Les militants pour le climat réclament des impôts sur la fortune des 1 pour cent les plus riches afin de limiter leur pollution et de payer les dommages.
Dix jours seulement après le début du mois de janvier, les 1 % de la population la plus riche ont déjà dépensé leur juste part du budget carbone mondial pour l’année.
C’est ce que révèle une nouvelle analyse d’Oxfam, qui cible les « modes de vie somptueux » des super-riches pour alimenter la crise climatique.
La « Journée des pollutocrates », comme l’a surnommée l’organisation de lutte contre la pauvreté et les inégalités, tombe au cours d’une semaine marquée par des scènes terrifiantes de dévastation due au climat à Los Angeles.
« L’avenir de notre planète ne tient qu’à un fil. La marge d’action est très mince, mais les super-riches continuent de gaspiller les chances de l’humanité avec leur style de vie somptueux, leurs portefeuilles d’actions polluantes et leur influence politique pernicieuse », déclare Nafkote Dabi, responsable de la politique sur le changement climatique à Oxfam International.
« C’est du vol – pur et simple – un petit nombre privant des milliards de personnes de leur avenir pour nourrir leur cupidité insatiable. »
Qui sont les 1 pour cent les plus riches ?
L’analyse d’Oxfam examine d’abord la quantité de CO2 qui peut être ajoutée à l’atmosphère sans dépasser le seuil de 1,5°C de réchauffement – au-delà duquel les catastrophes climatiques comme les incendies qui ravagent Los Angeles proliféreront.
Alors que la population mondiale devrait atteindre 8,5 milliards de personnes en 2030, on estime qu’une « juste part » des émissions de CO2 par personne compatibles avec un réchauffement de 1,5°C est de 2,1 tonnes par an.
Mais les 1 pour cent de la population la plus riche rejettent environ 76 tonnes de CO2 chaque année. Ils comprennent 77 millions de personnes, dont des milliardaires, des millionnaires et ceux qui gagnent plus de 140 000 dollars (136 000 euros) par an en termes de parité de pouvoir d’achat (PPA), qui aligne les différentes monnaies.
Une précédente étude d’Oxfam a révélé que cette minorité riche était responsable de 15,9 pour cent des émissions mondiales de CO2 en 2019. Les 50 pour cent les plus pauvres ne représentaient que 7,7 pour cent de toutes les émissions cette année-là.
Et tandis que les très riches ont atteint leur limite pour 2025 en 10 jours, il faudrait près de trois ans à quelqu’un appartenant à la moitié la plus pauvre de la population mondiale pour épuiser sa part du budget carbone annuel mondial.
Les super-pollueurs devraient payer la facture climatique, selon Oxfam
Pour atteindre l’objectif de 1,5°C, Oxfam a constaté que les 1 pour cent les plus riches doivent réduire leurs émissions de 97 pour cent d’ici 2030. Mais il est peu probable qu’ils resserrent volontairement leurs dépenses carbone dans cette mesure.
« Les gouvernements doivent cesser de se plier aux plus riches. Il faut faire payer les riches pollueurs pour les ravages qu’ils causent à notre planète », déclare Dabi.
« Taxez-les, réduisez leurs émissions et interdisez leurs indulgences excessives – jets privés, superyachts, etc. Les dirigeants qui n’agissent pas choisissent en réalité de se rendre complices d’une crise qui menace la vie de milliards de personnes. »
De tels appels à l’action se font de plus en plus bruyants, venant de divers horizons. Le groupe du G20 a discuté d’un impôt mondial minimum de 2 pour cent pour les quelque 3 000 milliardaires que compte le monde. Malgré le soutien apporté à la proposition brésilienne par la France, l’Espagne et d’autres pays l’année dernière, la soi-disant « taxe des milliardaires » a été rejetée lors de la dernière réunion à Rio en novembre.
La conférence sur le climat COP29 a également entendu des demandes visant à taxer les très riches afin de mobiliser le financement climatique indispensable. Taxer les voyageurs fréquents est une autre suggestion répétée des militants pour le climat.
De telles mesures limiteraient à la fois la pollution et aideraient à trouver des fonds pour financer les pertes et les dommages.
Le rapport d’Oxfam souligne la pertinence d’une série de statistiques surprenantes faisant état des immenses dégâts économiques, des pertes de récoltes considérables et des millions de morts supplémentaires provoquées par les super-pollueurs depuis 1990.
D’ici 2050, on estime que les émissions des 1 % les plus riches entraîneront des pertes de récoltes qui auraient pu fournir suffisamment de calories pour nourrir au moins 10 millions de personnes par an en Asie de l’Est et du Sud.
Oxfam exhorte désormais les gouvernements à introduire des impôts permanents sur le revenu et sur la fortune pour les 1 pour cent les plus riches, et à interdire ou taxer de manière punitive les consommations de luxe à forte intensité de carbone – à commencer par les jets privés et les superyachts.
Il ajoute que les entreprises et les investisseurs doivent être réglementés pour réduire de manière drastique et équitable leurs émissions.