Rescuers work at the scene of a building damaged by a Russian rocket attack in Kharkiv.

Jean Delaunay

Guerre en Ukraine : la Russie frappe Kiev et Kharkiv, les États-Unis manquent de fonds pour soutenir l’effort de guerre et de munitions de l’OTAN

Les derniers développements de la guerre en Ukraine.

Les frappes russes font des dizaines de blessés

Des missiles russes ont visé mardi matin les deux plus grandes villes d’Ukraine, endommageant des immeubles d’habitation et tuant au moins six personnes.

Le barrage russe comprenait plus de 40 missiles balistiques, de croisière, anti-aériens et guidés, ont indiqué des responsables.

Elle a blessé au moins 20 personnes dans quatre quartiers de Kiev, la capitale, dont un garçon de 13 ans, selon le maire Vitalii Klitschko.

À Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, l’attaque a blessé 42 personnes, les missiles ayant endommagé une trentaine d’immeubles résidentiels et brisé près d’un millier de fenêtres d’appartements par temps glacial, a déclaré le gouverneur régional Oleh Syniehubov.

La ligne de front ukrainienne, longue de 1 500 kilomètres, a à peine bougé depuis plusieurs mois. L’incapacité des deux camps à donner un coup de grâce sur le champ de bataille a poussé les combats vers une guerre de tranchées et d’artillerie.

Des sapeurs chargent une ogive de missile non explosée sur un camion sur le site de l'attaque russe à Kiev.
Des sapeurs chargent une ogive de missile non explosée sur un camion sur le site de l’attaque russe à Kiev.

Les analystes affirment que les forces du Kremlin ont stocké des missiles à la fin de l’année dernière pour alimenter une campagne hivernale de bombardements aériens.

Les attaques contre Kiev et Kharkiv ont eu lieu deux jours après que des responsables installés par Moscou dans l’est de l’Ukraine ont affirmé que les bombardements ukrainiens avaient tué 27 personnes à la périphérie de Donetsk, occupée par la Russie. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, l’a qualifié d’« acte terroriste monstrueux ».

L’armée ukrainienne a toutefois nié toute implication dans cette attaque.

Le Pentagone manque de fonds pour soutenir l’Ukraine

Pour la première fois depuis que les États-Unis ont créé le groupe international de soutien à l’Ukraine en avril 2022, Washington accueillera le rassemblement mensuel d’une cinquantaine de pays sans qu’aucun argent ne soit alloué pour financer l’effort de guerre ukrainien.

Cela signifie qu’elle ne sera pas en mesure d’envoyer les munitions et les missiles dont Kiev a besoin pour repousser la Russie.

En attendant que le Congrès adopte un budget et approuve potentiellement davantage de fonds pour la lutte contre l’Ukraine, les États-Unis se tourneront vers leurs alliés pour continuer à combler le fossé.

Le Pentagone a annoncé sa dernière aide à la sécurité de l’Ukraine le 27 décembre, un programme de 250 millions de dollars (230 millions d’euros) comprenant des obus de 155 mm, des missiles anti-aériens Stinger et d’autres articles très demandés tirés des stocks américains existants.

Les aviateurs du 436e Escadron aérien du port utilisent un chariot élévateur pour déplacer des obus de 155 mm à destination de l'Ukraine à la base aérienne de Douvres, dans le Delaware.
Les aviateurs du 436e Escadron aérien du port utilisent un chariot élévateur pour déplacer des obus de 155 mm à destination de l’Ukraine à la base aérienne de Douvres, dans le Delaware.

Les États-Unis n’ont pas été en mesure de fournir des munitions supplémentaires depuis lors, car les fonds nécessaires à la reconstitution de ces stocks sont épuisés et le Congrès n’a pas encore approuvé des fonds supplémentaires.

Plus de 110 milliards de dollars (101 milliards d’euros) d’aide à l’Ukraine et à Israël sont bloqués en raison de désaccords entre le Congrès et la Maison Blanche sur d’autres priorités, notamment une sécurité accrue à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Pendant ce temps, la Russie n’a montré aucune volonté de mettre fin au conflit en Ukraine. Lundi, le ministre des Affaires étrangères du Kremlin, Sergueï Lavrov, a déclaré lors d’une réunion à l’ONU que les plans de paix présentés par l’Ukraine et ses « maîtres » occidentaux ne sont « utilisés que comme couverture pour continuer la guerre et continuer à obtenir de l’argent des contribuables occidentaux ».

L’OTAN signe un contrat clé pour les munitions

L’OTAN a signé mardi un contrat de 1,2 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) pour fabriquer des dizaines de milliers d’obus d’artillerie afin de reconstituer les stocks en baisse de ses pays membres alors qu’ils fournissent des munitions à l’Ukraine pour l’aider à vaincre l’invasion russe.

Le contrat permettra l’achat de 220 000 cartouches de munitions de 155 mm, l’obus d’artillerie le plus recherché, selon l’agence de soutien et d’approvisionnement de l’OTAN.

Cela permettra à terme aux alliés de reconstituer leurs arsenaux et de fournir davantage de munitions à l’Ukraine.

« C’est important pour défendre notre propre territoire, pour constituer nos propres stocks, mais aussi pour continuer à soutenir l’Ukraine », a déclaré le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, aux journalistes.

« Nous ne pouvons pas permettre au président Poutine de gagner en Ukraine », a-t-il ajouté. « Ce serait une tragédie pour les Ukrainiens et un danger pour nous tous. »

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg.
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

L’été dernier, l’Ukraine tirait entre 4 000 et 7 000 obus d’artillerie par jour, tandis que la Russie tirait quotidiennement plus de 20 000 obus sur le territoire de son voisin, selon les estimations de l’Union européenne.

L’industrie de l’armement russe dépasse de loin celle de l’Ukraine et Kiev a besoin d’une aide pour égaler la puissance de feu de Moscou.

Mais les obus n’arriveront pas rapidement : la livraison des commandes prend entre 24 et 36 mois, a indiqué l’agence de l’OTAN.

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