Lucie Castets.

Jean Delaunay

La candidate au poste de Premier ministre en France, Castets, a les « super riches » dans sa ligne de mire en matière d’impôts

Actuellement, si vous êtes résident français et que votre résidence fiscale est située hors du pays, vous n’êtes imposable que sur vos revenus de source française, sauf cas rare.

Lucie Castets, une fonctionnaire qui aspire à devenir Premier ministre français, a pour projet de réorganiser le système fiscal du pays et de revitaliser les services publics.

Le jeune homme de 37 ans, soutenu par l’alliance du Nouveau Front populaire (NFP), et s’adressant au journal français La Tribune, a vivement critiqué les décisions budgétaires prises par le gouvernement centriste au pouvoir.

« On dit souvent que la gauche ne tient pas ses promesses et que la droite est plus disciplinée », a déclaré Castets.

« Mais je tiens à souligner que la majorité précédente a réduit les recettes annuelles de 40 à 50 milliards d’euros depuis 2017, et que des dépenses importantes ont été engagées sans aucune garantie de résultats. »

Alors que les Jeux olympiques de Paris ont désormais lieu, le président français Emmanuel Macron retarde la nomination d’un nouveau Premier ministre après la défaite de son parti aux récentes élections législatives.

Pour assurer la stabilité, Macron a plaidé pour que le Premier ministre sortant Gabriel Attal reste en poste « jusqu’à la mi-août ». D’ici là, a-t-il ajouté, il faudra trouver un candidat bénéficiant du « plus large soutien possible ».

« C’est avec détermination et responsabilité que j’accepte la proposition du Nouveau Front Populaire. La gauche est arrivée en tête et est appelée à gouverner. Je le ferai avec toute mon énergie et ma conviction. »

Il est à craindre que Castets, favori au sein de l’alliance NFP française, ne bénéficie pas de ce soutien transpartisan.

L’Assemblée nationale française est actuellement confrontée à un avenir incertain, aucun groupe politique n’ayant réussi à obtenir la majorité des sièges lors des élections législatives de ce mois-ci. Le NFP a obtenu 193 sièges, le parti d’Emmanuel Macron a gagné 164 sièges et le Rassemblement national d’extrême droite est arrivé troisième avec 143 sièges.

Les impôts baisseront pour la plupart des ménages

Directeur financier de la ville de Paris depuis octobre dernier, Castets affiche désormais de grandes ambitions pour le budget national.

L’un de ses objectifs est une refonte du système fiscal, qui impliquera l’introduction de 14 tranches pour rendre l’impôt sur le revenu plus progressif.

Cela signifiera des tarifs moins élevés pour une « grande partie des ménages », a affirmé Castets, et constitue un changement radical par rapport au système actuel à cinq tranches.

« Les expatriés fiscaux doivent également payer leurs impôts au fisc français », a poursuivi M. Castets. « Je vois cela comme une question de souveraineté. »

Actuellement, si vous êtes résident français et que votre résidence fiscale est située hors du pays, vous n’êtes imposable que sur vos revenus de source française, sauf cas exceptionnel. Cette mesure vise notamment à éviter la double imposition.

« En matière de fiscalité des milliardaires », a ajouté M. Castets, « la France doit être une force motrice » pour s’assurer que les super-riches paient leur juste part.

Son manifeste inclurait la réintroduction de l’impôt sur la fortune (ISF), remplacé par l’impôt IFI en 2017.

L’ancien système de prélèvement visait à taxer tous les types d’actifs détenus par les riches, tandis que l’IFI se concentre sur la propriété.

« Il n’est pas juste que les revenus du capital soient moins taxés que ceux du travail », a déclaré le candidat au poste de Premier ministre.

Castets a également suggéré que les mesures de soutien les plus généreuses aux entreprises, notamment les réductions de cotisations sociales, soient modifiées.

Les objectifs de déficit de l’UE ne sont pas la priorité numéro un

Pour financer le programme du PFN et « réduire le déficit », Mme Castets a affirmé qu’elle chercherait à « obtenir des recettes fiscales et sociales allant jusqu’à 150 milliards d’euros d’ici 2027 ».

L’alliance souhaite notamment abroger la réforme controversée des retraites de Macron, augmenter le salaire minimum français et injecter davantage d’argent dans les services publics.

« Je veux clarifier un point majeur : ce que nous n’investissons pas aujourd’hui dans l’éducation ou la santé nous coûtera beaucoup plus cher demain », a déclaré M. Castets.

« Cette année, 3 200 postes restent vacants dans l’enseignement primaire et secondaire, comme l’an dernier. Des enfants vont donc se retrouver sans enseignant. C’est dramatique. Cela met en péril les qualifications futures, et donc la qualité des emplois et l’économie dans son ensemble. Il est urgent de rendre le métier d’enseignant plus attractif en le valorisant… La même logique s’applique au système de santé. »

Ces promesses de dépenses, bien que sans doute bénéfiques à long terme, pourraient rendre Bruxelles nerveuse.

La France est actuellement sous le regard vigilant de la Commission européenne après avoir enfreint les règles budgétaires de l’UE, qui exigent que le déficit d’un État ne dépasse pas 3% de son produit intérieur brut. La dette, quant à elle, ne doit pas dépasser 60% du PIB.

En 2023, la France a largement dépassé cet objectif, enregistrant un déficit budgétaire de 5,5 % du PIB. La dette publique s’est établie à 110,6 % du PIB, ce qui a donné lieu à une procédure d’infraction de l’UE.

Si Mme Castets a déclaré espérer réduire le déficit de la France, elle a souligné que « l’objectif premier du PFN n’est pas de se conformer au Pacte de stabilité et de croissance (règles budgétaires de l’UE) ».

« Ce dernier a été mal renégocié », a-t-elle dit. « La France va proposer une nouvelle discussion ».

La décision de Castets d’assumer le rôle de Premier ministre dépendra de la volonté du président Macron de procéder à cette nomination.

Il est de coutume d’attribuer ce titre à un candidat désigné par le parti qui a remporté le plus de sièges à l’Assemblée nationale. Cependant, même si cela était controversé, le non-respect de cette convention ne constituerait pas une violation de la loi française.

En termes de mobilisation de soutiens pour le programme du NFP, Castets a souligné qu’elle était prête à faire des compromis avec tous les groupes, à l’exception du parti d’extrême droite du Rassemblement national.

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