Tesla and SpaceX CEO Elon Musk at the Atreju political festival, organised by Giorgia Meloni

Jean Delaunay

Elon Musk et Giorgia Meloni : que pourrait signifier une alliance entre ces personnalités qui divisent l’UE ?

L’Italie a été le premier pays à investir dans l’internet par satellite et dans l’espace pour les entreprises d’Elon Musk. Sera-t-elle en retour soutenue par la ligne de l’UE sur les réseaux sociaux et les questions chères à la droite ? Le prix remis lundi par le magnat de la haute technologie à Meloni soulève plusieurs questions.

En marge de ses engagements à l’Assemblée générale des Nations Unies lundi soir, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a reçu un Global Citizenship Award décerné par le propriétaire de X et magnat de la technologie Elon Musk.

Le prix est décerné par l’Atlantic Council, un groupe de réflexion qui œuvre pour la coopération entre les États-Unis et l’Europe depuis 1961. Pour de nombreux observateurs, il semble s’agir d’un choix étrange de récipiendaire à cette occasion, compte tenu du mandat relativement court de Meloni et de ses réalisations jusqu’à présent.

Parmi ceux qui l’ont reçu ces dernières années, on trouve par exemple le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Pourtant, selon les médias locaux, c’est Meloni elle-même qui a demandé à Elon Musk de le lui remettre.

La remise du prix a semblé à certains comme une consolidation de la relation entre Meloni et le milliardaire sud-africain, mais quelle est l’importance de l’approfondissement des liens entre les deux hommes ?

Une possible alliance entre Musk et l’Italie

Elon Musk utilise de plus en plus X, anciennement Twitter, pour exprimer son soutien à l’ancien président américain Donald Trump lors de la prochaine élection présidentielle de novembre. Et certains signes laissent penser que l’Italie est la prochaine cible de son attention.

Pour l’instant, ses motivations semblent être avant tout économiques.

Dimanche, l’entrepreneur a republié sur X un post dans lequel il est présenté avec Andrea Stroppa, un jeune informaticien crédité comme son agent en Italie par le journal La Repubblica.

Le message, écrit par le journaliste américain SE Robinson Jr qui suit les affaires des entreprises de Musk, faisait référence à « l’article 25 » qui « est sur le point d’ouvrir la voie à Starlink comme système de secours en Italie ».

L’article 25 est un nouveau cadre qui régule l’accès à l’espace pour les agences publiques et les entreprises privées qui opèrent en Italie, et qui a été approuvé par le gouvernement Meloni en juin. Il s’applique également aux entreprises opérant en Italie depuis des territoires étrangers, comme SpaceX d’Elon Musk.

Mais cette clause, en particulier, oblige l’Italie à se doter d’une « réserve de capacité de transmission par communications par satellite » pour garantir le fonctionnement des services stratégiques, militaires et civils en cas de black-out des réseaux Internet terrestres, ce que le réseau de satellites Starlink de Musk a déjà réalisé pour l’Ukraine après l’invasion russe.

En ce sens, Starlink tente de devancer la concurrence des entreprises européennes avec l’approbation de Rome, qui, selon Bloomberg, vise des investissements dans le secteur spatial d’environ 7 milliards d’euros à partir de 2026.

L’offensive politique d’Elon Musk en Italie, de Salvini à Meloni

Au-delà de la destination possible des investissements du gouvernement italien, il semble cependant y avoir également une harmonie entre Musk et le gouvernement de Rome sur la politique internationale.

La vision du monde « souverainiste » de Trump a été publiquement partagée par Musk et trouve un solide appui en Europe, à commencer par la Hongrie d’Orbán et les forces d’extrême droite montantes dans plusieurs pays de l’UE.

L’Italie est l’un des rares pays à avoir déjà réalisé cette transition, d’abord politiquement puis au gouvernement avec le parti Fratelli d’Italia (Frères d’Italie) de Melloni, allié idéal d’une nouvelle Maison Blanche républicaine en 2025.

En attendant de voir s’il acceptera l’invitation de la Ligue au rassemblement de Pontida le 6 octobre, il convient de noter que le magnat de la technologie est depuis longtemps infattué par l’aile droite italienne.

La semaine dernière, Musk a commenté le message vidéo de Meloni contre l’immigration illégale, en republiant un clip du Premier ministre avec les mots « Bravo !

Le 14 septembre, il avait publié sur X un message louant la réaction de Matteo Salvini à la demande de condamnation du procureur de Palerme dans le procès Open Arms.

Le flirt s’était déjà quelque peu cimenté en décembre 2023, lorsque Musk était l’invité d’Atreju, le festival politique organisé chaque année par Fratelli d’Italia, au milieu des suggestions selon lesquelles il ouvrirait des connexions Internet par satellite Starlink et des usines Tesla en Italie.

Sur scène à Rome, Musk a exhorté la foule à « faire plus d’Italiens », faisant référence à la crise démographique qui voit le taux de natalité en Italie parmi les plus bas d’Europe et montrant ainsi son soutien à une cause célèbre de la droite italienne.

Que pourrait signifier cette relation pour l’UE ?

La répression menée par l’Union européenne avec le Digital Service Act (DSA) contre les contenus radicaux et les fausses nouvelles publiés par les plateformes sociales, comme le montrent les cas de Telegram et de X lui-même, pourrait être une raison de l’intérêt de Musk pour l’Italie.

Après avoir critiqué X comme un porte-voix de l’extrême droite et avoir défendu le bureau de son propriétaire en invoquant la liberté d’expression, une Europe plus à droite avec l’Italie pesant sur la Commission (bien qu’avec le groupe des Conservateurs et Réformistes européens de Meloni du nouveau commissaire Fitto dans l’opposition au Parlement) pourrait aider à adoucir la ligne de Bruxelles sur les plateformes sociales et les sanctions associées.

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