Gilliatt de Staerck - Pass'Politique

Jean Delaunay

Gilliatt de Staerck – Entretien

À la rencontre de… Gilliatt de Staerck

Responsable national des JRCF, les Jeunes pour la Renaissance Communiste en France

Est ce que vous pouvez vous présenter ?

Je m’appelle Gilliatt, je suis responsable national des JRCF, les Jeunes pour la Renaissance Communiste en France, mouvement de jeunesse du PRCF (Pôle de Renaissance Communiste en France). J’ai 25 ans et je suis chauffeur de car en Ille-et-Vilaine ; je suis également syndiqué CGT dans mon entreprise.

Quel est votre parcours ?

A 18 ans, je suis devenu animateur en centre de loisir après avoir passé mon BAFA. J’ai travaillé trois ans dans différents centres ainsi que des écoles dans les Côtes-d’Armor.
Ayant besoin d’un emploi plus stable, je me suis tourné vers les transports qui m’intéressaient depuis un moment, et j’ai pu passer une formation de chauffeur transport en commun. Après avoir obtenu cette formation, j’ai été engagé en tant que chauffeur de car, là où je travaille toujours actuellement depuis maintenant trois ans.

A quel âge et pourquoi vous-êtes vous engagé en politique ?

Depuis mes dix-sept ans, je m’intéresse énormément à la politique. L’anarchisme fut une porte d’entrée à ma “politisation”, mais je n’ai jamais adhéré à une organisation libertaire/anarchiste. Le temps passant, j’ai trouvé bien plus de réponses et de résultats dans le marxisme-léninisme et dans le patriotisme populaire, ce dernier étant fermement lié au premier, malgré ce que disent beaucoup de militants de “gauche”. J’ai découvert le PRCF en 2013 et après quelques mois d’hésitation, j’y ai finalement adhéré.
Le choix d’adhérer, qui n’est pas un choix évident, fut motivé par l’adhésion d’un ami à un combat qui lui tenait à coeur. A ce moment, j’ai compris qu’il était idiot de continuer à hésiter, que cela ne me faisait plus avancer et qu’il fallait désormais s’engager réellement pour continuer à me former afin de ne plus être un simple “spectateur”.

Pourquoi continuez-vous d’être engagé en politique ?

J’ai trouvé dans cet engagement le moyen d’agir réellement, c’est-à-dire d’organiser le combat que je partage avec mes camarades pour atteindre nos objectifs et notre but. Je continue à être engagé en politique car, outre que cela vous colle à la peau, il n’est d’autres moyens, voire de devoir, pour ceux qui sont “conscients politiquement”, en participant à l’organisation de la société, que de faire triompher leurs idées ! Idées qui ont un impact tant dans une entreprise que sur un territoire local, national ou mondial.

Cet engagement, je le tire d’un des plus importants livres de la théorie marxiste, et malgré tout écrit pour être accessible au plus grand nombre : Le manifeste du Parti Communiste, qui appelle les éléments les plus conscients de la classe ouvrière et du peuple à se regrouper au sein d’une organisation, d’un parti communiste, défendant leurs intérêts de classes exploitées.
Ainsi, “militer” dans son coin n’a plus aucun sens puisque cela n’a peu, voire aucun, d’impact positif sur le succès et la victoire de nos idées.

Pourquoi ce choix de direction ? Qu’est ce qui vous anime ?

C’est la justice qui m’anime, c’est-à-dire l’ordre rationnel pour les peuples et les humains. L’injustice, elle, n’est pas dans l’ordre normal des choses : elle résulte de dysfonctionnements et d’inégalités de traitement dans nos sociétés. Ces inégalités et les injustices qui en découlent sont intrinsèques au capitalisme-impérialisme qui prévaut de manière hégémonique sur une grande partie de la planète et qui est, comme disait Lénine, «réactionnaire sur toute la ligne». Il faut se rendre compte aujourd’hui du caractère destructeur, même exterminateur du capitalisme-impérialisme :

Dans notre pays, les conquêtes sociales de la classe ouvrière, des syndicats et des travailleurs, leur permettant, ainsi qu’au peuple tout entier, de vivre plus que dignement, sont mises à sac par Macron et le gouvernement Philippe aux ordres des directives de l’UE pour augmenter les profits des monopoles capitalistes européens : c’est la destruction de l’hôpital public, de l’éducation nationale, de la sécurité sociale, des salaires, des retraites, du chômage, de la police républicaine…

Sur le plan sociétal, le juste combat pour l’égalité entre les sexes et pour l’égalité entre les individus est tenu idéologiquement par les classes aisées, qui le vident de toute substance et de toute réalité de classe, et est de plus en plus déconnecté des réalités du peuple, des travailleurs et des classes populaires.

Sur le plan culturel, l’heure est à l’abandon de la cuture nationale et des cultures populaires régionales, des villages, des monuments historiques, des territoires protégés, du patrimoine, de notre langue française soumise au tout-anglais du monde des affaires et de sa “start-up nation”, ainsi que des langues et spécificités linguistiques de nos régions. Tout cela est abandonné au profit d’une soi-disant «culture européenne», détruisant au passage toutes les cultures nationales et régionales du sous-continent européen, mais également au profit des «euro-régions» contre les départements et des métropoles dites «européennes» contre les communes.

Sur le plan écologique, il est clair que la logique économique capitaliste ne mène qu’à la destruction de notre environnement. La recherche du profit immédiat pousse les multinationales a piller les ressources forestières, l’eau douce et les terres sans prendre en compte les besoins des populations, des nations et de leur environnement. Marx écrivait déjà en 1844 que «La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillissent toute richesse : la terre et le travailleur.» Les terres de nos paysans meurent de la surexploitation et de décennies d’usage de produits chimiques : les rivières sont polluées, on respire mal dans nos grandes villes, nos forêts et l’ONF sont abandonnées par le gouvernement, on bétonne à tout va pour des zones commerciales dont personne ne veut plutôt que de relocaliser les productions et la distribution.
Je parlais d’extermination plus haut car en tuant notre environnement, c’est l’espèce humaine que l’on met en danger de mort. Le capitalisme ne nourrit que la décomposition dans nos sociétés, laissant le soin aux monopoles économiques capitalistes d’organiser – ou plutôt de désorganiser ! – nos vies et nos territoires tout en planifiant leurs profits futurs, alors que les peuples devraient eux-mêmes s’organiser démocratiquement pour planifier leur avenir et leurs actions et ainsi peser de manière juste le pour et le contre de chaque décision, en ayant pour seul intérêt d’assurer non pas le profit immédiat des multinationales, mais bien la vie la plus sereine et la plus digne à chaque citoyen. Sur le plan écologique d’ailleurs, mais pas seulement, Cuba socialiste reste un modèle de réussite : son système démocratique assure cette planification dont je parlais et permet ainsi au pays d’être aujourd’hui le seul à avoir atteint le stade de «développement durable» !

Enfin, sur le plan international, il est indéniable que le caractère impérialiste et conquérant du capitalisme pousse lui aussi aujourd’hui l’humanité à sa perte. L’impérialisme états-unien, et plus globalement l’OTAN, assure militairement l’hégémonie des puissances occidentales et de leurs monopoles capitalistes sur une partie de la planète. Créant le chaos en Libye, en Syrie, au Soudan et en Irak, cherchant à en finir avec la Corée du Nord et l’Iran et provoquant de manière insensée des puissances nucléaires comme la Russie et la République Populaire de Chine, l’agressivité de cet impérialisme nous mène tout droit à l’extermination par le feu nucléaire. Les puissances occidentales, Etats-Unis en tête, ne sont pas les seules à adopter ce caractère impérialiste, mais elles sont aujourd’hui les plus agressives et la première menace pour l’humanité. Les capitalistes français, tout en participant à des coalitions impérialistes, mènent pour leurs propres profits leurs politiques impérialistes, notamment dans une large partie de l’Afrique qu’ils considèrent comme leur pré carré, sombre héritage de l’empire colonial français.

Pour conclure et pour en revenir à la France, c’est le cadre national et républicain, hérité des jacobins, qui est ainsi attaqué de toute part par les monopoles capitalistes, pour qui l’UE, Schengen, l’euro et l’OTAN ont été conçus de A à Z et desquels il nous faut sortir au plus vite «par la gauche», car tout ceci n’a pour seul but que d’assurer la place de ces monopoles privés dans la course au profit mondial en détruisant tous les obstacles sur leur passage.
C’est pourquoi la défense du cadre national, républicain et laïque, intrinsèque également au combat réellement écologiste, l’alliance du drapeau rouge du combat ouvrier internationaliste au drapeau tricolore de la patrie populaire et révolutionnaire, et le combat pour un FREXIT progressiste, sont aujourd’hui mes priorités ainsi que celles de tous mes camarades des JRCF et du PRCF ; elles doivent être aussi celles de toutes celles et ceux qui souhaitent assurer dans un premier temps la survie de leur pays et lui ouvrir ensuite la voie de la construction du socialisme-communisme, qui n’est que l’aboutissement logique du combat contre le capitalisme-impérialisme et contre ses expressions telles que l’UE, l’euro et l’OTAN.

Cet engagement, cette direction je la prends parce que le monde qui est le mien, celui que je côtoie tous les jours dans ma petite ville de campagne, au travail, dans les bistrots etc., c’est celui qui subit de plein fouet ces décisions politiques destructrices depuis des décennies. Mes intérêts en tant que travailleur sont les leurs, et leurs intérêts sont les miens, voilà également ce qui m’anime.

Est ce que vous avez des activités à côté de votre engagement ?

Mon travail en tant que salarié et celui, parfaitement bénévole, pour notre organisation laisse peu de temps aux actitivités «d’à côté». Je fais tout de même un peu de musique et j’essai de lire régulièrement des ouvrages tant politiques qu’historiques et quelques romans. Je passe quelques weekends de l’été en festival métal… et bien entendu j’essai de ne pas perdre de vu mes amis et ma famille !

C’est quoi une “journée type” dans votre vie ?

Mon travail de chauffeur de car prend énormément de temps dans ma journée. L’organisation de notre travail est faite de telle façon que ces journées sont hachurées : je peux passer jusqu’à 13h sur mon lieu de travail, avec des pauses et coupures plus ou moins longue en plein milieu de la journée ou de la matinée.
Ma journée type peut se résumer ainsi : je suis au travail de 6h30 à 19h, et durant mes coupures et pauses je bosse pour le PRCF et les JRCF, ou bien je fais une sieste car vous imaginez bien qu’il m’est impossible de m’endormir pendant mon travail ! 

Que répondriez vous aux jeunes qui considèrent que “ça ne sert à rien de s’engager” ?

Il n’y a, à mon avis, aucune réponse magique à cette fausse affirmation. C’est un travail, parfois de longue haleine, que de conscientiser un jeune jusqu’au point de l’engagement. Pour ma part, il m’a fallu deux ou trois ans, pour d’autres c’est plus court, pour d’autre plus long : cela dépend d’où l’on vient.
Je crois que ce qu’il faut, c’est avant tout montrer et faire prendre conscience à ces jeunes, si possible par des exemples qui leurs parlent et, encore mieux, par la pratique, que le désengagement, voire l’individualisme et l’isolement, viennent justement de cette idée presque nihiliste que l’engagement est inutile. C’est un cercle vicieux qu’il faut briser.
Mais pour cela, il faut semer la petite graine dans les têtes et attendre qu’elle sorte de terre, si tant est que la terre en question soit fertile ! Ensuite, il faut l’entretenir et ce rôle revient à celui ou ceux qui ont semé cette graine, de la même manière que le jardinier entretient sa plante qui néanmoins pousse par ses propres forces et est nourrie par la terre, le soleil et l’eau.
L’engagement peut ensuite prendre plusieurs formes, et certains et certaines peuvent faire plus que d’autres. Mais il faut avant tout atteindre cet état de conscientisation qui permet de sortir de l’isolement et d’accepter que l’on n’est pas seul, mais que seul le travail collectif et organisé peut porter de véritables fruits ! C’est ce à quoi nous nous attelons également.

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