La France décerne à titre posthume au journaliste Arman Soldin, tué en Ukraine, la Légion d'Honneur

Jean Delaunay

La France décerne à titre posthume au journaliste Arman Soldin, tué en Ukraine, la Légion d’Honneur

La France a décerné jeudi à titre posthume au journaliste vidéo de l’AFP Arman Soldin, tué alors qu’il travaillait en Ukraine, la Légion d’honneur.

Soldin, coordinateur vidéo de l’AFP en Ukraine, a été tué dans une attaque à la roquette dans l’est de l’Ukraine le 9 mai, plus d’un an après le début de l’invasion russe.

Il avait 32 ans.

Sa mort a suscité une vague de sympathie et d’hommages du monde entier.

Le président français Emmanuel Macron a salué la « bravoure » de Soldin dans une lettre envoyée à l’AFP en mai.

« Par sa force de caractère, son parcours et son dynamisme, Arman Soldin a incarné la passion de votre rédaction. Une passion pour dire la vérité, raconter des histoires et recueillir des témoignages. C’était une passion pour une cause : le devoir d’informer », a-t-il déclaré. .

Soldin a été nommé chevalier de la Légion d’honneur à compter du 28 juin par un décret présidentiel publié jeudi.

Bertrand Guay/AP
Le journaliste de l’AFP Emmanuel Peuchot s’exprime aux côtés du président-directeur général de l’Agence France-Presse, Fabrice Fries, à gauche, lors d’un hommage à Arman Soldin.

Né à Sarajevo, Soldin était un ressortissant français qui a déclaré qu’il était attiré par le fait de raconter des histoires de personnes déplacées par les combats, découlant de l’expérience de sa famille fuyant le conflit.

Enfant, il a fui les combats en Bosnie avec sa famille, prenant un vol humanitaire vers la France le 25 avril 1992.

Parlant français, anglais et italien, Soldin a étudié à Londres, Lyon et Sarajevo avant d’obtenir un stage au bureau de l’AFP à Rome en 2015.

Cette même année, il est embauché par l’AFP à Londres, où il devient également correspondant sportif au Royaume-Uni pour la chaîne de télévision premium française Canal+ à partir de 2019.

Après avoir couvert les premiers mois meurtriers de l’épidémie européenne de Covid-19 en Italie, il s’est porté volontaire pour faire partie de la première équipe de l’AFP envoyée en Ukraine.

Salué pour son empathie

Largement salués pour son empathie, son courage et son professionnalisme, les derniers récits de Soldin dépeignent à la fois l’intensité des combats en Ukraine et la menace de mort qui pèse sur les personnes qui ne font pas la une des journaux.

À Siversk, meurtrie par les bombes, il a suivi Oleksandr, un ancien soudeur devenu l’un des héros méconnus de la guerre en livrant du pain sur une mobylette à des personnes âgées isolées près de la ligne de front.

Et dans le Donbass, il a visité un hôpital de campagne dispensant les premiers soins aux soldats ukrainiens blessés pendant la nuit.

Soldin a rejoint une équipe de reporters de l’AFP qui étaient embarqués avec des soldats ukrainiens près de la ville assiégée de Bakhmut, alors épicentre des combats et ciblée quotidiennement par les forces russes.

Le 9 mai, ils rejoignaient leur voiture près du village de Chasiv Yar lorsqu’ils ont essuyé des tirs de roquettes Grad. Le reste de l’équipe de l’AFP est sorti indemne.

Soldin est mort « avec son appareil photo à la main », a déclaré à l’AFP Emmanuel Peuchot.

Les procureurs français ont annoncé qu’ils avaient ouvert une enquête pour crimes de guerre sur les circonstances entourant sa mort.

Au moins 17 journalistes et travailleurs des médias ont été tués en Ukraine depuis l’invasion russe le 24 février 2022, selon les chiffres du Comité pour la protection des journalistes.

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