À l’approche de 2024, la deuxième économie européenne devra probablement faire face à de nombreuses tempêtes avant que son économie atteigne un point de stabilité.
Le récent projet de loi controversé sur l’immigration créera de nouveaux défis pour la France, qui doit remédier à sa pénurie de main-d’œuvre tout en faisant face à la menace d’une prise en main des affaires par l’extrême droite.
L’industrie manufacturière française s’est détériorée vers la fin de l’année et, compte tenu du niveau actuel d’incertitude géopolitique, sa reprise ne sera pas douce. Les niveaux d’endettement extraordinaires dans les principales économies du monde constituent également un risque pour la France, confrontée à la menace d’un budget d’austérité qui a un impact direct sur la santé financière des ménages et des consommateurs.
Pénurie de main d’œuvre/projet de loi sur l’immigration
La pénurie de main d’œuvre est l’un des défis les plus courants du secteur économique en France. Selon un rapport de la Commission européenne publié en juillet 2023, les pénuries « devraient persister dans les professions hautement qualifiées et peu qualifiées, en raison de la création de nouveaux emplois et de la nécessité de remplacer les travailleurs qui partent à la retraite ».
Une solution au problème consiste à s’appuyer sur la main-d’œuvre migrante dont la contribution peut se traduire par des gains économiques et budgétaires nets et positifs.
Cependant, les hommes politiques du Parlement français ont approuvé récemment une législation en faveur d’un contrôle strict de l’immigration. Le projet de loi a principalement obtenu le soutien du Rassemblement national (RN) et a également été adopté par la chambre basse. Cette décision s’avère être l’un des défis les plus graves en matière d’emploi des migrants afin de surmonter les pénuries de main-d’œuvre.
Montée de l’extrême droite
Alors que le soutien aux groupes d’extrême droite augmente partout en Europe, l’ampleur du problème en France semble particulièrement forte. L’assassinat par la police, en juin dernier, d’un jeune Français de 17 ans d’origine algérienne dans la banlieue de Nanterre, a été suivi de diverses manifestations et émeutes impliquant des membres d’extrême droite. Il semble qu’il existe une forte tendance au sein de la population à soutenir les idées extrémistes initiées par les groupes d’extrême droite.
En raison du mécontentement généralisé à l’égard du gouvernement du président Emmanuel Macron, l’extrême droite gagne en force à l’approche de 2024. Le parti de Marine Le Pen semble prêt à remporter des sièges lors des élections parlementaires qui auront lieu en juin en raison de la hausse de l’inflation et de la crise persistante du coût de la vie.
Déclin du secteur manufacturier
Le secteur manufacturier français est resté faible tout au long de l’année, s’enfonçant davantage fin 2023. Si la production reste au même niveau, il existe la possibilité d’une « récession technique » au sein du secteur.
L’indice des directeurs d’achats du HCOB France, établi par S&P, enregistre 45,7 points en décembre. Ces points s’avèrent meilleurs que l’estimation de 44,3 points malgré la hausse de 0,3 points évaluée le mois précédent.
En raison de divers facteurs tels que le déclin de la production, la détérioration des activités d’achat, les pressions sur les capacités et la baisse de la production, le secteur pourrait être confronté au chômage et à une spirale descendante.
Budget d’austérité
Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé que la France serait confrontée à un « budget d’austérité » en 2024. S’adressant aux médias, il a révélé qu’après avoir exclu toute hausse d’impôts pour les ménages, le budget prévoyait 16 milliards d’euros d’économies pour réduire le déficit à 4,4% de la production économique cette année. Par ailleurs, le budget comprenait 7 milliards d’euros dédiés à la transition verte et au zéro émission de carbone.
Le ministre des Finances a semblé négliger les fléaux des mesures d’austérité et a plutôt mis l’accent sur la croissance économique en déclarant : « Ce budget représente un effort notable et constitue la première étape sur la trajectoire d’un plan ambitieux visant à redresser nos finances publiques ».
Si la France continue de fonctionner avec des coûts d’emprunt en hausse et un ralentissement de la croissance, il est alors fort possible qu’elle se retrouve cette année avec l’un des déficits budgétaires les plus importants d’Europe.
La zone euro dans son ensemble continuera probablement à ressentir l’impact d’un ralentissement économique mondial, comme en témoigne l’indice PMI mondial compilé par S&P Global Market Intelligence, qui a encore baissé en décembre, prolongeant le ralentissement à 22 mois.
L’indice PMI des nouvelles commandes à l’exportation s’est établi à 48,3 en décembre contre 48,5 en novembre. L’économie française, comme les autres économies européennes, devra être vigilante tout au long de l’année 2024 afin de stabiliser l’économie. Ce sera une année difficile à venir.