L’autoroute traversant la forêt amazonienne du Brésil pourrait déclencher une vague de déforestation illégale.
Les législateurs brésiliens ont adopté un projet de loi visant à ouvrir une autoroute au cœur de la forêt amazonienne.
La chambre basse du Congrès brésilien a voté en faveur de la mesure, qui assouplit les licences environnementales, mardi soir. Il faut encore l’approbation du Sénat.
Les scientifiques affirment que l’autoroute menacera l’avenir de la plus grande forêt tropicale humide du monde.
Le projet de loi autorise l’utilisation des fonds de conservation donnés au Brésil pour financer le projet d’autoroute, comme le Fonds Amazonie de 1,3 milliard de dollars (1,18 milliard d’euros) soutenu par les États-Unis et leurs alliés européens.
Le projet d’autoroute du Brésil pourrait déclencher la déforestation en Amazonie
L’autoroute a été construite dans les années 1970 par un gouvernement militaire cherchant à peupler l’Amazonie, mais elle a été rapidement abandonnée.
À la fin des années 1980, la majeure partie de l’autoroute qui s’étendait sur quelque 900 kilomètres entre Porto Velho, dans l’État de Rondonia, et Manaus, dans l’État d’Amazonas, s’était désintégrée en un chemin de terre défoncé.
Une grande partie de la route est désormais impraticable pendant la saison des pluies. Les véhicules qui tentent de le faire pendant les mois secs rampent le long du trottoir accidenté, évitant d’énormes nids-de-poule et les débris de la jungle.
Des chercheurs amazoniens affirment que la route repavée déclencherait une explosion de la déforestation dans l’État d’Amazonas, qui abrite la majeure partie de la forêt tropicale la mieux préservée du Brésil en raison du manque de routes.
Chaque grand projet d’autoroute en Amazonie a déclenché une recrudescence de l’accaparement des terres et de la déforestation illégale. Les chercheurs affirment que le BR-319 ouvrirait une nouvelle frontière pour l’exploitation forestière, ce qui pourrait pousser la forêt tropicale au-delà d’un point de non-retour.
Pourquoi le Brésil construit-il une autoroute traversant l’Amazonie ?
Les défenseurs du projet estiment qu’il est nécessaire de réduire l’isolement des deux États connectés, Amazonas et Rondonia. Le BR-319 étant hors service une grande partie de l’année, Manaus n’est souvent accessible que par voie fluviale et aérienne depuis le reste du Brésil.
Le projet de loi qualifie l’autoroute d' »infrastructure critique, indispensable à la sécurité nationale, nécessitant la garantie de sa praticabilité ».
Il autoriserait l’utilisation des dons reçus par le Brésil pour aider à la conservation de l’Amazonie pour « la récupération, le pavage et l’augmentation de la capacité de l’autoroute ».