Les commissaires européens désignés Wopke Hoekstra et Maroš Šefčovič doivent faire davantage pour convaincre la commission de l’environnement du Parlement européen qu’ils ont ce qu’il faut pour diriger la transition verte de l’UE.
Le président de la commission, Pascal Canfin, a confirmé mardi que les deux candidats devront répondre à d’autres questions écrites avant 7h00 mercredi matin, après avoir échoué à obtenir le soutien d’au moins deux tiers des coordinateurs de la commission lors de leurs auditions.
Ce n’est que si leurs réponses satisfont au moins quatre des groupes politiques représentés au Parlement que leur nomination pourra être votée en plénière jeudi.
Wopke Hoekstra, l’ancien ministre néerlandais des Affaires étrangères, se porte candidat pour devenir le nouveau commissaire européen chargé de l’action climatique après que Frans Timmermans a démissionné de son poste pour se présenter aux prochaines élections néerlandaises. Maroš Šefčovič a été nommé pour hériter de la responsabilité plus large de Timmermans dans le cadre du Green Deal européen.
Les liens politiques intérieurs de Šefčovič sont l’un des points les plus sensibles du processus d’approbation. Son parti SMER, dirigé par le populiste pro-russe Robert Fico, est arrivé en tête des sondages lors des élections slovaques du week-end.
Les deux nominations sont étroitement liées et sont susceptibles de faire l’objet d’un boycott politique de la gauche comme de la droite. Hoekstra appartient au Parti populaire européen (PPE) de droite, tandis que Šefčovič appartient aux Socialistes et Démocrates (S&D) de gauche. Le PPE a confirmé mardi dans un communiqué qu’il n’était pas satisfait des « réponses vagues » de Šefčovič lors de son audition.
Les deux candidats devront également clarifier dans leurs réponses écrites comment ils entendent tenir leur engagement de réduire les émissions de gaz à effet de serre du bloc de 90 % d’ici 2040. « Cela guidera toute la séquence du Green Deal 2.0, donc bien sûr, c’est très important. » Canfin a expliqué.
Bien qu’il occupe déjà l’une des huit vice-présidences de la Commission européenne, Šefčovič a « déçu » une majorité des groupes politiques de l’UE en ne s’engageant pas clairement à finaliser la législation verte en attente avant les élections européennes de juin 2024, notamment sur le bien-être animal, gestion forestière, produits chimiques et microplastiques.
« Je dois dire que sans ce calendrier clair, je ne vois pas une majorité des deux tiers pour Maroš Šefčovič », a déclaré Canfin.
Mais les craintes que l’influence de Robert Fico ne sape l’engagement de Šefčovič à rompre les liens énergétiques de l’UE avec la Russie sont apparues comme l’un des principaux points de friction des négociations.
Canfin a déclaré aux journalistes que l’une des questions auxquelles Šefčovič devra répondre d’ici demain est la suivante : vous engagez-vous à défendre la position de l’UE sur l’embargo énergétique contre la Russie dans toutes les capitales de l’Union, y compris celle que vous connaissez le mieux ?
Mardi, lors de l’audition de Šefčovič, l’eurodéputé allemand Christian Ehler, du Parti populaire européen (PPE), a demandé au Slovaque s’il pouvait s’engager à soutenir les sanctions contre Moscou et à soutenir l’élimination progressive du gaz russe en Europe, même si cela impliquait le risque de ne pas être nommé au poste de député. plus d’emplois dans l’UE par un gouvernement Fico.
« Je peux vous assurer que quel que soit le résultat de la formation du gouvernement, je défendrai toujours les intérêts européens », a répondu Šefčovič.
La nomination de Hoekstra au poste climatique avait suscité une controverse parmi les groupes environnementaux, qui affirmaient qu’il n’avait pas les qualifications nécessaires pour diriger les politiques d’action climatique de l’UE. Il a voté contre des lois environnementales clés au parlement néerlandais et a auparavant travaillé pour le géant pétrolier et gazier Shell.
Mais il a surpris les députés lundi en promettant davantage d’ambition climatique et de nouvelles mesures pour freiner le changement climatique, notamment une taxe sur le carburant d’aviation.
Le Néerlandais dispose désormais d’un délai supplémentaire pour fournir de nouvelles déclarations sur son travail passé pour le cabinet de conseil international McKinsey.
En cas de succès, Hoekstra représenterait le bloc dans les principales négociations internationales sur le climat, y compris la conférence COP28 de l’ONU à Dubaï.
Canfin a reconnu mardi qu’il existe un risque réel qu’il n’y ait pas de commissaire au climat représentant l’UE à la COP28 si la candidature de Hoekstra est retardée.