Exclusif : le frère du PDG de Telegram également recherché par les autorités françaises

Martin Goujon

Exclusif : le frère du patron de Telegram également recherché par la France

Cet article est également disponible en anglais.

PARIS — Les autorités françaises ont émis des mandats de recherche contre le PDG de Telegram, Pavel Durov, et son frère cofondateur, Nikolaï, dès le mois de mars, selon un document administratif français consulté en exclusivité par L’Observatoire de l’Europe.

Pavel Durov a été arrêté samedi soir par la police française à l’aéroport du Bourget, à Paris. Les autorités frontales avaient alerté les autorités judiciaires de son arrivée depuis l’Azerbaïdjan à bord de son jet privé.

L’arrestation retenue du fondateur de Telegram a eu lieu après que la messagerie a laissé « sans réponse » une demande d’identification d’un de ses utilisateurs dans une enquête de la police française sur des faits de pédopornographie, selon le contenu du document partagé avec L’Observatoire de l’Europe par une source proche du dossier.

Le document mentionne également la « coopération quasi inexistante de Telegram » avec les autorités françaises et européennes dans d’autres dossiers ainsi que « l’utilisation de la plateforme par de nombreux groupes criminels ».

Le 25 mars 2024, deux mandats de recherche ont été émis par la section du parquet de Paris en charge de la cybercriminalité à la rencontre de Pavel Durov, fondateur de la plateforme, et aussi de son frère, Nikolaï Durov, également cofondateur de l ‘application, en charge du développement technique de Telegram, selon ce même document.

Les mandats ont été émis notamment pour des faits de « complicité de détention, diffusion, offre ou mise à disposition en bande organisée d’image de mineur présentant un caractère pornographique ».

La procédure est fondée sur une enquête menée sous pseudonyme sur Telegram dans un dossier de pédopornographie, durant laquelle un utilisateur d’application se vantait d’obtenir de jeunes filles mineures des « contenus pédocriminels autoproduits » et d’ensuite menacer de les diffuser sur les réseaux sociaux. L’utilisateur se vantait également d’avoir violé un enfant.

A l’issue de l’enquête, une réquisition d’identification envoyée à Telegram pour identifier l’auteur du compte serait conservée sans réponse, selon le document.

Le document ne suggère pas une implication directe des frères Durov dans les faits de pédocriminalité.

Contacté, un avocat représentant Pavel Durov n’a pas souhaité commenter. Les frères Durov sont présumés innocents.

Outre les frères Durov, Ilya Perekopsky, vice-président de Telegram, est également mentionné dans le document, sans qu’il soit précisé s’il est également visé par un mandat.

Joint par L’Observatoire de l’Europe, le parquet n’a pas souhaité commenter les mandats de recherche contre les frères Durov, invoquant le secret de l’enquête. Le parquet précise cependant que « parmi les différentes infractions commises par le moyen de Telegram et ayant justifié l’ouverture d’une enquête globale par la section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris, figurent effectivement des infractions de pédopornographie (parmi d’ autres infractions) ».

La procédure préliminaire, close le 8 juillet, a laissé place à une information judiciaire décidée au tribunal judiciaire de Paris. Celle-ci porte sur douze infractions pertinentes de la criminalité organisée. Pavel Durov a été transféré à la justice mercredi à l’émission de sa garde à vue.

Ayant créé Telegram après avoir quitté la Russie il ya dix ans et résident à Dubaï, Pavel Durov bénéficie de la nationalité française et émiratie, d’après la page officielle de Telegram. Mais il jouirait également de la nationalité de l’Etat caribéen Saint-Christophe-et-Niévès et toujours de la nationalité russe, selon le même document interne.

Les diplomates des Emirats arabes unis comme ceux de la Russie se sont activés depuis son arrestation, demandant un accès consulaire à Pavel Durov. Joint par L’Observatoire de l’Europe, le parquet de Paris précise que « toute personne, de nationalité étrangère, placée en garde à vue a le droit de faire contacter les autorités consulaires de son pays. Dès lors que cette demande est formulée, il doit y être fait droit », sans préciser si M. Durov a formulé une telle demande.

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