Containers in the port of Frankfurt, with the ECB skyscraper in the background

Jean Delaunay

La BCE va-t-elle imposer une nouvelle baisse des taux d’intérêt lors de sa réunion de cette semaine ?

La BCE devrait annoncer une baisse de taux jeudi, en réponse à la baisse de l’inflation et à la détérioration des conditions économiques. L’inflation de la zone euro est tombée à 1,8 % en septembre, tandis que les faibles données PMI indiquent une stagnation économique.

La Banque centrale européenne (BCE) devrait annoncer une baisse de taux lors de sa prochaine réunion du 17 octobre, alors que la détérioration des conditions économiques et la baisse de l’inflation poussent les décideurs politiques à envisager d’assouplir davantage la politique monétaire.

En septembre, la BCE a déjà abaissé son taux de facilité de dépôt de 25 points de base, laissant la porte ouverte à de futurs ajustements. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a souligné l’importance d’une approche basée sur les données, réunion par réunion, déclarant que la banque resterait guidée par les indicateurs économiques.

Cependant, le compte rendu de la réunion précédente a révélé une inquiétude croissante parmi les décideurs de la BCE quant à la fragilité de la reprise économique plus large de la zone euro. Les risques pesant sur la croissance sont de plus en plus perçus comme étant orientés à la baisse, ce qui laisse espérer que la banque centrale réagira par des mesures plus conciliantes.

Les indicateurs d’inflation et économiques montrent des signes de faiblesse

Les données économiques ont renforcé la confiance selon laquelle l’inflation reviendra à l’objectif de 2 % de la BCE d’ici la fin de 2025, offrant ainsi une marge supplémentaire pour un assouplissement.

Le taux d’inflation annuel de la zone euro est tombé à 1,8 % en septembre, le plus bas depuis avril 2021 et en dessous du chiffre de 2,2 % d’août. Cette baisse s’explique principalement par la baisse des prix de l’énergie, même si l’inflation sous-jacente – hors prix volatils de l’énergie et des produits alimentaires – est restée plus stable à 2,7 %, en légère baisse par rapport à 2,8 %. L’inflation des services reste une préoccupation majeure, s’établissant à 4,0 % sur un an.

Dans le même temps, l’indice PMI composite HCOB de la zone euro est tombé sous le seuil des 50 points, indiquant une contraction de l’activité du secteur privé pour la première fois depuis février. Le secteur manufacturier est en récession depuis 27 mois et le coup de fouet apporté à l’activité des services par les Jeux olympiques d’été en France a atteint son terme.

L’économiste en chef de la Hamburg Commercial Bank, le Dr Cyrus de la Rubia, a déclaré : « La zone euro se dirige vers la stagnation. Compte tenu de la baisse rapide des nouvelles commandes et du carnet de commandes, il ne faut pas beaucoup d’imagination pour prévoir un nouvel affaiblissement de l’économie. « .

Les décideurs de la BCE ouverts à une baisse des taux

Les récents commentaires des décideurs de la BCE ont amené les marchés à anticiper une nouvelle baisse des taux en octobre. Lagarde a signalé que la BCE pourrait agir avant que l’inflation n’atteigne pleinement l’objectif de 2 %, notant que les vents contraires à la reprise s’intensifient.

Le gouverneur de la banque centrale grecque, Yannis Stournaras, s’est montré plus explicite, indiquant que les taux d’intérêt pourraient être réduits plus tôt que prévu.

Il a déclaré que les taux « très restrictifs » pourraient être rapidement assouplis, étant donné que « les indicateurs de confiance se situent juste entre la vie et la mort » et que l’inflation chute plus rapidement que prévu dans les prévisions de septembre de la BCE.

De même, le gouverneur de la banque centrale française, François Villeroy de Galhau, a laissé entendre qu’une baisse des taux était imminente, notant : « Une baisse des taux de la BCE est très probable, et ce ne sera pas la dernière. » Frank Elderson, membre du directoire, a ajouté que si l’inflation continue sur sa trajectoire actuelle, la BCE assouplirait progressivement sa politique restrictive.

D’un autre côté, des voix plus bellicistes, comme le gouverneur de la banque centrale autrichienne, Robert Holzmann, ont averti que « la lutte contre l’inflation est loin d’être terminée ».

Le gouverneur de la Banque centrale belge, Pierre Wunsch, a partagé ses inquiétudes, affirmant qu’il n’était pas clair qu’une croissance plus faible justifie à elle seule un changement de trajectoire des taux de la BCE.

Les analystes s’attendent à un assouplissement plus agressif

Les analystes des grandes banques d’investissement sont désormais de plus en plus favorables à des baisses de taux plus rapides et plus significatives.

Les économistes de Bank of America, Ralf Preusser et Ruben Segura-Cayuela, ont suggéré que la BCE pourrait réduire ses taux d’intérêt « plus que ce que le consensus prévoit et que les marchés n’anticipent ». Ils prévoient que même si la décision ne sera pas unanime, il y aura une forte majorité en faveur d’un assouplissement.

Danske Bank a également adopté une position plus conciliante, déclarant que « des indicateurs de croissance plus faibles que prévu, ainsi qu’une baisse de l’inflation, plaident en faveur d’une nouvelle baisse des taux de la part de la BCE ».

L’économiste de Goldman Sachs, Sven Jari Stehn, a prévu une baisse en octobre, citant que « les données disponibles indiquent un ralentissement plus rapide des pressions salariales et inflationnistes que prévu dans les projections des services de septembre ».

Il s’attend à de nouveaux ajustements en décembre et lors des réunions suivantes, la BCE pouvant potentiellement atteindre un taux terminal de 2 % d’ici juin 2025.

Les économistes de l’UBS prévoient que la BCE abaissera ses taux lors de ses réunions d’octobre, décembre, janvier et mars. De même, Citigroup prévoit que les réductions se poursuivront jusqu’au début de 2025, le taux de dépôt tombant à 1,5 % d’ici septembre 2025.

Néanmoins, tous les analystes ne s’accordent pas sur l’imminence d’une baisse des taux. Le groupe ING a exprimé des doutes quant à l’action de la BCE en octobre, arguant qu’une telle décision représenterait un changement dans la fonction de réponse de la banque, s’éloignant du contrôle de l’inflation pour stimuler la croissance.

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