In this Feb. 23, 2009 file photo, labor union members shout slogans during a protest in Point-a-Pitre, French Caribbean island of Guadeloupe.

Milos Schmidt

La France envoie une force anti-émeute interdite en Martinique alors que des milliers de personnes défient l’interdiction de manifester

De violentes manifestations ont éclaté sur l’île la semaine dernière en raison du coût élevé de la vie, et des coups de feu ont blessé au moins six policiers et un civil.

La France a envoyé un groupe de policiers spéciaux anti-émeutes, interdits depuis 65 ans, sur l’île française de la Martinique, dans les Caraïbes, où des manifestants se sont rassemblés malgré l’interdiction par le gouvernement des manifestations dans certaines parties de l’île.

Les forces de l’ordre sont arrivées ce week-end après que le représentant local du gouvernement central français a déclaré dans un communiqué que les manifestations étaient interdites dans les communes de Fort-de-France, Le Lamentin, Ducos et Le Robert jusqu’à lundi. Le gouvernement a également décrété un couvre-feu.

Ces restrictions ont été imposées après les violentes manifestations qui ont éclaté sur l’île la semaine dernière en raison du coût élevé de la vie, au cours desquelles des coups de feu ont blessé au moins six policiers et un civil. La police a lancé des gaz lacrymogènes et des responsables gouvernementaux ont déclaré que plusieurs magasins avaient également été pillés.

Les autorités ont indiqué que ces interdictions visaient à « mettre un terme aux violences et aux dégradations commises lors des rassemblements, ainsi qu’aux nombreuses entraves à la vie quotidienne et à la liberté de circulation qui pénalisent l’ensemble de la population, notamment le week-end ».

Mais cette mesure a été accueillie avec défiance par de nombreux habitants de l’île, qui ont organisé des manifestations pacifiques massives samedi soir. Des vidéos diffusées par les médias locaux montrent des milliers de personnes marchant pacifiquement le long des autoroutes pendant la nuit, frappant sur des tambours et agitant des drapeaux.

Alors que les manifestations se poursuivaient sans violence, des forces de police anti-émeute françaises sont arrivées sur l’île et ont séjourné dimanche dans un hôtel de Fort-de-France. On ignore pour l’instant combien d’hommes ont été envoyés.

Qui sont les policiers anti-émeutes ?

Les Compagnies de sécurité républicaine, forces d’élite de la police anti-émeute, furent interdites sur le territoire français à la suite des émeutes sanglantes de décembre 1959.

L’unité avait été accusée d’avoir fait un usage disproportionné de la force contre les manifestants, ce qui s’était soldé par la mort de plusieurs jeunes manifestants. Elle est rarement déployée dans les territoires français des Caraïbes, mais elle a été appelée à intervenir lors des émeutes et des grèves en Guadeloupe en 2009.

Les dirigeants de la Martinique ont demandé l’intervention des forces de l’ordre dans le cadre des récentes manifestations, un changement historique pour l’île, et cette demande a rencontré un vif rejet de la part de certains habitants du territoire.

« La Martinique n’est pas en guerre civile, c’est une guerre sociale », a déclaré Béatrice Bellay, députée du Parti socialiste sur l’île. Elle a appelé à un « dialogue ouvert et transparent » entre les manifestants et le gouvernement.

« Cette mesure (…) ne sert qu’à aggraver les tensions et à détourner l’attention des revendications légitimes du peuple martiniquais », a-t-elle écrit dans un communiqué dimanche.

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