French Member of the European Parliament François-Xavier Bellamy

Jean Delaunay

Deux eurodéputés français en conflit juridique après une nomination au poste de commissaire aux droits de l’homme

François-Xavier Bellamy et Rima Hassan portent plainte l’un contre l’autre.

Une guerre des mots entre les députés européens français François-Xavier Bellamy et Rima Hassan – déclenchée par un vote visant à empêcher Hassan de devenir la troisième vice-présidente de la sous-commission des droits de l’homme (DROI) du Parlement européen – a dégénéré en une bataille juridique.

Bellamy, qui est issue du parti de centre-droit Les Républicains (LR), a été le fer de lance des efforts visant à bloquer l’élection de Hassan plus tôt cette semaine, affirmant que ses commentaires antérieurs décrivant l’attaque du Hamas du 7 octobre contre Israël comme légitime « la disqualifient de parler des droits de l’homme ».

Hassan, avocate et femme politique franco-palestinienne membre du parti de gauche La France insoumise (LFI), a toujours nié ces allégations. Elle affirme que ses commentaires au quotidien français Le Crayon en novembre 2023, dans lesquels elle aurait déclaré que le Hamas menait des actions légitimes, ont été sortis de leur contexte dans le cadre d’une chasse aux sorcières politique.

Sa candidature pour devenir troisième vice-présidente du sous-comité des droits de l’homme a été bloquée mardi à Bruxelles, lorsque les membres du comité ont accédé à l’appel de Bellamy de retarder la nomination jusqu’au 5 septembre.

Hassan a réagi par un communiqué sur la plateforme sociale X : « Pour le moment, François-Xavier Bellamy et ses petits amis, proches du régime génocidaire israélien, dorment tranquillement. Cela ne durera pas. »

Bellamy a annoncé jeudi qu’il poursuivait Hassan en justice pour ce message, qui, selon lui, le « cible directement » d’une manière qui « ne peut être interprétée que comme une menace physique directe ».

« Une telle menace, contre tout citoyen ou représentant élu, ne peut être tolérée dans une société démocratique », a-t-il ajouté.

La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, est « consciente » et « examine » les propos tenus par Hassan, a confirmé un porte-parole du Parlement à L’Observatoire de l’Europe.

Hassan a réagi par un communiqué de presse publié par ses avocats qui condamne la plainte de Bellamy comme étant un « stratagème politique ». Le communiqué précise que deux plaintes seront déposées contre le politicien de centre-droit pour diffamation publique et calomnie.

Les messages de soutien affluent de la part de la gauche française, renforcée par sa victoire surprise aux élections législatives anticipées de juin.

La députée européenne Leïla Chaibi (La Gauche, France) a déclaré que Mme Hassan était « harcelée, diffamée, menacée depuis des mois » et que les efforts visant à l’exclure l’empêchaient de porter le combat pour la paix et les droits du peuple palestinien au Parlement européen.

Le groupe de gauche au Parlement européen a également fait de Hassan l’un de ses coordinateurs au sein de la sous-commission des droits de l’homme, un rôle qui a peu d’influence politique mais qui constitue un signal de défiance contre les efforts visant à bloquer sa candidature au poste de vice-présidente.

Le groupe est le septième plus grand du parlement, mais devait obtenir la troisième vice-présidence de la sous-commission DROI avant que les forces centristes et de droite ne votent pour la bloquer.

Le parti de Bellamy, Les Républicains, qui siège au sein de la plus grande faction de l’hémicycle, le PPE, est malmené et profondément divisé après l’échec de ses efforts pour évincer son chef Eric Ciotti, qui avait appelé à une alliance avec le Rassemblement national d’extrême droite à l’approche des élections législatives de juin. Le parti a perdu 13 sièges à l’Assemblée nationale.

Ce conflit aggrave encore les tensions entre les factions politiques rivales en France. Le pays est plongé dans une paralysie politique après le scrutin de juin, au cours duquel aucun parti n’a obtenu la majorité. L’alliance de gauche a désigné Lucie Castets comme son choix pour le poste de Premier ministre, mais le président Macron a déclaré qu’il retarderait la formation d’un nouveau gouvernement jusqu’après les Jeux olympiques de Paris.

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