Par ELISA BERTHOLOMEY
Avec SARAH PAILLOU et ANTHONY LATTIER
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DIDOU. L’information dont vous risquez d’entendre parler en ce mercredi 8 janvier 2025, c’est Didier Deschamps qui quittera l’équipe de France en 2026. Mais pas que. Bon réveil à toutes et tous.
DÉCÈS DE JEAN-MARIE LE PEN
RIP. Alors que les discussions suivaient leur cours à Bercy avec les forces politiques sur le budget et à Matignon avec les partenaires sociaux — elles continuent d’ailleurs aujourd’hui — , la journée d’hier a été marquée par l’annonce de la mort de Jean-Marie Le Pen. L’ancien leader du Front national (devenu Rassemblement national) est décédé à l’âge de 96 ans, le jour du dixième anniversaire de l’attentat de Charlie Hebdo. Marine Le Pen a appris la disparition de son père dans l’avion qui la ramenait de Mayotte.
Votre infolettre, après avoir lu et relu les différents articles récapitulant la vie de “JMLP” (à consulter ici et là), a parcouru les (rares) réactions et hommages des hommes politiques à ce décès — ou l’art de tourner sept fois son doigt en l’air avant d’écrire un message. Les voici.
Service minimum. C’était un “tribun du peuple” qui a “toujours servi la France, défendu son identité et sa souveraineté”, a sobrement iXé le patron du RN, Jordan Bardella, oubliant un peu vite la vingtaine de condamnations de Jean-Marie Le Pen pour faits d’injures publiques, discriminations, incitations à la haine ou apologie de crimes de guerre. Le parti, lui, s’est montré un poil plus prolixe sur son ancien président et a rendu hommage à “un homme politique courageux et talentueux” resté un “emblématique défenseur des peuples”.
Différencier l’homme de l’artiste. Tout autre son de cloche, évidemment, sur le compte X de Jean-Luc Mélenchon qui, après avoir souligné que “le combat contre l’homme est fini”, a invité ses abonnés à poursuivre la bataille contre “la haine, le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme qu’il a répandus”. Playbook a noté le silence presque complet du reste de la gauche. Les roses, verts et rouges ont préféré se concentrer sur l’hommage aux victimes de Charlie Hebdo plutôt que commenter la mort de leur ancien adversaire politique.
Antiphrase. Playbook a en revanche apprécié à sa juste valeur le lyrisme du communiqué élyséen. En tout, dix petites lignes récapitulant dans un style télégraphique la carrière politique du “Menhir”, et une phrase pour souligner son “rôle dans la vie publique de notre pays pendant près de soixante-dix ans, qui relève désormais du jugement de l’Histoire”. Next.
Poin poin poin poin. Mais la palme de l’hommage le plus commenté revient sans conteste à François Bayrou. Une “figure de la vie politique française” et “un combattant”, a pianoté le Premier ministre qui, toujours sur X, a voulu se placer “au-delà des polémiques”. Cette expression n’a pas manqué de déclencher moult réactions de contestation à gauche (là ou là). “Quoi qu’on dise ou fasse, sur une personnalité éruptive comme Jean-Marie Le Pen, il n’y a que des coups à prendre”, soupirait a posteriori un communicant gouvernemental.
GOUVERNEMENT BAYROU
À POINT NOMMÉ. Un autre personnage — bien vivant, lui — complique aussi la journée de François Bayrou aujourd’hui : c’est Bruno Retailleau. Dans Le Parisien comme sur RTL hier matin, le ministre de l’Intérieur déclarait vouloir une loi pour interdire le port du voile aux accompagnatrices scolaires et à l’université.
Fallait-il éviter d’ouvrir un autre front avec la gauche alors que le gouvernement tente, ces jours encore, de convaincre le PS de ne pas le censurer ? Peut-être. Mais “le Premier ministre a voulu des fortes personnalités dans son gouvernement, qui n’ont pas peur d’avoir des positions très affirmées”, assumait un conseiller de François Bayrou dans la soirée.
Surtout, ne voyez point de quelconque calcul politique aux déclarations retaillesques. Il ne s’agit là que de “l’avis” du ministre de l’Intérieur. Pas celui du gouvernement. D’ailleurs, “il n’y a rien dans les tuyaux”, nous promettait l’un des proches de Retailleau en fin de journée. “Il donne des idées”, insistait-il encore, et indique simplement “ce que la droite ferait si elle était au pouvoir”. Juré, craché.
Pouce en bas. Comme il fallait s’y attendre, la proposition du ministre de l’Intérieur n’a guère soulevé l’enthousiasme des macronistes, en particulier de l’aile gauche. “Non”, a sobrement répondu l’ancien ministre Roland Lescure sur X.
Playbook ne peut s’empêcher de vous signaler également cette archive datant de 2016 postée par Ambroise Méjean, le président des Jeunes avec Macron. “Interdire le voile ce n’est pas une option. La laïcité c’est une liberté”, y déclare un invité d’RTL. Son nom ? Emmanuel Macron.
LOI D’URGENCE POUR MAYOTTE
TOUTE PREMIÈRE LOI. Un peu plus de deux semaines après sa nomination, voilà le gouvernement Bayrou confronté à un premier test législatif puisqu’aujourd’hui, le projet de loi d’urgence pour Mayotte est présenté en conseil des ministres. Il sera examiné lundi prochain en commission à l’Assemblée nationale et à partir du 20 janvier dans l’hémicycle. La députée Liot de l’archipel Estelle Youssouffa doit en être la rapporteure, a appris votre infolettre.
Que comporte le texte ? Une vingtaine d’articles, des mesures de court terme pour faciliter la reconstruction de logements et d’infrastructures ou accélérer les procédures en matière de règles d’urbanisme et de marché public. Pour éviter qu’un événement comme le passage du cyclone Chido se reproduise, l’archipel doit en outre s’adapter au réchauffement climatique. Mes collègues d’Energie-Climat listent les risques auxquels Mayotte est confrontée (dès 7h30 pour nos abonnés pro).
Consensuel. Bien sûr, le projet de loi sera amendé, mais le texte a tout de même de fortes chances d’être adopté d’ici quelques semaines. Pour une raison simple : les mesures les plus polémiques, comme celles concernant l’immigration, n’y figurent pas, et feront l’objet d’un autre texte en mars, nous indiquait hier le cabinet du ministre Manuel Valls.
Obsession. “Le gouvernement risque d’être mis en difficulté, car Marine Le Pen va vouloir des dispositions là-dessus tout de suite”, pointait un bon connaisseur du dossier dans l’oreille de votre infolettre hier. Depuis l’archipel mahorais, Marine Le Pen a avancé une seule et unique solution pour redresser la situation à Mayotte : “mettre fin à l’immigration clandestine”.
En haut de la pile. Au ministère des Outre-mer, on s’échinait à rappeler que “le sujet migration est pris très au sérieux par le ministre et le gouvernement” et que des mesures seront présentées, “très vite”, pour lutter contre l’immigration irrégulière et l’habitat illégal. D’ailleurs, pour mémoire, les ministres Valls, Retailleau et Lecornu ont affiché leur “fermeté” en la matière sur ce sujet dans Le Figaro dimanche. Et le Premier ministre lui-même considère qu’il y a “un problème d’immigration brûlant à Mayotte”, rappelait Matignon.
VIE DES PARTIS
UN POSTE À L’HORIZONS. A tous ceux qui se désolent car ils ne savent pas qui sera le prochain président du groupe Horizons à l’Assemblée : les députés philippistes se réunissent en visio aujourd’hui pour en discuter. Il leur faut en effet trouver un remplaçant à Laurent Marcangeli qui a laissé son siège vacant en devenant ministre de l’Action publique le 23 décembre.
Délais. Si le calendrier et les modalités de la désignation seront discutés tout à l’heure, l’élection interne ne devrait pas avoir lieu tout de suite, dans l’attente du retour à l’Assemblée des deux ex-ministres Horizons (Paul Christophe et Marie-Agnès Poussier-Winsback) qui ont perdu leur poste avec la chute de Michel Barnier (et ne pourront revenir siéger qu’à la fin du mois).
Valletoux sèche. Personne n’a déclaré sa candidature à ce stade, mais plusieurs sources internes s’attendent à ce que Paul Christophe se présente. En revanche, l’ex-ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, poids lourds du groupe, n’est pas intéressé, nous apprenait son entourage hier. Le député préfère se consacrer à la présidence de la commission des Affaires sociales qu’il occupe depuis trois mois.
ON SE LE NOTE. Ce soir aura lieu au dans un café parisien du 14e arrondissement la première réunion publique d’un courant des Ecologistes baptisé “Faire gagner l’écologie”, dans la perspective du congrès du parti, prévu pour le mois d’avril. En présence, notamment, de la députée Eva Sas et de Florent Letissier, adjoint à la maire de Paris, qui les représentent. En jeu : rien, ou presque.
Hein ? Eh oui. Depuis la refonte de leurs statuts au mois de mars dernier, ce ne sont plus des motions qui s’affrontent chez les écolos afin de désigner leur nouveau patron, comme le rappelait Le Figaro ce week-end. Le burex du parti ne présentera qu’un seul “texte d’orientation”, amendable par les différentes motions (qui n’existent plus en tant que telles, allez comprendre).
En d’autres termes, la secrétaire nationale sortante, Marine Tondelier, a toutes les chances d’être réélue tranquille. Sauf “énorme renversement”, nous précisait hier un expert du sujet.
N’empêche, on ne raye pas d’un trait les courants internes des écolos : les organisateurs de la réunion ce soir représentent l’aile droite du parti — disons plutôt la ligne “réaliste” de Yannick Jadot à la dernière primaire — aujourd’hui incarnée notamment par Jérémie Ioardanoff, vice-président de l’Assemblée. A ce stade, l’ancien candidat à la présidentielle, devenu sénateur de Paris, n’a toutefois soutenu personne officiellement.
Mais aussi : la ligne “écoféministe” portée par Sandrine Rousseau tiendra pour sa part un premier petit raout le 13 janvier, à Paris aussi. L’intitulé de ce courant-là : “Radicalement vôtre”. La députée y sera au côté de ses queens, Mélissa Camara (eurodéputée) et Harmonie Lecerf Meunier (adjointe au maire de Bordeaux).
AUSSI À L’AGENDA
Emmanuel Macron préside le conseil des ministres à 10 heures. Il se rend ensuite à la cérémonie organisée par la mairie de Montrouge en hommage à la brigadière de police municipale Clarissa Jean-Philippe, victime des attentats de janvier 2015 à 11h20. A 16 heures, il présente ses vœux au Conseil constitutionnel, puis aux autorités religieuses à 17 heures.
François Bayrou s’entretient avec Sophie Binet à 19h30 à Matignon.
Eric Lombard, accompagné d’Amélie de Montchalin et de Patrick Mignola reçoit Eric Ciotti à 8h20 puis Raphaël Daubet à 12h30. A 14 heures, c’est au tour de Fabien Roussel, Cécile Cukierman et André Chassaigne de se rendre à Bercy. Marine Tondelier, Cyrielle Châtelain, Thomas Dossus et Ghislaine Senée y vont à 17h. Jean-Noël Barrot reçoit Anthony Blinken à 15h30.
Aurore Bergé se rend à Hautmont à 18 heures pour l’hommage à Isabelle, victime de féminicide. Astrid Panosyan-Bouvet se rend dans l’Aveyron où elle visite l’agence France Travail ainsi que la Direction Départemental de l’Emploi, des Solidarités et de la Protection des Populations de Rodez. Marc Ferracci se déplace à Arques dans le Pas-de-Calais où il visite le site du groupe ARC à 16 heures. Valérie Létard échange avec Eric Piolle à 8h30. Elle voit ensuite Nicolas Joly, directeur général d’Icade à 14 heures puis Christophe Baguet, maire de Boulogne-Billancourt, à 16 heures. A 18h30, elle participe à une réunion de travail avec les acteurs du logement social à Mayotte. Françoise Gatel se rend aux obsèques de Patrick Gendraud, président du conseil départemental de l’Yonne.
Yaël Braun-Pivet s’entretient avec Valérie Trierweiler avant d’échanger avec les membres du Comité de soutien international à Boualem Sansal.
Gérard Larcher échange avec Patrick Mignola à 8h30. Il reçoit Olivier Sichel, directeur général du groupe Caisse des dépôts à 16h30.
Meeting de Louis Boyard à Villeneuve-Saint-Georges à 19 heures pour la présentation de la liste Insoumise à l’élection municipale des 26 janvier et 2 février. Seront présents Manuel Bompard et Rachel Keke.
MATINALES
7h15. France 2 : Olivier Beaumont, chef-adjoint service politique du Parisien/Aujourd’hui en France.
7h30. Public Sénat : Saïd Omar Oili, sénateur EPR de Mayotte.
7h40. TF1 : Louis Aliot, vice-président du RN et maire de Perpignan … France 2 : Arnaud Rousseau, président de la FNSEA … RTL : Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale et députée du Val-de-Marne … RMC : Laurent Jacobelli, porte-parole du RN et député de Moselle.
8h00. Public Sénat : Jérôme Guedj, porte-parole du PS et député de l’Essonne.
8h10. Europe 1/CNEWS : Sébastien Lecornu, ministre des Armées.
8h15. Radio Classique : Eric Delbecque, responsable de la sécurité de Charlie Hebdo après l’attentat de 2015 … RMC : Julien Damon, professeur à Sciences Po et spécialiste des politiques familiales.
8h20. France Inter : Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.
8h30. BFMTV/RMC : Alain Duhamel, éditorialiste politique … Sud Radio : Louis Aliot, vice-président du RN et maire de Perpignan … LCI : Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT.
CARNET
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : A peine ouverte, l’hypothèse d’un deuxième texte fiscal déjà refermée ? … Bayrou dit non au PJL roue de secours de Coquerel-Courson … Air France et cie espèrent un nouveau crash de la taxe billets d’avion. C’est à 7h30 pour nos abonnés L’Observatoire de l’Europe Pro.
MÉTÉO. Il pleuvra aujourd’hui pour le meeting de Louis Boyard à Villeneuve-Saint-Georges, où, après une avalanche de démissions au conseil municipal, la préfecture du Val-de-Marne a convoqué des élections municipales partielles.
ANNIVERSAIRES : Gilbert Bouchet, sénateur LR de la Drôme.
PLAYLIST. Hommage à Jean-Marie Le Pen avec Cause à effet de Diam’s.
Un grand merci à : nos éditrices Zoé Courtois et Pauline de Saint Remy, Loïc Pradier pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne.
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