La Lituanie va accorder des passeports spéciaux aux Biélorusses face aux craintes de répression

Jean Delaunay

La Lituanie va accorder des passeports spéciaux aux Biélorusses face aux craintes de répression

Vilnius a eu du mal à élaborer une politique cohérente à l’égard de sa population d’exilés biélorusses ces derniers mois.

Les Biélorusses vivant en Lituanie pourront obtenir des documents de voyage spéciaux, après avoir été privés du droit de renouveler leur passeport à l’étranger par Minsk.

Le ministère lituanien de l’Intérieur a fait cette annonce lundi, en offrant de tels passeports aux exilés biélorusses qui ont le droit de vivre en Lituanie, mais qui ne disposent pas de documents de voyage.

Cette décision pourrait apporter un soulagement limité aux plus de 58 000 citoyens biélorusses vivant dans ce petit pays balte.

Il permettra à ses titulaires de quitter et d’entrer en Lituanie, qui partage une frontière de 679 km avec la Biélorussie, même si de nombreuses questions subsistent quant à la manière dont le document fonctionnera dans la pratique et s’il sera accepté par d’autres pays.

Minsk – un fervent partisan de la Russie – a annoncé la semaine dernière que ses ambassades ne délivreraient plus de passeports aux citoyens vivant de manière permanente à l’étranger, portant un coup dur à la communauté des expatriés biélorusses en Europe.

Cette interdiction pourrait contraindre ceux qui ont fui la répression en Biélorussie à revenir chez eux pour renouveler leurs documents de voyage, où ils pourraient être arrêtés.

Les forces de sécurité biélorusses ont réprimé des manifestations antigouvernementales massives entre 2020 et 2021, déclenchées par la réélection du président Alexandre Loukachenko, largement considérée comme frauduleuse.

Plus de 35 000 personnes ont été arbitrairement détenues durant cette période, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. Beaucoup ont été victimes de violences, de menaces, de mauvais traitements et de conditions de détention inhumaines.

La Lituanie a ouvert ses portes à ceux qui fuyaient les violences, mais a depuis changé de position à l’égard des citoyens biélorusses.

En mars, les législateurs lituaniens ont proposé de manière controversée d’interdire aux ressortissants biélorusses de demander un visa ou de prolonger leur permis de séjour.

Franak Viačorka, un homme politique de l’opposition biélorusse, a critiqué cette décision sur L’Observatoire de l’Europe en août, affirmant que « Poutine et Loukachenko veulent le vieux rideau de fer entre la Biélorussie et l’Europe ».

« Le régime peut alors commettre des atrocités en toute impunité. »

On estime que 200 à 300 000 Biélorusses ont quitté le pays au cours des trois dernières années depuis le mouvement de protestation massif, une grande partie se dirigeant vers la Pologne et la Lituanie voisines.

L’une d’elles est Sviatlana Tsikhanouskaya, une figure politique de l’opposition qui a fui vers Vilnius après que Loukachenko ait revendiqué la victoire lors du vote contesté de 2020.

« Même si votre passeport expire, vous ne devez pas retourner dans votre pays d’origine si vous risquez d’être persécuté », avait-elle prévenu plus tôt.

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