La France organise une campagne de séduction pour rendre visite au Premier ministre indien Narendra Modi, invité d’honneur du défilé annuel du 14 juillet.
La France cherche à renforcer encore sa coopération avec New Delhi sur un éventail de sujets allant du climat aux ventes militaires en passant par la région stratégique Indo-Pacifique.
Mais les droits de l’homme, considérés comme un sujet de plus en plus pressant en Inde sous le Premier ministre Narendra Modi, étaient absents du vaste programme.
Le président Emmanuel Macron a salué l’Inde dans un discours jeudi soir devant des responsables de la défense comme un « partenaire clé » pour « l’avenir » de la France.
« C’est un géant de l’histoire du monde qui aura un rôle déterminant dans notre avenir », a-t-il déclaré avant un dîner avec Modi à l’Elysée, qualifiant l’Inde de « partenaire stratégique et ami ».
Macron, avec Modi à ses côtés, présidera le grandiose défilé militaire annuel de vendredi pour marquer la fête nationale de la France. Les troupes indiennes défileront et trois avions Rafale indiens de fabrication française effectueront un survol.
Alors que Modi arrivait jeudi, le Conseil indien d’acquisition de la défense a approuvé l’achat de 26 Rafale pour la marine indienne. Le prix est à négocier avec les Français, précise un communiqué.
L’achat de trois sous-marins Scorpène, développés par la France et l’Espagne, a également été approuvé.
Les critiques ont exprimé leur inquiétude quant au fait que la France accorde une telle plate-forme à Modi. Le Premier ministre indien de 72 ans est largement considéré comme de plus en plus autoritaire et son parti nationaliste hindou comme source de division.
Dans un rapport publié en avril, le groupe de campagne Amnesty International a déclaré que la liberté d’expression avait diminué sous le Premier ministre indien.
Le Parlement européen a adopté jeudi une résolution pour que « les droits de l’homme soient intégrés dans tous les domaines du partenariat UE-Inde, y compris dans le commerce ». La résolution appelait les États membres « à soulever systématiquement et publiquement les préoccupations relatives aux droits de l’homme » au plus haut niveau.
La visite de deux jours de Modi intervient alors que Paris et New Delhi marquent le 25e anniversaire de leur partenariat stratégique.
Il précède de manière cruciale le voyage de Macron ce mois-ci dans la région Indo-Pacifique, qui abrite 1,5 million de ressortissants français.
Les discussions avec Modi visent à garantir que la vaste région reste un espace où la sécurité, notamment des mers, et d’autres préoccupations clés comme le climat sont préservées. Macron l’a qualifié de « stratégie essentielle pour l’équilibre de la planète ».
Modi est courtisé par d’autres nations. Sa visite de deux jours en France fait suite à son voyage de juin aux États-Unis, où le président Joe Biden a offert à Modi un somptueux accueil. Modi était récemment en Égypte et il doit se rendre aux Émirats arabes unis après avoir quitté la France.
Dix personnalités, dont le célèbre économiste Thomas Piketty et l’ancien ambassadeur de France au Danemark France Zimeray, ont imploré Macron dans un commentaire jeudi dans le journal Le Monde d' »encourager le Premier ministre Modi à mettre fin à la répression de la société civile, à assurer la liberté des grands médias (médias) ». et protéger la liberté religieuse ».
Modi, qui gouverne la plus grande population du monde, parle rarement à la presse dans son pays ou à l’étranger. Mais répondant à une question sur les droits de l’homme lors d’une rare conférence de presse lors de son voyage à Washington, il a déclaré que « la démocratie coule dans nos veines » et a insisté sur le fait qu’il n’y avait « absolument aucune place pour la discrimination ».