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Par SARAH PAILLOU
Avec ELISA BERTHOLOMEY et ANTHONY LATTIER
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VOUS DEVEZ VOUS CALMER. Il y a ceux qui croiront que l’arrivée en France, dimanche, du Pape François, pourrait provoquer dès aujourd’hui un miracle de (presque) Noël. D’autres espéreront qu’une puissance non moins spirituelle intervienne : Taylor Swift, dont nous célébrons, comme par hasard, les 35 ans en ce vendredi 13 décembre 2024. Quelle que soit votre religion, vous vous réveillez à nouveau sans Premier ministre français. Bonjour à toutes et à tous.
NOUVEAU PREMIER MINISTRE
À LA FIN DU TEMPS RÉGLEMENTAIRE. L’Elysée a donc tué hier soir les doux rêves de votre servante, qui espérait connaître rapidement le nom du néo-locataire de Matignon pour ensuite filer remuer sa robe à paillettes sous les projecteurs de la soirée de Noël de L’Observatoire de l’Europe (un événement interne, pas de panique si vous n’avez pas eu votre carton d’invitation). Las, le Palais a annoncé vers 19h30 qu’Emmanuel Macron ne dévoilerait sa décision que ce matin — vous êtes libre d’y croire.
La suite. Le président, envoyant au passage valser son délai de 48 heures par lui-même fixé mardi, entendait dans la soirée « (conclure) ses consultations », nous a pianoté via messagerie cryptée l’un de ses conseillers. « Il va se passer beaucoup de choses cette nuit », nous promettait un autre.
La chance de Roland. On ya pourtant tellement cru, quand le PR a amputé d’une étape son séjour en Pologne, hier. Mais au fil de la journée, une nouvelle hypothèse a vu sa côte monter en flèche, perturbant les paris sur une nomination de François Bayrou (depuis mercredi soir, le président du MoDem a des airs de favori). De premiers SMS hésitants, puis des conseillers nous affirmant savoir d’où venait la rumeur, enfin une levée de boucliers : Roland Lescure est ainsi entré dans la course.
Souffleurs. Alexis Kohler (dont l’ex-ministre de l’Industrie est proche) serait l’un de ses ardents défenseurs. Tandis que, at-on ouï dire, le conseiller mémoire d’Emmanuel Macron, Bruno Roger-Petit, se chargeait dans la journée de glisser l’hypothèse aux oreilles à même de se muer en bouches bavardes. Le premier ministre, influent secrétaire général de l’Elysée, « essaie de jouer une carte au dernier moment », s’amusait cette nuit un pilier de l’ex-majorité, pensant ainsi déceler la préférence de « AK » pour un macroniste de la première heure comme Roland Lescure, ou le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, plutôt que pour le rusé Palois.
L’endroit, le moment. Mercredi, Roland Lescure a passé une tête au Palais présidentiel, pour assister à la cérémonie de décoration de l’entrepreneur Serge Godin. La Légion d’honneur a été remise par Emmanuel Macron se, mais Playbook n’a pas pu vérifier si le PR avait échangé avec le pressenti.
Entremetteur. Dans la matinée, l’entourage du vice-président du Palais-Bourbon dépeignait un homme capable de parler à tous au sein de l’Assemblée nationale. Le Franco-Canadien milite depuis plusieurs mois en faveur d’une coalition des « républicains des deux bords » (en clair, des LR à la gauche non mélenchoniste) dans la presse comme, plus discrètement, auprès de députés écologistes, socialistes, communistes. Après le vote de la motion de censure, il avait à nouveau échangé avec plusieurs parlementaires de ce camp (les chefs socialistes Boris Vallaud et Olivier Faure, les écologistes Yannick Jadot et Mélanie Vogel).
Mais à droite, et surtout du côté de Bruno Retailleau, on grimaçait très fort à l’évocation de cette hypothèse. L’un des proches du ministre démissionnaire de l’Intérieur nous rappelait ainsi les propositions, fin octobre, de Roland Lescure : ce dernier avait jugé, dans Le Figaro, que le locataire de Beauvau faisait « des poutous à Marine Le Pen ». Depuis, les deux hommes « se parlent en franchise », nous indiquait-on nuitamment.
Ça se renifle. Au-delà de ces amabilités, ils n’ont pas tout à fait la même ligne en matière migratoire. « Soutien » de la régularisation des travailleurs sans papiers dans les « secteurs en tension », Roland Lescure a régulièrement estimé que l’industrie française avait besoin de main-d’œuvre étrangère. «On verra comment il compte laisser la droite appliquer sa politique sur les sujets du ministère de l’Intérieur», nous pianotait dans l’après-midi, méfiant mais pas définitif, le proche de Bruno Retailleau a dit.
«C’est mort», croyait savoir quelques heures plus tard notre pilier macroniste mentionné plus haut. « Effet Catherine Vautrin », nous avions textoté dès l’heure du thé un collaborateur élyséen, pointant ainsi le risque d’enterrement rapide de l’hypothèse Lescure.
Souvenez-vous : presque-presque-presque propulsée à Matignon en mai 2022, la désormais ministre démissionnaire du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation en avait été écartée à la dernière minute. La faute à la mobilisation de l’aile gauche de la Macronie, vent debout contre la nomination de cet ex des Républicains, qui s’était opposée à l’ouverture du mariage aux personnes homosexuelles.
Eux non plus ne voulaient pas entendre parler d’une installation de Roland Lescure rue de Varenne. Les députés Rassemblement national, visiblement coordonnés, ont multiplié les messages virulents sur X (ici, là, ou encore ici) à son rencontre. Des éléments qui font dire que Bayrou tient toujours la corde.
Celle qu’on n’attendait pas : Marisol Touraine. Le nom de l’ancien ministre de François Hollande est apparu sur l’écran de plusieurs téléphones de la rédaction de L’Observatoire de l’Europe, alors dans le doute…
AUSSI DANS L’ACTU
SVP. Toujours démissionnaire, le gouvernement n’en continue pas moins de défendre le projet de loi spéciale qui permettra à l’État de continuer de percevoir les impôts l’an prochain sur la base du budget de 2024 (nous vous en parlions ici). Le texte a été adopté hier par la commission des Finances et sera examiné en séance publique lundi.
Mise à l’index ? Entre-temps, la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, aura à se prononcer ce week-end sur la recevabilité des amendements qui ne manqueront pas d’être déposés sur le point le plus sensible du débat : l’indexation sur l’inflation des seuils du barème de l’impôt sur le revenu (ce qui permettrait d’éviter des hausses de taxes à des millions de Français). Les députés du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national veulent intégrer cette mesure au projet de loi mais le Conseil d’Etat a considéré, dans un avis rendu mardi, que ça n’était juridiquement pas possible.
EN COUP DE VENT. Il aurait voulu le recevoir à Notre-Dame de Paris, lors de la cérémonie de réouverture le week-end dernier ; ce sera finalement à l’aéroport d’Ajaccio qu’Emmanuel Macron échangera avec le Pape François dimanche. Les deux chefs d’Etat auront une quarantaine de minutes pour parler de l’Ukraine, de la situation au Moyen-Orient, du dérèglement climatique ou des enjeux liés à la biodiversité. Ensuite ? Le souverain pontife quittera l’Ile de Beauté où il aura passé la journée.
Programme papal. François se rend pour la première fois en Corse pour assister à un colloque consacré à « la religiosité populaire en Méditerranée ». Une visite à forts enjeux diplomatiques conclue par un bain de foule dans les rues d’Ajaccio et la tenue d’une messe au théâtre de verdure du Casone l’après-midi.
Friture. Cette visite du pape — sa troisième en France après Strasbourg en 2014 et Marseille en 2023 — se déroule sur fond de frictions avec le sommet de l’Etat. Emmanuel Macron, peu apprécié que le souverain pontife privilégie la Corse au détriment de la cathédrale parisienne, racontait Le Monde en novembre.
LOUIS SARKOZY
TEL PÈRE, TEL FILS ? Vous l’avez peut-être un aperçu sur LCI où il officie depuis le mois d’avril, commentant l’actualité américaine avec une assurance déconcertante (et quitte à faire grimer des dents). Louis Sarkozy, 27 ans tout mouillé et fraîchement débarqué des Etats-Unis où il a passé une bonne partie de sa vie, à tout de son père, Nicolas, jusqu’aux mouvements d’épaule. A commencer par l’ambition.
Ses projets. Après avoir investi le champ intellectuel et médiatique, le « fils de », entend bien se faire un prénom en politique. Pour preuve : il se cherche une piste d’atterrissage électorale — il sera ce samedi l’invité d’honneur d’une réunion publique des Jeunes Républicains à Paris. Il s’est mis dans la roue du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dont il aime tout bout de champ la « religion de l’action » et du résultat. Ma collègue Pauline de Saint Rémy vous dit tout sur ce qu’il mijote dans cet article (en accès libre).
AUSSI À L’AGENDA
François Durovray s’entretient avec Luc Chatel, président de la Plateforme automobile à 15h30.
Yaël Braun-Pivet est en déplacement au Maroc.
Marine Le Pen visite les marchés de Noël de Courcelles-lès-Lens, Hénin-Beaumont et Carvin.
Gabriel Attal se rend au marché de Noël de Colmar à 18 heures, accompagné de Brigitte Klinkert.
Samedi : Fin de la conférence nationale du PCF… Assemblée représentative de LFI… Louis Sarkozy est l’invité de la soirée de Noël des Jeunes LR.
Dimanche : Emmanuel Macron est en déplacement à Ajaccio, à l’occasion de la salle du Pape François, avec qui il s’entretient à 17h30. Marine Le Pen et Jordan Bardella ont une réunion à Etrépagny à 15 heures.
MATINALE
7h15. France 2 : Bruno Cautrès, politologue.
7h20. RFI : Philippe Vigier, député Démocrate d’Eure-et-Loir.
7h30. Public Sénat : Xavier Iacovelli, sénateur RDPI des Hauts-de-Seine.
7h40. TF1 : Aurélien Rousseau, député Socialiste des Yvelines … France 2 : Sébastien Chenu, député RN du Nord … RTL : Boris Vallaud, président du groupe Socialiste à l’Assemblée nationale … RMC : Michel Biero, vice-président de Lidl.
7h45. Franceinfo : Alexandre Ouizille, sénateur SER de l’Oise … Radio J : Fabrice d’Almeida, historien.
8h00. Public Sénat : Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis.
8h10. Europe 1/CNEWS : Manon Aubry, eurodéputée LFI.
8h15. France 2 : Stéphane Aubert, commissaire-priseur … Radio Classique : Pascal Perrineau, politologue … RMC : Israël Nisand, professeur émérite de gynécologie.
8h20. France Inter : Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT et Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.
8h30. BFMTV/RMC : Chloé Morin, politologue, experte à la Fondation Jean-Jaurès et Franz-Olivier Giesbert, éditorialiste au Point … Sud Radio : Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen … LCI : Philippe Ballard, député RN de l’Oise .
CARNET
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Au Royaume-Uni, les écoles françaises accusent le coup d’une taxe à 20%… Les « influenceurs » des finances publiques mis en attendre … Pas si vite : pourquoi l’Italie peut très bien lâcher la France sur le Mercosur.
MÉTÉO. Des éclaircies à Paris, bon week-end !
ANNIVERSAIRES : Sibeth Ndiaye, ancienne porte-parole du gouvernement … Vincent Descoeur, député DR du Cantal … André Villiers, ancien député Horizons de l’Yonne … Rama Yade, ancienne secrétaire d’État … Catherine Tasca, ancienne ministre … Marie-Pierre Vedrenne , eurodéputée MoDem… Corentin Le Fur, député DR des Côtes-d’Armor.
Samedi : Michel Canévet, sénateur UC du Finistère … Guylène Pantel, sénatrice RDSE de la Lozère … Marc Guillaume, préfet de la région Ile-de-France.
Dimanche : Christian Klinger, sénateur LR du Haut-Rhin … Marie-France Lorho, députée RN du Vaucluse … Davy Rimane, député RDA de Guyane … Aude Le Gentil, reporter énergie-climat chez L’Observatoire de l’Europe.
LISTE DE LECTURE. Bouclons la boucle de cette infolettre, avec Vous devez vous calmerde Taylor Swift.
Un grand merci à : nos éditrices Matthieu Verrier et Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Dean Southwell pour la mise en ligne.
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