Une série d’arrestations a accru les tensions entre les deux pays, dont les relations diplomatiques ont commencé à se détériorer l’année dernière.
Six citoyens algériens vivant en France font l’objet d’une enquête pour avoir prétendument incité à la haine et à la violence contre des opposants au gouvernement algérien, attisant les tensions entre Alger et Paris.
Trois Algériens ont été arrêtés au début de l’année pour des contenus publiés sur leurs réseaux sociaux. Un TikToker franco-algérien a ensuite été interpellé jeudi.
Deux autres influenceurs algériens, qui n’ont pas été arrêtés, font également l’objet d’une enquête, ont annoncé lundi les autorités lyonnaises.
Ces six hommes auraient incité à la violence et à la haine en ligne à travers du matériel ciblant les critiques du gouvernement algérien.
La série d’arrestations et d’enquêtes a conduit à une crise diplomatique entre la France et l’Algérie, dont les relations ont commencé à se détériorer l’année dernière, suite à la décision du gouvernement français de soutenir la revendication de souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
La France accuse l’Algérie de « tenter de l’humilier »
Boualem Naman, 59 ans, nettoyeur du nom de « Doualemn », fait partie des accusés.
Il a été arrêté à Montpellier le 5 janvier pour avoir prétendument encouragé la violence sur les réseaux sociaux.
Naman – qui compte 138 000 abonnés sur TikTok – a publié une vidéo filmée en arabe appelant à « infliger de la douleur » à un manifestant antigouvernemental algérien, selon les médias français.
A la demande du parquet de Montpellier, deux interprètes ont visionné la vidéo. Ils ont indiqué que Naman avait appelé à « battre » un homme en Algérie, mais a ajouté qu’il n’avait pas prononcé les mots « tuez-le », comme cela avait été rapporté précédemment.
Le suspect, âgé de 59 ans, a ensuite été placé jeudi sur un vol à destination d’Alger.
Cependant, l’Algérie a refusé de l’admettre, arguant que Naman, qui vit en France depuis 36 ans, avait le droit de se défendre devant un tribunal français. Il a été renvoyé en France dans la soirée, selon le ministère français de l’Intérieur.
Après l’incident, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a laissé entendre que l’Algérie « tentait d’humilier la France ».
« Je pense que nous avons atteint un seuil extrêmement inquiétant avec l’Algérie », a-t-il déclaré vendredi.
En réponse, le ministère algérien des Affaires étrangères a affirmé que Paris « menait une campagne de désinformation » contre lui.
De leur côté, les avocats de Naman, Jean-Baptiste Mousset et Marie David-Bellouard, ont déclaré que leur client « payait le prix » d’une « situation politique et diplomatique tendue ».
Crise diplomatique entre la France et l’Algérie
Quelques mois avant l’arrestation des influenceurs, les relations entre la France et son ancienne colonie avaient déjà commencé à se détériorer.
L’année dernière, le gouvernement d’Emmanuel Macron a renversé sa position historique sur le territoire contesté du Sahara occidental, choisissant de soutenir les revendications du Maroc sur ce territoire.
Cette décision s’est révélée très impopulaire auprès de l’Algérie, qui soutient la revendication d’autodétermination du peuple sahraoui et qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en 2021, après avoir accusé son voisin d' »actions hostiles ».
Pour exprimer sa désapprobation de la décision de la France, le gouvernement algérien a rappelé son ambassadeur à Paris.
La tentative de la France de renforcer ses relations commerciales et diplomatiques avec le Maroc a également intensifié la crise. Le président Macron a visité le pays pendant trois jours en octobre.
Après avoir été réélu en septembre, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé qu’il ne se rendrait pas en France, après avoir reporté à plusieurs reprises une visite d’État initialement prévue en mai 2023.
Depuis son arrivée au pouvoir, Tebboune a réprimé la liberté d’expression en Algérie, emprisonnant des journalistes et des militants pro-démocratie.
La semaine dernière, le président Macron a accusé l’Algérie de « se déshonorer » en emprisonnant l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 75 ans, qui est un fervent critique du gouvernement algérien.