Intel was fined in 2009 for abuse of dominance

Jean Delaunay

La Commission doit produire davantage de preuves sur les rabais anticoncurrentiels, alors que la Cour confirme l’affaire Intel

Après près de 20 ans de bataille juridique, les juges européens ont donné raison au géant américain de la technologie Intel, annulant une amende de 1,06 milliard d’euros imposée par l’autorité antitrust de l’UE.

La Commission européenne doit fournir davantage de preuves pour conclure que les remises de fidélité sont anticoncurrentielles après que la Cour de justice de l’Union européenne (CJCE) a confirmé l’annulation par un tribunal inférieur de la décision de l’exécutif de 2009 d’imposer une amende de 1,06 milliard d’euros au géant technologique américain Intel pour abus de position dominante.

L’affaire opposait le fabricant américain de puces aux autorités antitrust de l’UE au sujet des systèmes de rabais qu’Intel accordait aux entreprises informatiques Dell, Hewlett-Packard Co, NEC et Lenovo à condition qu’elles achètent exclusivement ses puces informatiques (processeur x86).

La Commission a estimé que les rabais accordés par Intel avaient pour effet d’exclure la concurrence sur le marché d’Advanced Micro Devices (AMD), en s’appuyant sur une présomption qui lui permettait d’assumer l’impact négatif de ces rabais.

Mais dans leur décision de jeudi, les juges européens ont confirmé que la Commission devait examiner l’effet réel des rabais sur la concurrence plutôt que de s’appuyer sur une présomption selon laquelle ils enfreignent le droit de l’UE.

« Même si l’octroi de remises de fidélité par une entreprise en position dominante peut constituer une infraction à l’article 102 TFUE, le fait que cette entreprise fasse valoir, au cours de la procédure administrative, sur la base de preuves à l’appui, que son comportement n’était pas susceptible de restreindre concurrence et, en particulier, de produire les prétendus effets de verrouillage nécessite que la Commission procède à une analyse pour déterminer l’existence de cette capacité », ont statué les juges.

La CJCE a ajouté que l’analyse de la Commission doit non seulement couvrir la position dominante de l’entreprise sur le marché en cause, la part de marché couverte par les rabais, leur durée et leur montant, « mais aussi l’existence éventuelle d’une stratégie visant à exclure les concurrents qui sont au moins aussi efficaces que celles du marché.

« Cette décision constitue un soutien ferme à l’approche basée sur les effets, qui aura des conséquences systémiques », a déclaré Assimakis Komninos, partenaire de White & Case en matière de concurrence, à L’Observatoire de l’Europe, faisant référence à la nécessité pour la Commission de présenter des preuves dans de tels cas.

Il a déclaré que le jugement contredisait les lignes directrices de la Commission publiées en août dernier sur les abus de position dominante de la part de l’autorité antitrust européenne, qui vantaient une approche basée sur des présomptions pour les rabais de fidélité.

« L’arrêt n’est pas conforme aux lignes directrices de la Commission », a déclaré Komninos, « car la Commission devra prendre en compte les preuves économiques ».

La Commission a simplement déclaré dans un communiqué qu’elle « prenait note de l’arrêt rendu aujourd’hui par la Cour de justice européenne ».

Si cet arrêt met fin à près de 20 ans de bataille juridique entre Intel et la Commission sur les systèmes de rabais, la saga n’est pas encore terminée puisqu’une autre affaire est pendante devant les juges européens sur des « restrictions nues », par lesquelles Intel a payé des fabricants d’ordinateurs pour retarder le lancement de produits contenant des puces concurrentes.

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