Banque de France deputy governor, Agnès Bénassy-Quéré joined Angela Barnes on The Big Question

Milos Schmidt

La France a dépensé 2 milliards d’euros pour les Jeux olympiques : est-ce bon pour l’économie ?

La France a dépensé 2 milliards d’euros pour les Jeux olympiques : le pays en a-t-il tiré des bénéfices économiques ? Agnès Bénassy-Quéré, vice-gouverneure de la Banque de France, revient sur les perspectives économiques actuelles de la France.

2024 a été une année chargée pour la France, avec des élections anticipées et l’accueil des Jeux Olympiques à Paris. Et si l’on parle d’impact économique, ajoutons les six concerts de Taylor Swift dans les villes françaises de Paris et Lyon lors de sa tournée Eras.

On estime que l’organisation des Jeux olympiques a coûté environ 9 milliards d’euros, même si seulement 2 milliards d’euros environ provenaient des finances nationales.

Le pays récoltera-t-il des bénéfices économiques à long et à court terme grâce à cet investissement ou s’agit-il simplement d’argent bien dépensé pour deux semaines des meilleures émissions de l’année ?

Dans cet épisode de The Big Question, Angela Barnes est rejointe par Agnès Bénassy-Quéré, sous-gouverneure de la Banque de France et ancienne économiste en chef du Trésor français pour discuter des perspectives économiques actuelles du pays.

Quel est l’impact économique des Jeux Olympiques ?

De nombreux professionnels du tourisme s’attendaient à ce que les attractions touristiques parisiennes soient bondées cet été. En fait, même si Paris était certainement pleine de vie, les attractions touristiques étaient plus calmes que d’habitude, car les personnes qui visitent habituellement la ville en été ont choisi des destinations alternatives par crainte des hébergements trop chers et des difficultés de déplacement dans la ville.

Certaines écoles de pensée suggèrent cependant qu’à long terme, les Jeux olympiques pourraient servir de vitrine à la ville et pourraient accroître le nombre de visiteurs novices dans la ville et dans le pays au cours des prochaines années.

Gouverneure adjointe de la Banque de France Agnès Bénassy-Quéré sur La Grande Question
Gouverneure adjointe de la Banque de France Agnès Bénassy-Quéré sur La Grande Question

Certaines industries ont connu un essor.

« Nous avons interrogé environ 8 000 entreprises en France. Nous estimons que la croissance du PIB au troisième trimestre pourrait être stimulée d’environ un quart de point de pourcentage (0,25 %) », explique Agnès.

« Cela concerne les hôtels, les restaurants, les transports, la sécurité, mais aussi la diffusion et bien sûr la vente de billets. Il s’agit donc d’un effet à court terme. Il ne s’agit que d’un effet ponctuel, c’est-à-dire d’un seul trimestre. Ensuite, nous revenons à un rythme de croissance normal. »

Pourquoi le PIB et les taux d’inflation sont-ils importants pour les citoyens ?

« Le PIB national est d’environ 2 600 milliards d’euros », explique Agnès.

Pour beaucoup d’entre nous, lire qu’un pays voit son PIB chuter de 2 % peut paraître dénué de sens, mais cela a en réalité un impact énorme.

« Pour les ménages, c’est la base de leur pouvoir d’achat. Si le PIB ne croît pas, le pouvoir d’achat ne peut pas croître », a-t-elle ajouté.

Pour mettre cela en perspective, selon la Banque de France, chaque point de pourcentage du PIB vaut 26 milliards d’euros pour la France.

De plus, chaque point d’inflation non compensé par une hausse équivalente des salaires réduit le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages de 16 milliards d’euros.

Malgré une période de troubles mondiaux extraordinaire ces dernières années, Agnès insiste sur le fait que le pouvoir d’achat des Français n’a pas diminué. En fait, le taux de chômage est tombé en dessous des niveaux d’avant la crise du Covid-19, ce qui a renforcé le pouvoir d’achat.

« C’est une sorte de miracle, les gens ne nous font pas confiance », a déclaré Agnès.

Quels sont les principaux défis auxquels la Banque de France devra faire face à l’avenir ?

Agnès a souligné trois domaines clés de défis pour la Banque de France : la désinflation, l’innovation et le changement climatique.

« Le changement climatique est un véritable défi pour les banques centrales car d’un côté, il est source de chocs. Les catastrophes naturelles sont inflationnistes et les politiques climatiques de transition sont également une source de chocs sur les prix », a-t-elle expliqué.

S’il est indéniable que les gouvernements doivent prendre des mesures importantes pour lutter contre le changement climatique, Agnès met en garde contre deux conséquences économiques, si elles ne sont pas gérées avec précaution.

« L’une pourrait être inflationniste avec la taxe carbone, et l’autre serait l’épuisement des finances publiques, ce qui déplacerait le fardeau de la stabilisation vers les banques centrales. »

La grande questionest une série d’L’Observatoire de l’Europe Business dans laquelle nous nous asseyons avec des leaders et des experts de l’industrie pour discuter de certains des sujets les plus importants à l’ordre du jour d’aujourd’hui.

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