Le gaslighting est une technique de manipulation insidieuse où l’agresseur cherche à ébranler le jugement de sa victime, en mettant en doute ses souvenirs, ses émotions, voire sa santé mentale. Bien que cette forme de manipulation soit souvent subtile et difficile à identifier, certaines phrases répétées peuvent signaler une tentative de manipulation cognitive. L’objectif est de maintenir un pouvoir et un contrôle sur la victime tout en évitant de prendre la responsabilité de ses propres actions.
« Cela ne s’est jamais produit »
Une des phrases les plus courantes utilisées par un manipulateur est celle-ci. Après avoir agi de manière répréhensible, l’agresseur va nier les faits et contester ce que la victime croit avoir vécu. L’objectif ici est de semer le doute dans son esprit, en la convaincant qu’elle a mal interprété les événements ou qu’elle a tout simplement rêvé la situation.
« Tu es trop sensible »
Lorsqu’une victime tente d’exprimer sa douleur ou son mécontentement, le manipulateur utilise cette phrase pour minimiser ses émotions. En qualifiant la victime de « trop sensible », l’agresseur cherche à la faire se sentir ridicule, comme si sa réaction était exagérée ou injustifiée. Ce stratagème permet de dévaloriser les ressentis de la victime et d’amener celle-ci à remettre en question la légitimité de ses émotions.
« Tu es fou/folle — et d’autres personnes le pensent aussi »
Au fil du temps, un manipulateur peut s’efforcer de convaincre sa victime qu’elle perd la raison. Cette phrase va souvent de pair avec des tentatives d’isolement social, où l’agresseur informe la famille ou les amis de la victime, afin de propager l’idée qu’elle est mentalement instable. L’objectif est d’accroître le doute dans l’esprit de la victime, tout en la rendant plus vulnérable en la déconnectant des personnes qui pourraient l’aider.
« Tu as mauvaise mémoire »
Il est normal d’oublier des détails ou des événements, mais dans le cas du gaslighting, cette phrase est utilisée pour discréditer systématiquement la victime. L’agresseur insiste sur ses oublis, les agrandissant parfois, afin de la faire douter de ses propres capacités à se souvenir des faits, ce qui renforce l’emprise mentale du manipulateur.
« Je suis désolé que tu penses que je t’ai blessé »
Il peut sembler que l’agresseur présente des excuses, mais cette phrase est en réalité une tentative subtile de détourner la responsabilité de ses actions. L’agresseur fait semblant de s’excuser, mais il rejette en fait la faute sur la victime, lui insinuant que c’est elle qui a mal interprété la situation ou exagéré l’ampleur de l’offense. Cela place la victime dans une position de doute vis-à-vis de son propre jugement.
« Tu aurais dû savoir comment je réagirais »
Enfin, cette phrase permet à l’agresseur de rejeter la responsabilité de son comportement sur la victime, la culpabilisant pour une réaction qu’il estime « prévisible ». En insinuant que la victime aurait dû savoir à quoi s’attendre, l’agresseur cherche à se dédouaner de ses actions et à accuser la victime d’être responsable de ses propres comportements abusifs.
Comment se protéger du gaslighting ?
Face à un individu utilisant ces stratégies manipulatrices, il est essentiel de prendre des mesures pour se protéger. Selon Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne, la clé réside dans la non-réponse aux provocations. Elle conseille d’éviter de répondre aux tentatives de manipulation, surtout lorsqu’elles proviennent d’un conjoint. Si possible, il est crucial de minimiser les interactions et de chercher à sortir de la relation toxique. Ne jamais laisser entrevoir de faiblesse est également primordial, car cela peut être utilisé contre vous.
Dans un contexte professionnel, Rozenblum recommande également de garder une certaine distance émotionnelle. Il est important de ne pas partager d’informations personnelles avec des individus manipulatoires, car chaque détail pourrait un jour être utilisé contre vous. Conserver des traces écrites (messages, mails) peut s’avérer un outil précieux, car ces preuves documentent un comportement abusif et peuvent servir à montrer la réalité des faits si la situation dégénère.
