Attal conduit la métro

Martin Goujon

Des Verts et des pas mûrs

Le briefing politique essentiel du matin.

POLITICO Playbook Paris

Par ELISA BERTHOLOMEY

Avec SARAH PAILLOU et ANTHONY LATTIER

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UN ABSENT TRÈS (TRÈS) PRÉSENT. Des confidences hier dans Le Figaro et ce matin au Parisien sur son intention de ne “s’exprimer”, désormais, que lorsque cela est “utile” ; quelques infos, chez les mêmes confrères, sur la façon dont il s’attèle à “construire un chemin” vers 2027 pour Renaissance, qu’il dirige (on retiendra, au hasard, qu’il a fait biffer la mention “parti d’Emmanuel Macron” des comptes de la formation sur les réseaux sociaux) ; un documentaire à sa gl… flatteur, pardon, hier soir, sur sa conquête du pouvoir, sur la chaîne bolloréenne C8…

On l’voit, on l’voit plus : s’il a décidé de se tenir officiellement à distance des plateaux de télévision et du débat public, façon Edouard Philippe (qui s’en expliquait hier soir encore sur France 5) ou Laurent Wauquiez en son temps, Gabriel Attal n’a “pas renoncé à renverser la table”, dans ses mots, et encore moins, au cas où vous en doutiez, à faire monter le désir. Avec une cure de silence, donc, toute relative.

En attendant, Renaissance lancera ses états généraux en janvier, tandis que celui qui est toujours, rappelons-le, président du groupe EPR à l’Assemblée, reprendra les déplacements dans le pays avant un possible meeting fin mars. Non, vous ne rêvez, pas, nous ne sommes qu’en 2025. Le jeudi 9 janvier. Bonjour et bon réveil !

CONCERTATIONS À BERCY

ÇA TURBINE TOUJOURS. Et rebelote : jusqu’à tard hier soir, — votre serviteure était à ça d’être couchée —, les chapeaux à plume socialistes, écologistes et communistes ont de nouveau échangé avec les deux ministres Eric Lombard et Amélie de Montchalin, au ministère de l’Economie et des Finances, dans l’objectif de trouver des points d’accord pour éviter une censure du gouvernement Bayrou lors de l’examen du budget 2025.

Et tous les espoirs sont toujours permis, pour l’exécutif : ainsi l’un des participants se félicitait-il auprès de votre infolettre à la sortie qu’un “vrai travail de fond” ait été effectué et ce “dans une ambiance constructive”. Comme lors des précédents entretiens, les représentants de la gauche sont repartis avec le sentiment que “les ministres ont paru ouverts à la discussion”, nous a confié un cadre socialiste, tout en reconnaissant qu’un grand nombre de sujets — parmi lesquels les retraites — vont “nécessiter un arbitrage PM” (Premier ministre). Pas de quoi les décourager : “On essaye d’arracher et négocier tout ce qu’on peut”, crânait le même.

Concrètement, un grand nombre de sujets ont été passés en revue, comme le logement, les collectivités, la transition écologique, la situation de l’hôpital public ou les suppressions de postes dans l’éducation nationale, nous a rapporté le même cadre. Sans oublier, donc, la sacro-sainte réforme des retraites. L’éventualité de sa suspension serait “un sujet toujours en discussion”, indiquait l’un des convives à votre infolettre à l’issue de la réunion, sans nous livrer plus de détails — invité de TF1 à 7h40 ce matin, le patron du PS Olivier Faure s’en chargera peut-être.

Pour mémoire, la gauche pose comme préalable à une non-censure du gouvernement l’abrogation de la réforme de 2023, ou a minima sa suspension. Un message martelé par les socialistes lundi, répété par les Communistes et les Ecologistes, reçus en entretien bilatéral hier un peu plus tôt dans la journée, et qui ne devrait pas manquer d’animer la réunion entre le duo de ministres et les représentants de LR ce matin.

Le coup de pouce d’un ami. Sa prise de parole aidera-t-elle le gouvernement à assumer des changements de position sur le budget ? Invité de C à vous hier, Edouard Philippe s’est dit prêt à accepter un “effort” budgétaire “un peu moindre” s’il permet de conserver la “stabilité politique” et éviter ainsi la censure de l’équipe Bayrou. C’est loupé, en revanche, pour la mother of reforms, l’ancien Premier ministre qualifiant la suspension de la réforme de “mauvaise idée”.

On se le note : jusqu’ici sur une position plus ferme vis-à-vis de l’exécutif que celle de leurs camarades socialistes, les Ecolos ont fait le choix de rester pour le deuxième rendez-vous. “Qu’on ait une discussion collective à trois avec le gouvernement est un fait politique majeur”, n’ont d’ailleurs pas manqué de se féliciter leurs camarades socialistes, ravis de constater que “les Ecologistes mettent le pied dans la porte”.

Le point Grumpf. A 23 heures pétantes, alors que la réunion suivait son cours, Jean-Luc Mélenchon s’est fendu d’un message incendiaire sur X. “Aucun accord de non-censure du PS et de EELV ne nous concernera jamais”, a-t-il rageusement pianoté avant de vilipender “la petite gauche traditionnelle (…) ridicule de servilité”. Pas de quoi déclencher une insomnie à l’Insoumis en chef : “Nous dormirons tranquilles”, assurait-il. Vraiment ?

MAIS MAIS MAIS. L’attelage tripartite PS-PCF-EELV était tout de même regardé avec un brin de méfiance du côté de Bercy, un conseiller allant même jusqu’à suspecter les Verts de n’être qu’en “mode surveillance du PS”, ceci afin de “ralentir le process et mettre un coup de pression à leurs amis socialistes”. Il faut dire qu’une bonne partie du groupe écologiste estime que la censure du gouvernement est inéluctable — ils doivent d’ailleurs discuter de leur position sur la motion de censure que LFI déposera après la déclaration de politique générale de François Bayrou lors de leurs journées parlementaires prévues aujourd’hui et demain.

MORT DE JEAN-MARIE LE PEN

COMMENT LUI DIRE ADIEU. La position à adopter vis-à-vis du décès de Jean-Marie Le Pen continue d’être un casse-tête pour notre petit monde politico-médiatique. Chacun cherche le bon ton, et doit parfois s’en justifier — François Bayrou a par exemple assumé, hier dans Libération, l’emploi du mot “polémiques” pour évoquer le fondateur du Front national (devenu Rassemblement national), multirécidiviste.

Emmanuel Macron, lui, a tranché : en sus du communiqué de presse sobrissime de l’Elysée, le président de la République s’est fendu d’un message via Telegram à Marine Le Pen pour lui transmettre ses condoléances, a appris Playbook dans l’après-midi.

Si vous vous posiez la question : Yaël Braun-Pivet n’aura pas à se triturer les méninges pour trouver les mots pour saluer la mémoire du fondateur du Front national, bien qu’il ait été membre de l’Assemblée qu’elle préside. “Ce n’est pas l’usage”, nous a textoté hier l’un de ses proches, précisant que les hommages du Palais-Bourbon étaient réservés aux anciens présidents de la République ou députés en exercice.

LE CHOC DE LA PHOTO. La rédaction de Paris Match, elle, s’est pris les pieds dans le tapis. L’hebdomadaire a publié et iXé hier après-midi une photo de Marine Le Pen venant d’apprendre la mort de son père, mardi, dans l’avion qui la ramenait de Mayotte. La fille du “Menhir” y apparaissait très affectée. Quelques minutes après la multiplication de réactions outrées, et une demande du RN de supprimer le cliché, le journal a obtempéré et retitré son article.

Nota bene : les obsèques de Jean-Marie Le Pen auront lieu “dans la plus stricte intimité familiale”, insistait hier un conseiller de Marine Le Pen, samedi, à La Trinité-sur-Mer, où il est né (pesant déjà… 6 kilos, selon la légende). Un hommage lui sera rendu via une cérémonie religieuse à l’église Notre-Dame du Val-de-Grâce à Paris, le 16 janvier à 11 heures.

ÉNERGIE-CLIMAT

SPÉCIALITÉ BARRAGES. Elle compte parmi les parlementaires qui maîtrisent le mieux le casse-tête des barrages hydroélectriques. Inconnue du grand public, Marie-Noëlle Battistel, députée iséroise, se bat depuis 15 ans pour que ces ouvrages restent dans le patrimoine hexagonal.

Bras de fer. Après s’être déjà rendue à Bruxelles en novembre dernier, la “deus ex machina” du sujet, comme la surnomme un acteur du dossier, compte bien rencontrer les nouveaux commissaires européens d’ici mi-janvier. Son objectif ? Éviter que les opérateurs historiques (EDF, Engie) soient soumis au “dogme” de la concurrence européenne. Une position qui, il faut le souligner, fait consensus à l’échelle nationale.

Pas le feu au lac. Oui mais voilà, Bruxelles ne ressent pas l’urgence de régler le dossier. Une position préoccupante selon Battistel pour qui la situation est “dramatique” et empêche le développement, pourtant souhaitable, des installations du réseau. Mon collègue Arthur Nazaret s’est penché sur son parcours, qui convoque Delphine Batho, Jean-Louis Borloo et une grosse BMW. C’est à lire ici (gratuit et en français).

DIPLO FOCUS

MACRON AUPRÈS DE KEIR. Le président français s’envole cet après-midi pour un dîner de travail avec le Premier ministre britannique Keir Starmer. Une visite qui sera nécessairement lue comme un message de soutien, alors qu’Elon Musk multiplie les attaques contre le dirigeant britannique à coup de posts sur X. Emmanuel Macron a déjà (légèrement) taclé le milliardaire américain, devenu un très proche allié de Donald Trump, cette semaine, l’accusant de soutenir une “internationale réactionnaire”.

Mais ce n’est pas tout : Keir Starmer accueillera Emmanuel Macron dans l’intimité du Chequers, la résidence de campagne du Premier ministre, pour des discussions qui porteront sur l’Ukraine, la tech, l’intelligence artificielle et l’immigration, m’indique ma collègue Clea Caulcutt.

J-11. Les leaders des deux pays auront l’occasion d’accorder leurs violons dans la dernière ligne droite avant la cérémonie d’investiture de Donald Trump le 20 janvier. Et il y a de quoi se mettre sous la dent. Dernière crise en date : Trump a menacé d’envahir le Groenland.

Sur l’Ukraine. La discussion s’annonce ardue. Emmanuel Macron a, lors de son discours aux ambassadeurs lundi, incité les Ukrainiens “à mener des discussions réalistes sur les questions territoriales”, sous-entendant pour la première fois que Kiev aura à faire des concessions dans une négociation avec la Russie. Les garanties de sécurité pour l’Ukraine, avec notamment le possible déploiement de troupes de maintien de la paix dans le cas d’un cessez-le-feu, seront également au cœur des échanges avec son homologue britannique.

TOUS POUR UN. Il en faudra peut-être plus pour faire frémir Donald Trump, mais les Européens préparent une visite qui se veut une démonstration d’unité à Washington. Les cabinets des ministres des Affaires étrangères de France, d’Allemagne et de Pologne planchent sur une visite conjointe outre-Atlantique, selon trois diplomates européens joints par mes collègues Nicholas Vinocur, Clea Caulcutt et Hans von der Burchard.

Dans les cartons. La visite d’Annalena Baerbock, Jean-Noel Barrot et Radoslaw Sikorski est dans les toutes premières étapes de préparation. La date n’a pas encore été fixée.

AUSSI À L’AGENDA

Emmanuel Macron se rend à Londres pour un entretien bilatéral avec Keir Starmer à 19 heures. 

François Bayrou poursuit ses rencontres avec les forces syndicales. A 9 heures c’est François Hommeril, président de la CFE-CGC qui se rend à Matignon et à 10 heures Frédéric Souillot, secrétaire général de Force Ouvrière. A 18h30 c’est au tour de Michel Picon, président de l’Union des Entreprises de Proximité. 

Elisabeth Borne participe à une rencontre multilatérale “Mayotte” avec les organisations syndicales à l’Hôtel de Rochechouart à 16 heures. Catherine Vautrin échange avec le groupe GDS sur le PLFSS à 9h30 à l’Assemblée. 

Eric Lombard, accompagné d’Amélie de Montchalin et Patrick Mignola, reçoit Laurent Wauquiez et Mathieu Darnaud à 8h15. Eric Coquerel prend la suite à 15h45. A 18 heures, c’est Stéphane Lenormand qui se rend à Bercy. 

Rachida Dati inaugure la rotonde de la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon à 9h45. Agnès Pannier-Runacher est attendue à la Criée de Boulogne-sur-Mer à 4h20 ce matin pour un déplacement consacré à la Pêche et à l’action de l’Etat en mer. Marie Barsacq rencontre Michel Barnier à 8h30. Elle visite ensuite le site de l’INSEP dans le 12e arrondissement. Elle s’entretient ensuite avec Florian Grill à 14 heures, David Lappartient à 15h15 et Philippe Diallo à 18 heures.

Aurore Bergé poursuit son déplacement à Hautmont sur le thème des violences faites aux femmes. Charlotte Parmentier-Lecocq est en déplacement dans le Nord, Véronique Louwagie dans la Manche, Françoise Gatel en Isère. Nathalie Delattre participe à une réunion avec les acteurs du tourisme à la suite du passage du cyclone Chido à Mayotte. L’après-midi, elle se déplace en Gironde. Juliette Méadel se déplace à Vaulx-en-Velin et visite ensuite le futur pôle économique de Croix Luizet à Villeurbanne.

Yaël Braun-Pivet se rend à Mayotte pour trois jours, accompagnée d’Estelle Youssouffa.

MATINALES

7h20. RFI :  Lassana Bathily, héros de l’Hyper Casher.

7h30. Public Sénat : Nathalie Goulet, sénatrie de l’Orne. 

7h40. TF1 : Olivier Faure, premier secrétaire du PS et député de Seine-et-Marne … France 2 : Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT … RTL : Manuel Valls, ministre des Outre-mer … RMC : Thierry Breton, ancien commissaire européen. 

7h45. Radio J : Philippe Brun, député PS de l’Eure.

8h00. Public Sénat : Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche.

8h10. Europe 1/CNEWS : Robert Ménard, maire de Béziers. 

8h15. Radio Classique : François Zimeray, avocat de Boualem Sansal … RMC : Christophe Barbier, éditorialiste politique.

8h30. BFMTV/RMC : Patrick Martin, président du MEDEF … Sud Radio : Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger … LCI : Julien Odoul, porte-parole du RN et député de l’Yonne. 

CARNET

OUPS. Votre infolettre remercie le vigilant lecteur qui l’a alertée sur une erreur de calendrier dans le numéro d’hier. L’évènement organisé à Paris par Sandrine Rousseau et le collectif “Radicalement Vôtre !” se tiendra les 18 et 19 janvier, et non pas le 13.  

AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Les clubs de jeux cherchent le bon guichet au gouvernement pour obtenir des sous … Déontologie : Cécile Untermaier prête au come-back à l’Assemblée … Saint-Martin et Haddad en pèlerinage à Bruxelles et à Rome pour évangéliser contre le Mercosur. C’est à 7h30 pour nos abonnés L’Observatoire de l’Europe Pro.

MÉTÉO. A Paris, la pluie continue sur sa lancée. Quelques flocons devraient tomber à Lille ou à Amiens. Grand soleil à Nice. Logique. 

ANNIVERSAIRES : Michel Barnier, ancien Premier ministre, négociateur du Brexit pour l’UE, commissaire européen et ministre .. Delphine Bagarry et Claire Bouchet, anciennes députées. 

PLAYLIST. Des roses et des orties de Francis Cabrel.

Un grand merci à : Clea Caulcutt, mon éditrice Pauline de Saint Remy, Loïc Pradier pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne. 

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