Approximately 40% of Greece’s soft cheese is derived from sheep and goat milk produced in Thessaly region.

Milos Schmidt

La feta en danger : la Grèce lutte contre la « peste caprine » qui menace la production laitière

Ce qu’il faut savoir sur la « peste caprine » qui a refait surface en Europe et qui affecte désormais la production de « l’or blanc » grec.

Détecté pour la première fois le 11 juillet en Thessalie, dans le centre de la Grèce, le virus hautement contagieux peste des petits ruminants (PPR) s’est rapidement propagée et a touché plusieurs fermes de la Roumanie voisine, poussant les autorités à abattre près de 58 000 moutons et chèvres en réponse.

Pour lutter contre l’épidémie virale, les autorités grecques ont imposé des restrictions dans tout le pays, notamment une interdiction de déplacer des moutons et des chèvres hors de leurs fermes.

Cette maladie constitue une menace importante pour l’élevage grec et la production de la fameuse feta, pierre angulaire de l’économie grecque. Environ 40 % du fromage à pâte molle grec est fabriqué à partir de lait de brebis et de chèvre produit en Thessalie, qui a également souffert d’inondations dévastatrices l’année dernière.

La Grèce produit environ 140 000 tonnes de feta par an, exportant environ 65 % de sa production, jouant ainsi un rôle crucial sur le marché laitier mondial malgré sa taille.

La PPR n’est pas une zoonose, ce qui signifie qu’elle ne se transmet pas des animaux aux humains. Par conséquent, la viande et le lait des animaux infectés restent propres à la consommation. Cependant, la maladie a des répercussions importantes sur la production animale en raison de la nécessité d’abattre un grand nombre d’animaux pour contrôler sa propagation.

L’Organisation mondiale de la santé animale (WOAH), basée à Paris, caractérise la PPR comme ayant des « taux de morbidité et de mortalité sévères » et provoquant un impact économique élevé dans des régions comme l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie, où les chèvres et les moutons sont des sources alimentaires vitales.

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les symptômes de la maladie comprennent la dépression, la fièvre, les écoulements nasaux et oculaires, les plaies buccales, la détresse respiratoire, la toux, la diarrhée et la mort.

Ce que l’UE a fait

« La Commission suit de près la situation des deux pays et met en place les mesures nécessaires au niveau de l’UE », a déclaré un responsable de la Commission à L’Observatoire de l’Europe.

L’exécutif européen a adopté des procédures d’urgence pour la Grèce et la Roumanie respectivement les 19 et 26 juillet, après des votes au sein de sa commission permanente de la chaîne alimentaire et de la santé animale.

Ces procédures visent à restreindre la circulation des produits sensibles afin de garantir la poursuite des échanges commerciaux en toute sécurité tout en garantissant la sécurité et en maintenant les normes sanitaires de l’UE.

« À ce stade, d’autres questions devraient être adressées aux autorités grecques et roumaines responsables », a déclaré le responsable de la Commission.

Contactée par L’Observatoire de l’Europe, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a reconnu la situation critique dans les deux pays mais n’a pas encore reçu de demandes de soutien scientifique dans ce domaine.

« Nous sommes prêts à aider les gestionnaires des risques avec nos conseils scientifiques si nécessaire », a déclaré un responsable de l’EFSA.

Mesures de confinement

Dans un avis de 2021, l’EFSA a décrit les mesures de contrôle de la PPR dans le cadre de la loi sur la santé animale, soulignant l’importance de la mise en quarantaine immédiate des troupeaux affectés, des restrictions sur les mouvements d’animaux au sein et entre les exploitations, et d’une surveillance intensive par le biais de tests cliniques et de laboratoire.

Des zones de surveillance doivent être établies autour des zones infectées afin de surveiller et de contrôler la propagation de la maladie. Pour réduire la contamination de l’environnement, les animaux infectés doivent être abattus sans cruauté et leurs carcasses éliminées de manière sûre.

La vaccination massive des populations animales sensibles est également essentielle pour créer une immunité collective et prévenir de nouvelles épidémies.

Parallèlement, des mesures strictes de biosécurité dans les exploitations agricoles, telles que la désinfection du matériel et des véhicules, le contrôle des déplacements humains et la garantie de l’hygiène des travailleurs agricoles, devraient être mises en place.

Selon l’autorité européenne, ces mesures, si elles sont mises en œuvre rigoureusement, peuvent contrôler de manière significative et éventuellement éradiquer la peste caprine, protégeant ainsi à la fois la santé animale et les moyens de subsistance dépendant des petits ruminants.

Le virus de la PPR a été identifié pour la première fois en 1942 en Côte d’Ivoire et s’est depuis propagé dans de vastes régions d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie. À l’heure actuelle, plus de 70 pays ont signalé des cas de PPR sur leur territoire, et de nombreux autres pays sont à risque.

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