La France cherche à durcir la guerre contre la stratégie des drogues au milieu de la surtension du trafic

Martin Goujon

La France cherche à durcir la guerre contre la stratégie des drogues au milieu de la surtension du trafic

PARIS – Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, les ministres de l’Intérieur et de la Justice de la France, n’ont pas eu de scrupules dans la présentation de la France comme un terrain de jeu des concessionnaires infestés de stupéfiants au milieu d’une augmentation des chiffres illégaux de la criminalité liée à la drogue au cours des dernières années.

Maintenant, ils cherchent à mettre leur argent là où se trouve leur bouche.

La Chambre inférieure française, l’Assemblée nationale, débatra cette semaine d’une proposition bipartite et soutenue par le gouvernement visant, selon les mots de la législation elle-même, « mettant fin au piège à trafic de drogue ».

Le projet de loi, qui a été adopté par le Sénat français de la majorité, avec un soutien unanime, contient des dispositions visant à offrir aux agents des forces de l’ordre et aux responsables de la justice plus de levier pour poursuivre les trafiquants de drogue et leurs réseaux, notamment la création d’un bureau du procureur dédié comme celui qui s’est formé pour enquêter sur des terroristes à la suite des attentats de 2015.

Mais alors que l’Europe et une grande partie du monde expérimentent les politiques et la légalisation des méfaits dans le but d’apprendre les leçons de l’échec de la guerre contre les drogues de l’Amérique, la France se balance dans la direction opposée.

Darmanin et Retailleau veulent réprimer les consommateurs de drogues et les concessionnaires et ont conduit la question comme une question de droit et d’ordre par opposition à celle de la santé publique. Ils sont même allés jusqu’à blâmer directement les utilisateurs pour le pic de violence.

En février, Retailleau a emprunté Darmanin en disant que « une articulation a le goût du sang », attribuant directement la responsabilité des meurtres liés au trafic à des personnes qui achètent du cannabis.

La législation actuelle a été saluée pour le montant des ressources qu’elle consacre au démantèlement du crime organisé. Mais il a également été critiqué pour contenir des mesures de choc qui tomberaient dans la guerre contre les drogues, comme expulser des familles entières de logements sociaux si un membre était reconnu coupable d’un crime lié à la drogue et ignorant le problème du traitement des toxicomanes.

Il existe désormais une compréhension commune selon laquelle « le crime organisé représente une menace stratégique pour la France », a déclaré Stéphane Quéré, professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et de l’artisanat.

Mais le cœur de la question, avertit Quéré, est un financement, que la législation à elle seule ne peut pas résoudre entièrement.

«Il est relativement facile de poursuivre des marchands de rue ou même des trafiquants de niveau intermédiaire. C’est évidemment plus compliqué – donc cela prend plus de temps, plus d’enquêteurs, plus de ressources – de retrouver les gens derrière eux.»

Le trafic de drogue a été un problème de longue date dans les grandes villes françaises comme Paris et Marseille, qui tente de freiner la violence liée à la drogue depuis des décennies. Mais ces dernières années, il s’est « propagé aux villes de taille moyenne, même aux petites et aux zones rurales », a révélé un rapport bipartite publié l’année dernière.

Le rapport estimait que le commerce illégal de la drogue génère au moins 3,5 milliards d’euros par an, éluant la détection et la fiscalité – et c’est une estimation de la « plage de bas de gamme ».

Le rapport estimait que le commerce illégal de la drogue génère au moins 3,5 milliards d’euros par an, éluant la détection et la fiscalité – et c’est une estimation de la « plage de bas de gamme ». | Gabriel Bouys / AFP via Getty Images

Avec tant d’argent en jeu, les gangs ont de plus en plus recouru à la violence. Le ministère français de l’Intérieur a annoncé en février que 110 personnes avaient été tuées en relation avec le trafic de drogue en 2024 – sur un total de 980 homicides à l’échelle nationale. Les homicides liés à la drogue ont culminé en 2023, avec 139 morts et 413 blessés.

Le socialiste Jérôme Durain et Étienne Blanc du parti de droite Les Républicains, deux sénateurs qui ont rédigé le rapport de l’année dernière sur la consommation de drogues française, ont concentré leur législation sur la création d’un procureur d’État centralisé avec une large autorité pour lutter contre les syndicats de trafic complexe modernes et complexes.

Darmanin a également introduit une clause pour créer des prisons de haute sécurité où seuls les trafiquants de drogue seraient détenus dans des conditions particulièrement strictes pour éviter la communication avec le monde extérieur.

La proposition est susceptible de faire face à un examen minutieux à l’Assemblée nationale, où les législateurs ont exprimé des inquiétudes concernant certaines propositions jugées menaçant les droits des défendeurs, comme la non-divulgation des informations concernant les techniques d’enquête policière aux avocats de la défense.

Certains législateurs ont critiqué la décision de Blanc et Durain de renoncer à la question litigieuse des utilisateurs de poursuites.

« Ce projet de loi ne dit rien sur les consommateurs, qui ne devraient pas être traités comme des délinquants mais comme des personnes qui souffrent », a déclaré Ludovic Mendes, un législateur du groupe d’ensemble Pro-Macron.

Depuis 2021, la France a opté pour un modèle basé sur les consommateurs de drogues avec une amende minimale qui ne nécessite pas de poursuites afin de désinciper la consommation. En février, le ministère de l’Intérieur se vantait que 288 000 personnes avaient été sanctionnées pour leur consommation, soit une augmentation de 10% en glissement annuel.

Selon l’Observatoire français sur les drogues et les comportements addictifs, le cannabis est la drogue illicite la plus populaire en France, suivie de la cocaïne et de l’extase / MDMA.

Alors que certains législateurs français ont flotté la décriminalisation et la légalisation du cannabis – la France est le troisième consommateur le plus élevé de l’Union européenne derrière la Tchéie et l’Italie – ils restent en minorité. Le public lui-même reste divisé, avec 41% de légalisation opposée et 42% en faveur, selon un sondage YouGov à partir de novembre.

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