A woman carries a chair on her head as she walks in a flooded street of Arques, northern France, Thursday, Jan.4, 2024.

Milos Schmidt

La chaîne française CNews condamnée à une amende pour avoir diffusé un climato-scepticisme sans précédent

CNews a déjà été critiquée par le passé pour ses reportages biaisés, mais c’est la première fois qu’elle est victime de désinformation sur le climat.

Une chaîne d’information en continu populaire en France a été condamnée à une amende pour avoir diffusé un scepticisme climatique sans être contesté.

CNews, contrôlée par le magnat des affaires milliardaire Vincent Bolloré, fournit une couverture de l’actualité nationale et mondiale 24 heures sur 24 et est le deuxième réseau d’information le plus regardé en France, après BFMTV.

On lui a reproché d’avoir permis à l’un de ses invités de défendre une thèse controversée sur l’origine humaine du changement climatique – sans lui fournir la moindre réfutation.

Depuis son redémarrage en 2017, la chaîne du Groupe Canal+ a adopté une ligne éditoriale conservatrice. Elle est souvent comparée à la chaîne américaine de droite Fox News et a été régulièrement mise en garde par les régulateurs français pour son manque d’honnêteté et de rigueur dans la diffusion de l’information.

Mais cette semaine, la situation est particulièrement délicate : l’Autorité de régulation de l’audiovisuel et de la communication numérique (Arcom) a infligé une amende de 20 000 euros à la chaîne pour avoir diffusé un climato-scepticisme controversé sans un reportage équilibré.

« C’est la première fois en France et à l’international que l’Arcom ou une autorité de régulation émet une sanction financière pour un manquement concernant un sujet environnemental », a réagi QuotaClimat, association qui milite pour une meilleure médiatisation des enjeux écologiques.

Pourquoi CNews a-t-elle été condamnée à une amende pour climato-scepticisme ?

Le 8 août 2023, QuotaClimat a contacté Arcom au sujet d’un reportage de CNews intitulé « Punchline Eté », consacré au mois de juillet 2023 comme étant le mois le plus chaud jamais enregistré.

Au cours de l’émission, l’éminent économiste Philippe Herlin a fait part de son scepticisme personnel à l’égard du climat – mais n’a été contredit par personne d’autre dans le studio de télévision, y compris par les animateurs.

« Le réchauffement climatique d’origine anthropique est un mensonge, une arnaque… Nous expliquer que c’est à cause de l’Homme, non, c’est un complot, et pourquoi cela a-t-il autant de poids ? », a déclaré Herlin. « Parce que cela justifie l’intervention de l’État dans nos vies, et cela dispense l’État de réduire ses dépenses publiques… C’est une forme de totalitarisme. »

Son coup de gueule n’a apparemment suscité aucune réaction de la part des autres personnes présentes sur le plateau – ni de celles en coulisses.

Après enquête, l’Arcom a estimé que l’absence de réaction de CNews constituait un « manquement » aux obligations de la chaîne qui « est tenue d’assurer une présentation honnête des sujets controversés, notamment en garantissant l’expression de points de vue différents ».

« L’intervenant a pu exprimer une thèse controversée qui n’était pas vérifiée par les données scientifiques acquises sans que la position qu’il défendait soit relativisée et sans qu’une contradiction sur ce sujet ne soit exprimée à la suite de ces propos », a ajouté l’Arcom dans son rapport, confirmant une amende de 20 000 euros pour CNews.

Le scepticisme climatique incontrôlé est-il un problème croissant dans les médias français ?

L’incident de CNews survient quelques semaines après un avertissement de l’Arcom à l’encontre de Sud Radio, une radio privée française fondée en 1958.

Le 29 mai, l’organisme de régulation a publié un rapport critiquant la station pour une édition de son programme Bercoff diffusée pendant la COP28 en décembre 2023.

Au cours de l’émission, le journaliste et animateur André Bercoff a réalisé une entrevue avec le physicien François Gervais, connu pour ses opinions controversées et sa tendance à se moquer des dangers des changements climatiques.

Dans l’interview, Gervais a parlé d’une apparente « arnaque climatique » et a déclaré que le réchauffement climatique « est une bonne chose ».

« À la fin du règne de Louis XIV, il faisait froid, les récoltes étaient mauvaises – et le froid tue plus sûrement qu’un peu de chaleur », poursuit-il, évoquant la fonte des glaces comme un problème mineur : « Ce n’est pas cela qui va nous engloutir. »

L’Arcom a constaté que les points de vue partagés « contredisaient ou minimisaient » le consensus scientifique sur le changement climatique « à travers un traitement manquant de rigueur et sans contradiction ».

Elle a également critiqué le manque d’équilibre assuré par le diffuseur et a déclaré que, si la désinformation climatique devait continuer, Sud Radio s’exposerait à une mise en demeure, puis à une sanction financière.

Bien que QuotaClimat ait publié à de nombreuses reprises depuis 2023 des rapports ciblant différents médias sur le manque de responsabilité face aux opinions négationnistes du changement climatique, le tableau n’est peut-être pas aussi sombre qu’il y paraît.

Bien que de nombreux progrès restent à faire dans le traitement des questions environnementales dans les médias et au gouvernement en France, Climat Médias – une organisation qui promeut l’augmentation des reportages sur le climat – affirme que ce type de discours climato-négatif à l’antenne a été, dans l’ensemble, historiquement faible au cours des dernières semaines.

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