La BCE a abaissé ses taux de 25 points de base en septembre, invoquant une action « appropriée » en raison de la désinflation et d’une reprise « fragile », selon le compte rendu de la réunion. Les risques pesant sur la croissance restent orientés à la baisse. Les décideurs politiques ont préconisé des réformes structurelles, comme l’a souligné Draghi.
La décision de la Banque centrale européenne (BCE) de réduire ses taux d’intérêt de 25 points de base en septembre a été jugée « appropriée » par les décideurs politiques en réponse à la désinflation actuelle, alors que la reprise économique de la zone euro montrait des signes d’essoufflement.
Selon le compte rendu de la réunion publié jeudi, même si la BCE reste confiante dans le fait que l’inflation est en bonne voie pour atteindre l’objectif de 2 %, la reprise au sens large est considérée comme « fragile », avec des risques pour la croissance de plus en plus orientés à la baisse.
La baisse des taux faisait partie d’une stratégie plus large visant à assouplir la politique monétaire tout en empêchant l’inflation de réaccélérer.
Les réformes structurelles mises en avant
Outre les ajustements monétaires, les membres de la BCE ont souligné la nécessité de réformes budgétaires et structurelles pour renforcer la compétitivité à long terme de la zone euro.
Le rapport historique de l’ancien président de la BCE, Mario Draghi, publié le mois dernier, avertissait que l’Europe risquait de prendre du retard par rapport aux États-Unis et à la Chine si elle n’investissait pas davantage dans la technologie et la productivité.
Les décideurs politiques réunis à Francfort ont exhorté les gouvernements à mettre en œuvre des politiques visant à améliorer la productivité et la compétitivité industrielle pour compléter leurs politiques monétaires.
« Le rapport est considéré comme adoptant une vision à long terme des défis auxquels l’Europe est confrontée, avec la question fondamentale sous-jacente de savoir comment les Européens peuvent rester maîtres de leur propre destin », indique le rapport.
L’inflation progresse, mais les inquiétudes persistent
Les membres de la BCE se sont montrés optimistes quant à la baisse constante de l’inflation, les données récentes renforçant leur conviction que l’objectif de 2 % pourrait être atteint « de manière durable et en temps opportun ».
La BCE reste « optimiste quant à la stabilisation de l’inflation à l’objectif de 2% d’ici fin 2025 ». Toutefois, les membres ont également noté que « l’inflation globale devrait rester volatile jusqu’à la fin de 2024 ».
Des inquiétudes subsistent quant à la persistance de l’inflation sous-jacente, notamment dans les services, qui reste élevée depuis fin 2023.
Même si des améliorations de l’inflation ont été constatées, la BCE a souligné qu’il était trop tôt pour crier victoire contre l’inflation.
Les révisions à la hausse de l’inflation sous-jacente et les surprises en matière d’inflation des services ont maintenu les membres prudents, les incitant à s’engager en faveur d’une approche réunion par réunion en matière d’ajustements politiques.
Faible croissance et projections inférieures
Le compte rendu met en lumière les inquiétudes croissantes concernant les perspectives économiques de la zone euro. Les projections de croissance pour 2024 et 2025 ont été revues à la baisse par rapport aux estimations précédentes de juin, reflétant la faiblesse de l’activité économique et l’affaiblissement de la demande d’exportations de la zone euro.
Le resserrement des conditions de crédit a également freiné la consommation et l’investissement, contribuant ainsi à une reprise plus lente que prévu initialement.
La BCE a reconnu que ces facteurs prolongeraient probablement le ralentissement économique.
Un assouplissement progressif, mais pas de précipitation
Pour l’avenir, la BCE a indiqué que tout nouvel assouplissement de sa politique serait progressif et dépendant des données. Même si la récente baisse des taux répondait à la désinflation, les membres ont souligné que de nouvelles baisses de taux devraient être traitées avec prudence.
Le compte-rendu indiquait : « Il ne devrait y avoir aucun engagement préalable sur une trajectoire de taux particulière », soulignant la nécessité de flexibilité à mesure que les conditions économiques évoluent.
Certains membres ont fait valoir que des réductions de taux plus agressives pourraient être justifiées si les risques baissiers pesant sur la croissance se matérialisaient ou si l’inflation diminuait plus rapidement que prévu. Toutefois, la position générale est restée prudente, l’accent étant mis sur la nécessité de ne pas annuler prématurément les progrès récents dans la lutte contre l’inflation.
Réactions du marché
Suite à la publication du compte rendu de la réunion de la BCE et des dernières données sur l’inflation américaine, l’euro s’échangeait en baisse de 0,1% à 1,0930 $ à 14h40 CET. Les investisseurs digéraient le ton prudent de la BCE sur la croissance économique ainsi que les chiffres de l’inflation américaine, supérieurs aux prévisions.
Le taux d’inflation annuel aux États-Unis a ralenti, passant de 2,5 % à 2,4 % en septembre, bien qu’il soit légèrement supérieur aux attentes d’une baisse à 2,3 %. En outre, l’inflation sous-jacente – hors volatilité des prix des produits alimentaires et de l’énergie – a augmenté de manière inattendue, passant de 3,2 % à 3,3 %, alimentant les inquiétudes quant à la persistance des pressions inflationnistes dans l’économie américaine.
Si l’euro clôture en baisse jeudi, cela marquera la 10e séance négative au cours des 11 derniers jours de bourse, reflétant les inquiétudes persistantes concernant les perspectives économiques de la zone euro et la force du dollar américain.
Les indices boursiers européens ont également baissé, l’Euro STOXX 50 en baisse de 0,3%. L’IBEX 35 espagnol a été le moins performant parmi les principaux marchés européens, avec une baisse de 0,8 %.
Ces ventes massives reflètent la prudence des investisseurs, dans un contexte de signaux mitigés provenant des données sur l’inflation mondiale et de la position prudente de la BCE en matière d’assouplissement monétaire.