People walk around to banner reading

Jean Delaunay

La France fête les 10 ans de Charlie Hebdo et six personnes sont jugées pour un deuxième attentat

Six hommes sont jugés pour une attaque au couteau perpétrée en 2020 devant les anciens bureaux de Charlie Hebdo, cinq ans après les attentats meurtriers de 2015.

Six hommes seront jugés lundi pour trois semaines pour leur implication dans une attaque au couteau qui a blessé deux personnes devant les anciens locaux du journal satirique Charlie Hebdo en septembre 2020.

L’attaque s’est produite cinq ans après que deux extrémistes islamistes ont pris d’assaut les bureaux du journal avec des fusils d’assaut en 2015, tuant 12 personnes, dont huit membres du personnel du journal.

Les deux frères d’origine française, Chérif et Saïd Kouachi, ont revendiqué les caricatures offensantes publiées chaque semaine du prophète Mahomet comme justification de cet acte. Les frères Kouachi, radicalisés au début des années 2000 et affiliés à Al-Qaïda, ont été tués lors d’un accrochage avec la gendarmerie nationale dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële après avoir fui les lieux à Paris.

Quelques jours plus tard, Amedy Coulibaly a invoqué sa loyauté envers le groupe terroriste dit État islamique avant de tuer une policière par balle et de prendre d’assaut un supermarché casher juif Hyper Cacher à Paris. Coulibaly a tué quatre otages avant de mourir dans une fusillade policière.

Dix ans plus tard, le président français Emmanuel Macron et la maire de Paris Anne Hidalgo commémoreront les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en 2015 à travers une série d’événements à Paris. D’autres cérémonies de commémoration sont prévues à travers le pays en mémoire des victimes et des séries de meurtres qui ont ébranlé la nation.

Quelques jours après les attentats consécutifs de janvier 2015, 4 millions de Français ont défilé en solidarité, tandis que le slogan « Je suis Charlie » est devenu viral dans le monde entier sur les réseaux sociaux.

14 complices des attentats de 2015

Zaheer Mahmood, qui est jugé pour avoir porté le couperet à viande lors de l’attaque de 2020, ne savait pas que Charlie Hebdo avait déménagé après janvier 2015, lorsqu’il a perpétré l’attaque.

Il a visé deux individus qui se trouvaient devant les anciens bureaux du journal pendant leur pause cigarette, mais qui ne travaillaient pas pour Charlie Hebdo. Les deux victimes ont survécu.

En décembre 2020, un tribunal de Paris a reconnu 14 personnes coupables de complicité dans les attentats de 2015. A la veille du procès, qui s’est ouvert en septembre 2020, Charlie Hebdo a réédité les caricatures du prophète Mahomet qu’il avait publiées en 2015, aux côtés des photos des collaborateurs assassinés et de la légende « Tout ça, pour ça ».

L’hebdomadaire français a fait l’objet de vives critiques pour ce qui a été qualifié à plusieurs reprises de manque de respect inacceptable à l’égard de la figure sainte de la religion.

En Algérie, des milliers de manifestants ont envahi les rues de la capitale Alger, dénonçant les caricatures du prophète Mahomet dans les semaines qui ont suivi l’attaque de 2015.

Charlie Hebdo a également été critiqué pour d’autres caricatures : en 2016, les autorités locales de la ville italienne d’Amatrice ont poursuivi le journal satirique en justice pour « diffamation aggravée » après avoir montré les victimes d’un tremblement de terre dans la ville qui a fait près de 300 morts. Des plats italiens et leur sang comme sauce pour pâtes.

Liberté d’expression

Lors d’interrogatoires de police, l’agresseur de 2020 Zaheer Mahmood a évoqué l’un des dessins du prophète Mahomet, republié dans Charlie Hebdo début septembre 2020, comme étant à l’origine de sa « colère ».

Le matin de l’attaque, il avait déclaré : « Ici, aujourd’hui, vendredi 25 septembre, je vais aller me révolter contre ça », dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux.

Charlie Hebdo s’est longtemps targué de défendre la liberté d’expression et ses positions contestataires. Sa satire irrévérencieuse vise depuis longtemps les politiciens, les religions organisées et l’extrémisme.

Bougies « Je Suis Charlie » en souvenir des attentats de 2015.

Dans un numéro spécial de 32 pages qui sera publié mardi pour commémorer le massacre de 2015, la publication se décrit comme « indestructible », réaffirmant son engagement en faveur de la liberté d’expression et de l’humour.

« La satire a une vertu qui nous a aidé à traverser ces années tragiques : l’optimisme. Qui a envie de rire, on a envie de vivre. Le rire, l’ironie et la caricature sont des expressions de l’optimisme », a déclaré Laurent Sourisseau, dit « Riss », le caricaturiste. et directeur de publication.

« Quoi qu’il arrive, dramatique ou heureux, l’envie de rire ne disparaîtra jamais », a ajouté Riss, un survivant des attentats de 2015.

Mahmood fait face à des accusations de meurtre terroriste, tandis que les cinq autres accusés sont accusés de complot terroriste criminel, selon des documents consultés par le média français France Info. Trois des hommes, tous pakistanais, avaient moins de 18 ans en 2020, ce qui signifie que le procès doit se dérouler devant un tribunal pour mineurs.

Bien que Mahmood n’ait prêté allégeance à aucun groupe terroriste spécifique, les enquêteurs ont révélé son intérêt pour les vidéos de Khadim Hussain Rizvi, fondateur du parti islamiste Tehreek-e-Labbaik Pakistan. Le parti de Rizvi soutient les lois controversées du pays sur le blasphème, qui prévoient la peine de mort pour toute insulte à l’Islam et au prophète Mahomet.

Laisser un commentaire

13 + 9 =