Attal conduit la métro

Martin Goujon

Himalaya, début d’ascension

Le briefing politique essentiel du matin.

POLITICO Playbook Paris

Par ANTHONY LATTIER

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SARKO (ENCORE) À LA BARRE. L’ancien président français a-t-il noué avec le clan de l’ex chef de l’Etat libyen Mouammar Kadhafi un “pacte de corruption” pour financer sa campagne présidentielle en 2007 ? C’est la question à laquelle le tribunal va tenter de répondre au cours du procès exceptionnel qui s’ouvre aujourd’hui à Paris. Nicolas Sarkozy risque 10 ans de prison.

Retour sur investissement. Dans cette affaire diablement complexe (l’ordonnance de renvoi fait tout de même 557 pages), douze autres prévenus sont jugés, dont trois des anciens ministres de Sarkozy (Brice Hortefeux, Claude Guéant et Eric Woerth) et des intermédiaires, Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri. Ce procès-fleuve va durer plus de trois mois : c’est le moment de prendre quelques minutes pour en comprendre les grands enjeux. Et pour ce faire, Playbook vous conseille d’aller par ici, par là ou encore par là.

Bon matin aux Canadiens qui pourraient bien n’avoir plus de Premier ministre d’ici la fin de la semaine, nous sommes lundi 6 janvier 2025 et l’année ne fait que commencer.

L’EXÉCUTIF DÉJÀ SOUS PRESSION

BUDGET 2025, SAISON 2. Finie la parenthèse enchantée de Noël, retour à la froide réalité : la France n’a toujours pas de budget pour 2025. Le gouvernement de François Bayrou a la tâche himalayenne d’en concevoir un sans se faire censurer comme son prédécesseur.

Plan de bataille. Les nouveaux visages de Bercy lancent les hostilités dans les médias ce lundi. Le ministre de l’Economie Eric Lombard, invité de France Inter à 8h20, joue la carte de la main tendue et reçoit à partir d’aujourd’hui les partis politiques (le Modem et le PS ouvrent le bal). Sa collègue aux Comptes publics, Amélie de Montchalin, l’accompagnera dans ces discussions et sera à 7h40 sur France 2.

Règles du jeu. La teneur de ces pourparlers, leur objectif, les risques, Amélie de Montchalin en parle dans Le Parisien. Elle y affiche sa volonté de “trouver un compromis” avec les forces politiques et appelle “chacun à faire un pas”. Le message s’adresse en particulier aux responsables du PS, que le gouvernement espère amadouer après les avoir quelque peu refroidis en décembre.

Lignes oranges. Montchalin, qui reprend la copie de Michel Barnier comme base de travail, promet qu’elle n’a pas de lignes rouges. Mais déclare quand même avoir — attention, nuance — des “convictions fortes”. A commencer par la nécessité de faire des économies “pour ramener le déficit à 3% au plus tard en 2029”.

Le marché Montchalin. La ministre garde du budget Barnier la contribution supplémentaire des grandes entreprises, la taxe sur les rachats d’action et la taxe sur les billets d’avion. Celle sur les hauts revenus, en revanche, “du fait de la censure, ne peut pas s’appliquer”, affirme-t-elle.

Poubelle : les hausses d’impôts “qui pénaliseraient le pouvoir d’achat de la classe moyenne”. Elle exclut en particulier toute hausse de la TVA.

Il ne faudrait pas l’oublier : le gouvernement doit également reprendre le fil de l’examen du budget de la Sécurité sociale, interrompu net par la censure. Catherine Vautrin, à la tête du mégaministère Travail, Santé, Solidarités et Familles, veut jouer la même partition que Bercy. Entourée de quatre de ses collègues, elle a, elle aussi, invité cette semaine les présidents des groupes parlementaires pour des consultations qui vont démarrer demain, a appris Playbook ce week-end.

AUTRES SUJETS BRÛLANTS. L’élaboration des deux budgets est loin d’être le seul front surveillé par le nouvel exécutif en cette rentrée. La colère des agriculteurs — dont vous parlait Dimanchissime hier — est suivie de près alors, qu’à nouveau, des tracteurs sont en route pour Paris à l’appel de la Coordination rurale (syndicat réputé proche du RN).

Ce n’est pas tout. La reconstruction de Mayotte accapare aussi François Bayrou. Le Premier ministre doit présenter cette semaine un projet de loi d’urgence en conseil des ministres sous le regard et la pression accentuée de Marine Le Pen.

Bastion. Deux semaines après la visite tendue d’Emmanuel Macron, la présidente du groupe RN à l’Assemblée a d’ailleurs atterri dimanche dans l’archipel, où elle était arrivée en tête au second tour de la présidentielle en 2022 et où son parti a décroché un siège de député en 2024. Ce qui faisait dire sans complexe à l’un de ses soutiens contacté hier par Playbook que le département est devenu un “fief” et même une “place forte du RN”.

Finalement bof. Si Marine Le Pen avait d’abord estimé que le plan annoncé par Bayrou allait “dans le bon sens”, promettant d’”amender” le texte d’urgence, elle a durci le ton hier et critiqué ses insuffisances. Il lui manque un “volet diplomatique”, a-t-elle regretté, notamment en matière de lutte contre l’immigration clandestine.

Magical Trio. En face, le gouvernement ne veut pas laisser Le Pen occuper seule ce terrain. Trois ministres (Retailleau, Valls et Lecornu) ont appelé ce week-end dans Le Figaro à une ” fermeté migratoire” à Mayotte, tandis que François Bayrou s’était montré ouvert à la relance du débat sur la suppression du droit du sol à Mayotte.

Le hic : la proposition est loin de faire consensus parmi les siens. La numéro 2 de son gouvernement, Elisabeth Borne, a estimé hier sur BFMTV que ce n’était “pas la bonne voie”.

RETAILLEAU – DARMANIN

LA BROMANCE. Eux, en revanche, sont d’accord sur cette mesure — et sur bien d’autres. Le nouveau ministre de Justice Gérald Darmanin, qui avait promis la fin du droit du sol dans le département quand il était à Beauvau, et Bruno Retailleau, son successeur au ministère de l’Intérieur, déjeunent ensemble aujourd’hui place Vendôme. Ils ont prévu d’aborder les nombreux sujets qu’ils ont en partage : la coordination de l’action de la police et de la justice, l’examen de la proposition de loi sur le narcotrafic, la lutte contre la délinquance et tutti quanti.

Love Actually. Si les ministres s’appellent “quasiment tous les jours”, selon un conseiller de Darmanin, c’est leur premier vrai échange de travail depuis leur nomination le 23 décembre. Le nouveau tandem Intérieur-Justice (qui ne manque pas de jouer le contraste avec le précédent, composé de Bruno Retailleau et Didier Migaud) fait assaut d’amabilité l’un envers l’autre, tandis que leurs entourages vantent la proximité idéologique et la complémentarité de leurs meneurs respectifs.

La preuve : même si Darmanin, fidèle à lui-même, a multiplié les annonces et les déplacements dès son arrivée place Vendôme, Bruno Retailleau n’en a point pris ombrage, à en croire un proche de ce dernier au téléphone avec Playbook récemment. “On ne fait pas la course à l’échalote”, nous jurait-il, jugeant que Darmanin n’avait pas empiété sur les plates-bandes de Retailleau.

Une bonne entente de circonstance qui tient aussi, selon notre source, au fait que les deux hommes n’appartiennent pas au même parti —Retailleau est LR, Darmanin, ex-LR, pointe à Renaissance —, empêchant une compétition interne qui pourrait être délétère : “Il n’y a pas de scénario où ils sont l’un contre l’autre”. Note de la rédaction : pas à ce stade, en tout cas.

LÉGISLATIVE PARTIELLE

BOULOGNE À LA BAGUET. Il ne reste plus que quelques jours avant la clôture du dépôt des candidatures à l’élection législative partielle qui se tiendra début février dans la 9e circonscription des Hauts de Seine. Alors que Renaissance a investi samedi sa candidate, Laurianne Rossi, le maire LR de Boulogne-Billancourt Pierre-Christophe Baguet et la cinquantaine de membres de sa majorité se réunissent ce soir à 18 heures pour choisir celui ou celle qui sera leur candidat.

RIP. C’en est donc officiellement fini de l’accord baptisé arc républicain. Passé après la dissolution entre — notamment — Renaissance et LR, ce pacte avait pour but de présenter des candidats communs au niveau local (et notamment dans les Hauts-de-Seine).

Rien ne va plus désormais entre le président de Renaissance Gabriel Attal et le puissant maire de Boulogne, qui ont acté leur désaccord lors d’un échange téléphonique samedi, chacun refusant de se ranger derrière l’autre. Pierre-Christophe Baguet entend reprendre la main sur sa circonscription (qui se confond avec la ville de Boulogne) après avoir consenti l’an passé à soutenir la candidature du macroniste Stéphane Séjourné, parti entre-temps à la Commission européenne.

Le nom. La candidate a la députation soutenue par le maire Baguet devrait en tout logique être celle qui sera désignée ce soir pour porter les couleurs LR. Il s’agit de l’une de ses adjointes, Elisabeth de Maistre. Après avoir été la suppléante de Séjourné, elle est la candidate “légitime”, nous expliquait Pierre-Christophe Baguet, au téléphone avec Playbook hier soir.

Coup de Maistre. Pour donner du poids à cette candidature, Baguet a annoncé à Playbook qu’il serait lui-même suppléant. Une façon, justifiait-il, “de bien montrer que c’est une candidature issue de la majorité municipale”.

Une façon, aussi, de marquer son opposition au choix de Renaissance qui a investi une ex-députée En marche qui habite Boulogne, mais qui est élue municipale de Montrouge (en dehors de la circonscription donc). “Gabriel Attal remet en cause l’accord (de juin 2024) en faisant cavalier seul, ce n’est pas convenable”, taclait Baguet, qui se prévaut, lui, de garder le soutien des partis centristes de l’UDI et du MoDem.

Gabriel Attal, qui n’a que peu goûté le fait que LR présente ses propres candidats dans deux autres partielles, avance l’argument inverse : il estime que Boulogne est une circonscription qui a été “attribuée au parti Renaissance” en juin dernier et juge donc légitime d’y présenter une nouvelle candidature.

Le tandem de Maistre-Baguet devrait, selon toute vraisemblance, être validé par le parti LR. “On sera attentif au choix du maire”, nous assurait un proche de Laurent Wauquiez hier. Il sera difficile de faire autrement : Baguet aime à rappeler qu’il est le seul maire LR d’une ville de plus de 100 000 habitants.

AUSSI À L’AGENDA

Emmanuel Macron reçoit les ambassadeurs à 11h30 à l’Elysée dans le cadre de la 30ème édition de la Conférence des ambassadrices et ambassadeurs. C’est l’occasion pour le PR de fixer les grandes orientations de politique étrangère et les priorités internationales de la France. Mes collègues vous en disent davantage ce matin dans leur newsletter Paris Influence (pour les abonnés).

A 17 heures, le chef de l’Etat participe à la cérémonie de la galette de l’Epiphanie à l’Elysée, en compagnie des représentants de la profession des artisans boulangers-pâtissiers, des Meilleurs ouvriers de France et Meilleurs apprentis de France, ainsi que les lauréats des Rabelais des jeunes talents de la gastronomie. 

Elisabeth Borne se rend à 8 heures à l’école élémentaire Hélène Boucher à Longjumeau, dans l’académie de Versailles.

Eric Lombard, accompagné d’Amélie de Montchalin et de Patrick Mignola, reçoit Marc Fesneau à 9 heures, puis Olivier Faure, Boris Vallaud et Patrick Kanner à midi. 

Jean-Noël Barrot accueille la Conférence des ambassadrices et ambassadeurs au Quai d’Orsay. A 18 heures, il participe à la séance plénière aux côtés du ministre polonais des Affaires étrangères Radosław Sikorsk, invité d’honneur de la Conférence. 

Marc Ferracci se rend dans le Puy-de-Dôme pour un déplacement autour des enjeux de souveraineté alimentaire, énergétique et sanitaire. A 8h30, il s’entretient avec Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand. Puis, il se rend sur les sites de Jacquet Brossard et de BioUpp. En début d’après-midi, il visite, avec Yannick Neuder, le site d’Euroapi. 

Nathalie Delattre déjeune avec Pierre Moscovici.

Marine Le Pen poursuit son déplacement à Mayotte.

Ouverture du procès de Nicolas Sarkozy et de douze autres prévenus dans l’affaire dite du financement libyen. L’ancien président est jugé pour “corruption passive, financement illégal de campagne électorale, association de malfaiteurs et recel de détournement de fonds publics libyens”. Le procès a lieu au tribunal correctionnel de Paris jusqu’au 10 avril.

MATINALES

7h15. France 2 : Aurélie Catallo, directrice Agriculture France.

7h20. RFI : Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali, au Congo Brazzaville et au Sénégal.

7h40. TF1 : Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire … France 2 : Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics … RTL : Gérald Darmanin, ministre de la Justice. 

8h10. Europe 1/CNEWS : Sébastien Chenu, vice-président du RN et député. 

8h20. France Inter : Eric Lombard, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. 

8h30. Franceinfo : Valérie Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France … BFMTV/RMC : Jean-François Bohnert, procureur de la République financier au Parquet national financier (PNF) … Sud Radio : Juliette Méadel, ministre déléguée chargée de la Ville … LCI : Sophie Primas, porte-parole du gouvernement.

CARNET

OUPS. Pas encore tout à fait remise de ses fêtes, votre infolettre s’est trompée d’année vendredi dernier au moment de vous rappeler la prise en main triomphante de l’UMP par Nicolas Sarkozy — en 2004, donc, et non 2024. Pour mémoire, Sarko a lâché puis repris les rênes du parti en 2014 et en a modifié le nom pour Les Républicains. Une dénomination qui devrait à nouveau changer cette année. 

AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Macron, IA, Medef : le “on” et le “off” de la conférence des ambassadeurs … Business France : malgré le retrait d’un favori, le deal n’est pas encore clos … Notre carte des vœux 2025 pour inaugurer votre nouvel agenda. C’est à 7h30 pour nos abonnés L’Observatoire de l’Europe Pro.

MÉTÉO. De la pluie sur la tête des ambassadeurs réunis à Paris. Des températures au-dessus des normales de saison toutefois avec un bon 11° annoncé. 

ANNIVERSAIRES : Michel Vialay, ancien député des Yvelines … Eric Piolle, maire Les Écologistes de Grenoble … Thomas Ménagé, député RN du Loiret. 

PLAYLIST. Starburster de Fontaines D.C.

Un grand merci à : Paul de Villepin, nos éditrices Zoé Courtois et  Pauline de Saint Remy, Loïc Pradier pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne. 

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