La Grèce affirme que sa politique frontalière est conforme au droit international, mais la décision soulève des inquiétudes quant à la manière dont les pays européens traitent les migrants.
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rendu mardi un arrêt historique concluant que la Grèce avait illégalement expulsé une femme vers la Turquie, qualifiant le recours aux expulsions sommaires ou aux « refoulements » de pratique systématique.
La décision, rendue par le tribunal de Strasbourg, pourrait avoir des implications significatives sur la manière dont les pays européens gèrent les migrants à leurs frontières, d’autant plus que la Grèce et plusieurs États membres de l’UE font pression pour des contrôles d’immigration plus stricts.
La femme turque, identifiée comme ARE, a reçu 20 000 € de dommages et intérêts après que le tribunal a déterminé qu’elle avait été expulsée de manière irrégulière en 2019.
Elle s’est vu refuser la possibilité de déposer une demande d’asile après avoir traversé la frontière gréco-turque.
« Le tribunal a estimé qu’il existait de forts indices suggérant qu’il existait, au moment des faits reprochés, une pratique systématique de « refoulements » de ressortissants de pays tiers par les autorités grecques, depuis la région d’Evros (à la frontière grecque). ) vers la Turquie », indique le jugement.
Une plainte distincte d’un Afghan, qui affirmait avoir été renvoyé de force en Turquie depuis l’île grecque de Samos en 2020 à l’âge de 15 ans, a été rejetée faute de preuves suffisantes.
Les responsables grecs ont nié ces allégations, remettant en question la crédibilité des preuves et insistant sur le fait que leur politique frontalière respecte le droit international.
Les représentants présents à l’audience ont fait valoir que les actions de la Grèce étaient conformes aux obligations découlant des accords internationaux.
L’agence des Nations Unies pour les réfugiés a appelé la Grèce à mener des enquêtes approfondies sur les allégations répétées de refoulement, que plusieurs grandes organisations de défense des droits humains ont décrites comme une pratique systématique.
L’Autorité nationale grecque de transparence, un organisme de surveillance financé par des fonds publics, a rapporté en 2022 qu’une enquête de quatre mois n’avait trouvé aucune preuve pour étayer les allégations d’expulsions illégales.