La gauche française est à nouveau divisée.
Une partie de la gauche française est embarrassée par l’appel du radical Jean-Luc Mélenchon à destituer le président Emmanuel Macron, montrant que l’alliance de gauche française n’est pas aussi solide qu’elle le prétend.
Cette nouvelle prise de bec au sein de l’alliance du Nouveau Front populaire, arrivée en tête des élections anticipées le mois dernier, est une bonne nouvelle pour le camp Macron, qui espère bénéficier d’une opposition fragmentée.
Au cours du week-end, Mélenchon — fondateur du mouvement La France insoumise — et ses garde rapprochée a de nouveau appelé Macron à nommer Lucie Castets au poste de Premier ministre. Castets est la candidate favorite de l’alliance de gauche qui rassemble le parti de Mélenchon, les socialistes, les verts et les communistes.
Mais cette fois, ils ont ajouté une menace.
Si Macron ne cède pas à leurs demandes, le Parlement devrait lancer une procédure de destitution car « le refus de reconnaître une élection législative et la décision de l’ignorer constituent une violation répréhensible des exigences élémentaires du mandat présidentiel », écrit Mélenchon dans une tribune publiée dans La Tribune et cosignée par des poids lourds du parti comme Manuel Bompard et Mathilde Panot.
Contrairement à ce qu’affirme Mélenchon, la procédure de destitution a très peu de chances d’aboutir, selon les experts, notamment parce qu’elle devrait être approuvée par les deux tiers des députés des deux chambres du Parlement français.
Mais cette proposition a eu au moins un effet pratique : affaiblir l’aile gauche et mettre ses divisions sous les projecteurs.
Les autres partis ont rapidement rejeté l’appel de Mélenchon. Même l’entourage du candidat au poste de Premier ministre Castets a pris ses distances avec la menace de destitution, déclarant à L’Observatoire de l’Europe qu’il s’agissait « d’une initiative de la France insoumise, pas de Lucie ».
Lundi, jour de l’anniversaire de Mélenchon, la cheffe de file des Verts, Marine Tondelier, a rejeté l’appel à la destitution et mis en garde contre le risque que la « polyphonie de gauche ne devienne une cacophonie ».
Alors que le chef de file des socialistes Olivier Faure a également pris ses distances avec l’appel à la destitution de Mélenchon, certains au sein de son parti mettent de plus en plus en garde contre les positions extrêmes du mouvement La France insoumise.
La querelle autour du projet de destitution a relancé les querelles internes après que les trois partis ont réussi à trouver une certaine unité en se ralliant derrière Castets comme candidat commun au poste de Premier ministre. Les trois partis devaient se rendre ensemble en tant que force politique commune aux consultations que Macron tiendra vendredi à l’Elysée pour former un nouveau gouvernement.
Mais cette unité est aujourd’hui en danger. « Si les Insoumis n’abandonnent pas cette idée, nous ne pourrons pas aller ensemble à l’Elysée voir un président dont ils réclament la destitution », a déclaré Hélène Geoffroy, à la tête d’un groupe minoritaire au sein des socialistes.
Pendant ce temps, les alliés de Macron se frottent les mains, espérant capitaliser sur les divisions parmi leurs adversaires de gauche.
« Cela ne les renforce pas », a déclaré vendredi à l’Elysée une source proche du président français, qui a requis l’anonymat pour s’exprimer à visage découvert. « Quand on est en désaccord sur quelque chose d’aussi essentiel que la Constitution, comment peut-on imaginer gouverner ensemble ? »
Par le passé, Macron a implicitement rejeté la possibilité que Castets devienne Premier ministre et a plutôt appelé à une alliance plus large incluant son propre camp.
La politique française a été mise en suspens pendant les Jeux olympiques de Paris : le pays n’a toujours pas de gouvernement plus d’un mois après la démission du Premier ministre sortant Gabriel Attal et de ses ministres. Ils restent en place sous forme de gouvernement intérimaire. Un ministre sortant a prédit que le nouveau gouvernement pourrait être nommé après les Jeux paralympiques, qui se déroulent à Paris jusqu’au 8 septembre.