Eurovues.  La lutte pour la loi sur l’IA est un exemple clair de défense du bien public

Jean Delaunay

Eurovues. La lutte pour la loi sur l’IA est un exemple clair de défense du bien public

Si aucun accord n’est trouvé cette semaine, cela représentera une grande opportunité manquée pour l’Europe et l’un des plus grands scandales impliquant l’influence des groupes d’intérêt dans les affaires intérieures de l’UE, écrit Michelangelo Baracchi Bonvicini.

En ces jours mouvementés de dernières négociations sur le EU AI Act, nous sommes choqués par les positions de la France, de l’Allemagne et de l’Italie qui, selon nos principaux experts et la majorité des voix de la communauté scientifique, ne reflètent pas l’intérêt général mais ils représentent plutôt des intérêts non européens.

Cela a été dénoncé clairement et courageusement il y a quelques jours par le commissaire Thierry Breton.

Un grand nombre d’instituts tels que AI4People et l’Alliance européenne des PME numériques, qui représentent 45 000 entreprises membres, ont déjà conseillé aux dirigeants européens de réglementer les modèles de fondations, niant ainsi le discours selon lequel la réglementation serait contraire à l’innovation.

Par ailleurs, le bien commun a été exceptionnellement défendu ces dernières semaines par le Parlement européen.

« L’autorégulation » n’est qu’une non-régulation déguisée

Il y a quelques jours, le 2 décembre, la France et l’Europe marquaient le troisième anniversaire de la mort de Valéry Giscard d’Estaing.

Giscard d’Estaing, ou VGE, a eu le mérite de pousser à la création du premier Parlement européen en 1979. Son intuition était juste : un organe élu directement par les citoyens servirait efficacement leurs intérêts.

J’ai eu la chance de cofonder Atomium-EISMD avec VGE et de travailler avec lui pendant 14 ans.

En 2018, avec l’aide de Luciano Floridi, nous avons soutenu la création de l’AI4People Institute, dans le but de façonner le débat sur l’éthique de l’IA et d’inciter les institutions européennes à agir rapidement pour endiguer l’avenir des risques liés à l’IA.

Le président français Emmanuel Macron salue l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing au Conseil constitutionnel à Paris, octobre 2018
Le président français Emmanuel Macron salue l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing au Conseil constitutionnel à Paris, octobre 2018

La même année, nous avons publié le « Cadre éthique d’AI4People pour une bonne société de l’IA », qui a été adopté par la Commission européenne et a conduit au chantier de la loi sur l’IA.

Nous voyons deux problèmes dans la situation actuelle : le premier concerne une régulation véritablement efficace contre une proposition ridicule d’« autorégulation » qui signifie non-régulation des modèles de fondations.

La seconde est une question qui va au-delà de la loi sur l’IA : nous sommes confrontés à une attaque effrontée contre notre démocratie.

Les lobbies ne peuvent et ne doivent pas influencer de cette manière le processus démocratique qui envisage un travail législatif long et de haute qualité comme celui de la loi sur l’IA.

Agir en hommes d’État et non en politiciens moyens

Nous, en tant qu’AI4People Institute, défendons entièrement la proposition présentée par le Parlement européen et en particulier la partie concernant la régulation des modèles de fondation, qui nous paraît déterminante à la fois pour défendre l’intérêt général et pour garantir une innovation transparente et régulée.

Si aucun accord n’est trouvé cette semaine, cela représentera une grande opportunité manquée pour l’Europe et l’un des plus grands scandales impliquant l’influence de groupes d’intérêt – principalement étrangers – dans les affaires intérieures de l’UE.

Nous invitons à nouveau Emmanuel Macron, Giorgia Meloni et Olaf Scholz à agir en hommes d’État et non en hommes politiques ordinaires : bref, à servir l’intérêt général de leurs citoyens mais aussi de tous les Européens.

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