Le Parlement européen examine une pétition réclamant l’interdiction de la fourrure. Bien que la pétition soit une bonne nouvelle pour le bien-être animal, certaines inquiétudes ont été exprimées quant aux conséquences économiques potentielles de l’interdiction, l’UE étant l’un des principaux producteurs et vendeurs de fourrure.
L’initiative citoyenne européenne Fur Free Europe appelle à l’interdiction de l’élevage et de la vente d’animaux à fourrure dans l’Union européenne.
Il a rassemblé plus de 1,5 million de signatures dans 18 États membres et est présenté jeudi au Parlement européen par les commissions du marché intérieur et de la protection des consommateurs (IMCO) et de l’agriculture et du développement rural.
Une interdiction quasi totale de la fourrure dans l’UE entraînerait la fermeture de milliers de fermes et obligerait de nombreux producteurs de vêtements à se tourner vers des collections sans fourrure ou en fausse fourrure.
Bien que la pétition constitue une évolution positive pour le bien-être animal, certains expriment leurs inquiétudes quant à son éventuel impact économique, étant donné que l’UE occupe une position importante sur le marché mondial de la fourrure. Ces craintes sont-elles fondées ?
Quelle est l’importance de l’industrie européenne de la fourrure ?
L’UE est le deuxième producteur mondial de fourrure, derrière la Chine.
En 2021, les exportations de fourrure de l’UE représentaient 107,8 millions d’euros, selon plusieurs organisations de protection des animaux.
L’industrie représente environ 100 000 emplois, répartis entre l’agriculture, la production et la vente de produits en fourrure.
Mais la production de fourrure dans l’UE est déjà en forte baisse.
Jusqu’à présent, 14 États membres ont interdit l’élevage d’animaux à fourrure et nombre d’entre eux ont mis en œuvre des lois strictes pour garantir le bien-être des animaux, ralentissant de facto la production de fourrure.
L’industrie est-elle vouée à disparaître ?
Les derniers chiffres laissent entrevoir un avenir plutôt pessimiste pour l’industrie : en seulement deux ans, la production de fourrure a été réduite de plus de moitié – et elle est en déclin depuis environ une décennie.
Selon The Fur Free Alliance, la production de fourrure de vison représentait 18 millions de peaux en 2020 dans l’UE, et était tombée à 7,5 millions l’année dernière. Il en va de même pour la fourrure de renard, avec 700 000 pièces produites en 2022, contre 1,2 million en 2020.
La diminution de la demande est attribuée à la campagne de sensibilisation des groupes de protection des animaux, associée à l’effet de la pandémie de COVID-19 qui a accru la méfiance à l’égard de la transmission des maladies de l’animal à l’homme.
Le Danemark, un grand producteur européen de fourrure de vison, a décidé de tuer environ 15 millions d’animaux pour empêcher la transmission des variantes du COVID-19.
Les défenseurs des droits des animaux peuvent être assurés que l’industrie européenne de la fourrure n’est pas la seule à décliner.
La Chine, premier producteur mondial de fourrure, et le Canada, dont la production de fourrure est ancrée dans les traditions du pays, ont également vu leurs industries diminuer rapidement ces dernières années.
Après le dépôt de la pétition interdisant la fourrure jeudi, les membres du Parlement européen devraient débattre de l’interdiction le 19 octobre, en tenant compte à la fois des conséquences pour l’industrie européenne de la fourrure et du bien-être animal.