La Commission européenne a donné mardi son feu vert au plan révisé pour la reprise et la résilience de la Pologne, d’un montant de près de 60 milliards d’euros.
Le nouveau plan polonais pour la reprise et la résilience (RRF) combine 34,5 milliards d’euros de prêts à faible taux d’intérêt et 25,3 milliards d’euros de subventions, qui devraient être décaissés en plusieurs tranches au cours des prochaines années.
La révision prend en compte RePower EU, le plan du bloc visant à réduire considérablement les importations de combustibles fossiles et à accélérer la transition verte, présenté après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le plan FRR initial de la Pologne s’élevait à 35,4 milliards d’euros.
Malgré la révision à la hausse, l’argent reste strictement lié aux conditions imposées l’année dernière, également connues sous le nom de « super jalons ».
Ces conditions visent à réparer les dommages causés par la refonte judiciaire introduite en 2019 par le parti Droit et Justice (PiS), qui a modifié les relations entre les tribunaux et a habilité la chambre disciplinaire de la Cour suprême à sanctionner les magistrats en fonction du contenu de leurs actes. verdicts, notamment en levant leur immunité.
Toutefois, la nouvelle évaluation positive de la Commission inclut la possibilité de débloquer 5,1 milliards d’euros de préfinancement avant la fin de l’année, à condition que les 27 États membres donnent leur accord. Cette tranche n’est notamment pas liée aux « jalons », elle pourrait donc être débloquée en quelques semaines.
S’ils étaient débloqués, les 5,1 milliards d’euros représenteraient le premier versement de fonds de relance pour la Pologne, qui a été jusqu’à présent incapable de puiser dans la réserve commune de 750 milliards d’euros du bloc en raison d’inquiétudes persistantes concernant l’indépendance judiciaire et la séparation des pouvoirs.
Les échanges entre Bruxelles et le gouvernement d’extrême droite de Varsovie se sont déroulés pendant des mois à la vue du public et ont atteint la Cour de justice européenne (CJCE). Dans un jugement rendu en juin, le tribunal a déclaré que la réforme controversée de la Pologne portait atteinte au droit d’accès à un système judiciaire indépendant et impartial, le annulant ainsi.
Il appartient en fin de compte au gouvernement polonais d’introduire les changements juridiques nécessaires pour modifier un régime disciplinaire que la CJCE considère comme incompatible avec le droit de l’UE. En fait, deux des trois étapes imposées par Bruxelles pour débloquer le reste de l’argent répondent directement au différend. La Pologne doit :
- Réformer le régime disciplinaire des juges et le remplacer par un nouvel organe.
- Examiner les cas des juges concernés par la chambre disciplinaire.
- Et permettez l’utilisation d’Arachne, un outil informatique qui prend en charge les activités anti-fraude.
La Commission n’évaluera les progrès réalisés par Varsovie que lorsque le gouvernement soumettra une demande de paiement. (Les 5 milliards d’euros de préfinancement sont exclus.)
Aucun décaissement « n’est possible tant que la Pologne n’a pas rempli de manière satisfaisante ces trois ‘super-étapes' », a indiqué la Commission dans un communiqué de presse.
Selon l’exécutif, près de la moitié des réformes et des investissements que la Pologne s’est engagée à entreprendre dans le cadre de son plan de relance de 60 milliards d’euros ont une dimension verte, avec des mesures sur l’efficacité énergétique, la mobilité durable et les énergies renouvelables.
Le timing de la décision de la Commission n’est pas passé inaperçu, car il coïncide avec le retour potentiel de Donald Tusk au poste de Premier ministre polonais et le départ de Droit et Justice après huit ans au pouvoir.
Lors des élections générales organisées le mois dernier, la Plateforme civique (KO) de Tusk et deux autres partis d’opposition ont remporté plus de 54 % des voix et obtenu une majorité de 248 sièges au Sejm, la chambre basse du Parlement, qui compte 460 sièges. .
Tusk a fait du déblocage des fonds de relance l’une de ses principales priorités. Mais sa nomination dépend du président Andrzej Duda, qui ne lui a pas encore confié la formation d’un gouvernement de coalition.