongrie, mais a échoué lors de la dernière tentative en raison de préoccupations persistantes quant à la brevetabilité de ces nouveaux produits végétaux, ce qui, selon les critiques, pourrait conduire à des monopoles et limiter le choix des agriculteurs.

Les militants anti-OGM ont salué un nouveau délai qui, selon eux, donnerait le temps aux législateurs de discuter des aspects plus larges de l’évaluation des risques et d’examiner un avis de l’ANSES, l’organisme français de réglementation de la santé et de la sécurité alimentaire, qui s’est prononcé contre le traitement des produits NGT comme équivalents aux cultures issues de méthodes conventionnelles.

Il semble désormais que ce délai pourrait être encore plus long, car la Hongrie cherche à rouvrir le débat sur l’équivalence, en faisant valoir qu’une évaluation basée uniquement sur le nombre et la taille des modifications génétiques pourrait ne pas être suffisante pour établir le risque posé par un nouveau produit génétiquement modifié par rapport à une culture conventionnelle ayant un long historique de sécurité.

Parmi les autres points du document hongrois, dont la plupart ont été soulevés à un moment ou à un autre au cours de l’année de négociations écoulée, figurent des préoccupations allant de l’étiquetage et de l’identification des usines NGT aux exportations et à la compatibilité de la déréglementation proposée avec le Protocole de Carthagène sur la biosécurité de l’ONU.

Alors que la Hongrie cherche à rouvrir le débat, l’Autorité européenne de sécurité des aliments a publié hier (10 juillet) une évaluation très attendue de la proposition française, dans laquelle elle conclut que les plantes présentant des modifications génétiques dans les limites proposées pour les plantes de « catégorie 1 » pourraient apparaître spontanément ou par mutation aléatoire.

« Il est donc scientifiquement justifié de considérer les plantes NGT de catégorie 1 comme équivalentes aux plantes sélectionnées de manière conventionnelle en ce qui concerne la similitude des modifications génétiques et la similitude des risques potentiels », a écrit l’EFSA.

L’avis scientifique du régulateur européen a été utilisé par les partisans de la déréglementation comme un argument supplémentaire pour étayer leur position selon laquelle les cultures NGT ne sont pas les mêmes que les OGM, où un gène est transplanté d’une espèce à une autre. Petra Jorasch, responsable de la défense de l’innovation à l’association professionnelle Euroseeds, a déclaré que la réouverture du débat sur l’équivalence pourrait faire reculer le débat politique de cinq ans.

« Nous considérons l’approche du document (hongrois) comme une tentative de ralentir l’adoption de la proposition et l’avancement vers une réglementation adaptée aux objectifs et fondée sur la science, refusant l’accès du secteur agricole aux avancées de l’innovation en matière de sélection végétale », a déclaré Jorasch à L’Observatoire de l’Europe.

Eva Corral, militante de Greenpeace, a vivement critiqué l’EFSA pour un avis qui, selon elle, n’est pas en phase avec les conclusions des agences environnementales autrichienne et allemande UBA et BfN.

« L’avis de l’EFSA contredit les agences nationales européennes, dont l’Anses en France, qui alertent sur les risques potentiels des nouveaux OGM pour la santé humaine et l’environnement et demandent que tous les nouveaux OGM soient soumis à des contrôles et à une surveillance de sécurité. »

Le Parlement européen a déjà arrêté sa position sur la réforme de la réglementation sur les OGM et attend un accord intergouvernemental avant que le processus puisse avancer.

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