Une décennie après l’attentat meurtrier qui a secoué la France, le pays a pris une pause pour rendre hommage aux victimes, tout en luttant contre l’évolution des défis de la liberté d’expression et du terrorisme.
Une décennie après que des hommes armés ont pris d’assaut les locaux du journal satirique Charlie Hebdo lors d’un assaut meurtrier, la nation a fait une pause mardi pour honorer les victimes et renouveler sa détermination à lutter pour la liberté et la démocratie.
L’attaque a profondément ébranlé la France et déclenché un tollé mondial en faveur de la liberté d’expression.
Le président Emmanuel Macron et la maire de Paris Anne Hidalgo ont rendu des hommages solennels sur les lieux de l’attaque, où 12 personnes, dont certains des caricaturistes les plus appréciés de France, ont été tuées le 7 janvier 2015. Parmi les personnes se souvenant figurait Ahmed Merabet, un policier qui a été abattu dans la rue alors qu’il défendait le journal.
Lors d’une cérémonie poignante, Macron s’est tenu avec son épouse, Brigitte, aux côtés de l’ancien président François Hollande, qui avait dirigé la France au lendemain des attentats.
Macron s’est joint aux policiers pour déposer des gerbes de fleurs contre le mur de l’ancien siège de Charlie Hebdo dans le 11e arrondissement et l’assemblée a observé une minute de silence. Une trompette solitaire retentit, résonnant dans un quartier marqué par l’effusion de sang de ce jour-là, puis par le massacre du Bataclan en novembre de la même année.
Les attentats ont plongé la France dans une année de terreur sans précédent, commençant avec l’attaque de Charlie Hebdo et culminant avec les attentats coordonnés de novembre, dont la tragédie du Bataclan. La nation a été endeuillée, mais les rassemblements publics sont devenus des actes de résilience, défiant la peur et résistant fermement à la violence.
Le massacre de Charlie Hebdo, perpétré par deux frères se réclamant d’Al-Qaïda, a marqué l’aube d’un nouveau chapitre sombre pour la France. Une vague de violence extrémiste a contraint le pays à réexaminer ses mesures de sécurité.
Dans les jours qui ont suivi l’attaque, la chancelière allemande Angela Merkel a marché bras dessus bras dessous avec Hollande et d’autres dirigeants mondiaux dans les rues de Paris – une puissante démonstration d’unité dans la défense de la liberté d’expression qui s’est répercutée bien au-delà des frontières françaises.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, s’adressant mardi aux médias locaux, a reconnu le chemin parcouru par la France, tout en mettant en garde contre les dangers persistants. « La France s’est considérablement réarmée, mais la menace est toujours là », a-t-il déclaré, soulignant à la fois les dangers extérieurs et la montée de la radicalisation interne.
«La nature de la menace a changé», a ajouté Retailleau. « C’est désormais essentiellement endogène : des jeunes individus radicalisés via les réseaux sociaux. Rien que l’année dernière, nos services ont déjoué neuf attaques, soit le nombre le plus élevé depuis 2017. »
L’impact des attaques a continué de s’étendre au-delà de la France elle-même. Le chancelier allemand Olaf Scholz a partagé un message de solidarité sur les réseaux sociaux en écrivant : « #JeSuisCharlie s’est répandu dans le monde entier après l’attentat barbare contre Charlie Hebdo il y a 10 ans. Aujourd’hui comme hier, nous partageons le chagrin de nos amis français. L’attaque visait nos valeurs communes de liberté et de démocratie – nous n’accepterons jamais cela.»
L’attaque contre Charlie Hebdo, menée en représailles aux caricatures irrévérencieuses du prophète Mahomet par le journal, a déclenché de violents débats mondiaux sur les limites de la liberté d’expression. Dans les jours qui ont suivi, des millions de personnes ont défilé en solidarité, brandissant des stylos et des pancartes déclarant « Je Suis Charlie ».
Mais dix ans plus tard, l’unité de ce moment a cédé la place à des divisions plus profondes. Charlie Hebdo a déclaré que ses recherches montrent que si une majorité de Français croit toujours au droit fondamental à la caricature, les jeunes générations critiquent de plus en plus la satire qu’elles considèrent comme source de division ou insensible, en particulier envers les communautés marginalisées.
« Sommes-nous tous toujours Charlie? » » a demandé une émission spéciale à la télévision. Pour certains, la réponse est un oui catégorique – un hommage à ceux qui ont payé le prix ultime pour la liberté d’expression. Pour d’autres, disent les médias français, c’est une question plus compliquée.
Le journal ne s’en excuse pas. Son édition du 10e anniversaire présente un dessin de couverture représentant un lecteur perché sur un AK-47, sous-titré « Indestructible ». Dans un éditorial, le directeur du magazine, Laurent Sourisseau, défendait le pouvoir de la satire. « Si vous voulez rire, cela signifie que vous voulez vivre », écrit-il.